Lors de mes conférences, je mentionne  que nous venons sur la terre, seulement, pour faire un album-souvenir et que notre vie est notre histoire. À la fin de notre vie, tout ce qui nous reste ce sont nos souvenirs. Vous, M. Béliveau, non seulement votre album- souvenir est bien rempli de souvenirs merveilleux, mais vous avez surtout participé à embellir l’album-souvenir de milliers  de personnes de tous les milieux et de tous les âges. Vous avez compris que devenir un joueur de hockey c’est d’être un modèle pour les gens. Par votre prestance et votre élégance vous n’avez laissé personne indifférent. Vous étiez beaucoup plus qu’un joueur de hockey, vous avez compris toute l’importance de votre rôle et de votre influence dans notre société.

Avoir la chance de faire partie de la famille du Canadien de Montréal  est un privilège que très peu de gens ont et tout comme la famille Molson, vous aviez le même souci du respect des gens. Hier matin, comme tout le monde, j’ai appris votre décès. En entendant cette nouvelle, une vague d’émotions a traversé mon cœur d’adulte et  a retenti  dans mon cœur d’enfant. Monsieur Béliveau, vous étiez un grand leader, car, comme tous les grands, vous aviez la capacité de faire rejaillir en nous le meilleur de nous, de nous accueillir et de nous insuffler une dose de confiance et d’amour au-delà de toute attente.

Ma première rencontre avec vous s’est produite au Forum de Montréal  lorsque j’avais 8 ans. Déjà  je portais fièrement votre no 4 sur mon chandail de la ville de Sorel. Vous étiez mon idole! Sur la photo que je vous envoie vous me tenez les épaules alors que je porte un protecteur buccal. Effectivement, quelques jours auparavant, j’avais reçu un coup de patin au menton et cette coupure avait nécessité plusieurs points de suture. En voyant cela, vous vous êtes agenouillé devant moi pour regarder ma blessure et m’aviez dit : « Tu sais, tous les grands joueurs de hockey ont des cicatrices au visage.»  Tout en me disant cela, vous pointiez du doigt les vôtres. WOW! Les mots ne peuvent exprimer tout ce que j’ai pu ressentir. J’étais tellement content, que finalement, j’étais heureux d’avoir subi cette coupure au menton.

En évoquant ce souvenir de jeunesse, je ne peux m’empêcher de vous partager  ce que Saku Koivu m’a dit lorsque j’ai fait une entrevue avec lui. En lui rappelant qu’il avait été capitaine du CH aussi longtemps que vous, le Finlandais d’origine m’avait répondu que la comparaison s’arrêtait là, car pour lui, personne ne pouvait se comparer à vous, monsieur Béliveau. Il vous avait en très grande estime.

En 2009, lorsque j’ai écrit mon premier livre, Dans mes souliers, devenez vous-même pourquoi p.a.s.?,vous m’avez écrit une lettre à la main me disant que vous l’aviez beaucoup aimé et apprécié, et me suggérant  qu’il devait se retrouver sur la table de chevet du plus grand nombre de personnes possibles. Vous m’aviez même suggéré d’en écrire d’autres par la suite. Ce que j’ai fait. Vous m’avez remercié de l’avoir écrit et  vous m’avez donné un de vos chandails autographiés. Imaginez, mon idole de jeunesse, quelques 40 ans plus tard, qui m’écrit et me remercie! Je n’ai pu m’empêcher de pleurer devant autant de bonté et de gratitude de votre part.

À vos côtés, on oubliait que c’était vous la vedette. On se sentait bien et plus grand que nature. Comme tous les grands leaders vous aviez cette qualité d’élever  et  de valoriser  tous les gens qui croisaient votre route. Aujourd’hui, en plus de votre famille proche à qui je souhaite mes plus sincères condoléances et de la famille des Canadiens de Montréal que vous laissez dans le deuil, ce sont toutes les familles du Québec et du Canada qui pleurent votre départ. Et peu importe où vous êtes en ce moment, je suis certain que vous habitez le cœur de chacun d’entre nous. Monsieur Béliveau, vous demeurerez pour toujours dans notre cœur : Notre Capitaine! Merci monsieur Béliveau!