Il y a dix ans, Michaël Bournival, le capitaine des Cataractes de Shawinigan, soulevait la coupe Memorial au bout de ses bras. Une prometteuse carrière professionnelle l’attendait, et après une année seulement dans la Ligue américaine, il graduait déjà avec les Canadiens la saison suivante.

Malheureusement pour lui, quatre commotions cérébrales ont saboté ses ambitions et l’aventure chez les pros n’aura duré que six ans, le temps de disputer 113 parties dans la LNH avec Montréal et Tampa Bay, ce qui s’avère néanmoins tout un exploit. Forcé d’accrocher définitivement ses patins à 26 ans, Michael est retourné sur les bancs d’école où il a de nouveau atteint un niveau d’excellence incomparable. À tel point qu’il s’est vu octroyer la médaille d’argent académique de la Gouverneure générale du Canada pour sa note presque parfaite de 4,27 à la conclusion de son baccalauréat en kinésiologie, à l’UQTR.

« Jamais je n’aurais pensé obtenir cette médaille-là, avoue sans retenue le nouveau diplômé, au bout du fil. Juste finir mon bac, ça me rend très fier. Je me rappelle au début, après mes premiers cours, j’ai demandé de l’aide à ma blonde! Marianne est enseignante de français et je voulais qu’elle me suggère une méthode d’études. Ça faisait huit ans que je n’étais pas allé à l’école et c’était stressant. »

Finaliste au titre de joueur-étudiant à deux reprises lors de sa carrière dans la LHJMQ, Bournival avait ce plan B en tête depuis longtemps. « Quand on est junior, on nous répète souvent de préparer une alternative au hockey et que les carrières ne sont pas éternelles. J’ai toujours gardé ça en tête. Les quatre dernières années au hockey, je n’étais pas capable de me faire justice à cause des commotions. Chaque année, je pensais arrêter, mais je m’accrochais car ça représentait toute une vie de sacrifice, explique l’ancien choix de troisième ronde de l’Avalanche. Quand ma fille Juliette est née, j’ai décidé de privilégier ma santé pour être capable de jouer avec elle. »

Arrêter le hockey n’a quand même pas été une décision facile, mais c’était devenu inévitable. L’ancien joueur du Lightning ne cache pas qu’il n’a jamais guéri de sa seconde commotion. Il en aura fallu deux autres pour qu’il abandonne après avoir participé à seulement cinq parties avec le Crunch de Syracuse en 2018.

« C’était vraiment triste de voir un jeune comme Michael prendre sa retraite à cause des blessures, se souvient Julien Brisebois, le directeur général du Lightning de Tampa Bay. Il était excellent joueur pour notre organisation et il avait tout ce que ça prend pour occuper un poste régulier dans la Ligue nationale. Lors de notre rencontre de fin de saison, en discutant avec lui, c’était aisément perceptible que sa décision était mûrement réfléchie et qu’il n’allait pas avoir de regrets plus tard. »

Heureusement, les commotions cérébrales n’auront laissé aucune séquelle. Le parcours académique de Michaël en est la preuve!

À la fin de chaque année scolaire, pour la médaille de la Gouverneure générale, toutes les universités sont invitées à sélectionner un lauréat ou une lauréate parmi tous ceux qui complètent leur baccalauréat. À l’UQTR, on parle de plus trois milles finissants pour la cohorte actuelle. « Comme joueur de hockey, j’ai toujours été travaillant et intense. Je n’étais pas le plus talentueux et je sais que c’est mon éthique de travail qui m’a permis d’atteindre la LNH, alors j’ai abordé mes études de la même façon. Je suis retourné sur les bancs d’école plus vieux et plus mature et la transition s’est effectuée facilement, raconte Bournival. Le plus difficile, c’était de conjuguer vie familiale et études. Quand j’ai commencé l’université en 2019, j’avais mes cours dans le jour et un bébé de cinq mois à la maison. J’ai toujours fait passer ma famille en premier alors j’étudiais le soir quand ma fille était couchée. Les fins de sessions étaient assez pénibles. »

Loin de s’assoir sur ses lauriers, l’ancien capitaine des Cats vient d’amorcer une maîtrise au laboratoire hockey de l’UQTR et il se dit emballé de travailler avec la technologie Catapulte que Montréal, Tampa et Edmonton utilisent en ce moment dans la LNH. À court terme, il souhaite utiliser ses connaissances pour aider les jeunes hockeyeurs de la Mauricie à atteindre les plus hauts niveaux et il dirige aussi l’équipe du Séminaire St-Joseph. La Ligue nationale? Peut-être plus tard. Pour l’instant, le plus important demeure la famille… et elle va s’agrandir en août avec la venue d’un petit frère pour Juliette.