NASHVILLE - Les Predators n’avaient pas le choix. Pour éviter un éventuel balayage et conserver la moindre chance de soulever la coupe Stanley, ils devaient gagner.

Ils l’ont fait. Ils l’ont fait de brillante façon même.

Malgré un vilain but accordé par Pekka Rinne à la suite d’un retour généreux sur le tout premier tir des Penguins, les Predators ont tenu le coup. Ils ont travaillé avec le même acharnement affiché lors des deux premiers matchs. Avec cet acharnement qui leur a permis de balayer les Blackhawks de Chicago avant de battre les Blues de St.Louis et les Ducks d’Anaheim pour accéder à leur première finale de la coupe Stanley.

Contrairement aux deux premiers matchs, les « Preds » et leur as gardien n’ont pas connu de passage à vide comme ceux qui ont permis aux Penguins de prendre les devants 2-0 dans la série finale.

Au contraire, les Predators ont écoulé avec brio les trois avantages numériques offerts aux Penguins. Des Penguins qui n’affichent qu’un maigre but en 13 attaques massives jusqu’ici en finale. Un non-sens compte tenu de la puissance de leur attaque.

Mieux encore, les « Preds » ont marqué deux fois en trois avantages numériques au cours de leur séquence de cinq buts sans riposte qui a visiblement déstabilisé les Penguins et leur gardien Matt Murray.

Dans la victoire, Roman Josi a été rien de moins que sensationnel marquant un but et ajoutant deux passes.

« Roman est aussi constant qu’il est possible de l’être dans la LNH », a commenté l’entraîneur-chef Peter Laviolette qui a aussi balayé du revers de la main toute allusion au fait qu’il ait songé à remplacer Pekka Rinne pour cette troisième partie. « Toutes ces spéculations venaient de vous. Il n’a jamais été question de procéder à un changement. Il a d’ailleurs été solide comme le roc encore ce soir. »

Crosby et Malkin muselés

La « promesse » de P.K. Subban s’est donc réalisée.

ContentId(3.1234362):Coupe Stanley : P.K. Subban et les Predators tiennent promesse (LNH)
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Comme prévu, le défenseur a eu un rôle important à jouer dans la victoire passant près de 26 minutes sur la patinoire. Le plus haut total dans les deux camps.

Subban et ses coéquipiers ont aussi réalisé un grand coup en muselant Sidney Crosby et Evgeni Malkin. Non seulement les deux grandes étoiles des Penguins n’ont pas récolté le moindre point, mais ils n’ont pas obtenu le moindre tir au but au cours de la rencontre.

« C’est le genre de performance que nous devrons répéter pour maximiser nos chances de gagner. Nous avons disputé un match solide ce soir. Nous avons été solides durant les 60 minutes de la rencontre », a commenté Subban qui a été impliqué dans un échange aigre-doux avec Sidney Crosby en fin de rencontre.

« Je suis habitué à ce genre d’échanges, mais il m’a surpris en me lançant que j’avais mauvaise haleine. Je ne comprends pas, car j’avais utilisé du " Listerine" avant la rencontre », a ironisé Subban

Nashville vibre au rythme du hockey

Au-delà la promesse tenue de P.K. Subban, des performances solides des Josi, Ellis et Ekholm pour ne nommer qu’eux, des arrêts (27) importants de Pekka Rinne et du but victorieux marqué par Frédérick Gaudreau, la victoire des Predators est aussi la victoire de Nashville.

De Nashville la ville de hockey. Car oui, Nashville est vraiment devenue une ville de hockey. Une ville de hockey qui regorge de partisans qui n’ont rien à envier aux partisans du Canadien à Montréal, des Hawks à Chicago ou des Bruins à Boston.

Nashville et les fans des « Preds » ont atteint des niveaux encore jamais égalés de frénésie samedi. Rarement – je me retiens pour ne pas écrire jamais – avait-on assisté à un tel embrasement d’une ville derrière son club en finale de la coupe Stanley.

Vrai qu’il faisait beau et chaud. Vrai qu’on était samedi. Vrai aussi que Nashville est une ville enlevante qui vibre au rythme de la musique country et des touristes qui l’envahissent à longueur d’année.Partisans des Predators dans la rue

Mais hier, c’étaient les fans des Predators et non les fans de musique country qui ont pris le centre-ville d’assaut.

Ils étaient 20 000, 30 000, 50 000, je ne sais trop. Mais dans les rues autour du Bridgestone Arena il fallait se battre pour avancer de quelques pas. Et encore.

Malgré la cohue, on était loin d’un chaos.

Les gens riaient, dansaient, s’amusaient. Vêtus à 98 % des chandails aux couleurs de leurs favoris, les fans fêtaient. Oui, le grand Alan Jackson a fait grand plaisir à tout le monde en montant sur la grande scène installée en pleine rue Broadway, mais ce géant du country est monté sur scène dans le cadre des festivités entourant le match des Predators.

Un collègue habitué des grands rendez-vous sportifs aux USA, m’a lancé que la fête précédant le match des Predators n’avait rien à envier aux grandes fêtes qui précédent les grands rendez-vous de Football dans les plus grosses universités américaines. Il s’est même permis de comparer la journée d’hier à une veille de Super Bowl.

Ça vous donne une idée!

« On sentait l’effervescence monter au cours des derniers jours et on sentait ce qui se passait à l’extérieur aujourd’hui », a reconnu James Neal après la rencontre.

Si la ville au grand complet s’est donné rendez-vous pour célébrer la présence des Predators en finale de la coupe Stanley, les partisans qui ont assisté au match historique ont joué un rôle important dans la victoire de leurs favoris.

Je dirais même un rôle crucial.

Malgré le but hâtif de Jake Guentzel – son 13e but des séries le hisse encore un peu plus dans la course au trophée Conn Smythe – les partisans ont maintenu leur niveau d’enthousiasme.

Lors de la première pause publicitaire, les quelque 17 300 partisans se sont levés d’un trait et ont ovationné leurs favoris pendant les 90 secondes au cours desquelles des préposés grattent la patinoire.Les partisans des Predators

Pendant ces 90 secondes, l’intensité de l’ovation n’a jamais diminué. Au contraire, elle s’est accentuée. Comme si les fans avaient décidé de convaincre leurs favoris que l’avance des Penguins était non seulement facile à effacer, mais que ce premier but servirait de tremplin à plein d’autres…

Pendant une pénalité écopée par Ryan Ellis, les partisans ont ovationné une séquence au cours de laquelle Filip Forsberg a conservé la rondelle en patinant entre des Penguins qui avaient l’air figés sur la glace.

« Nos partisans sont extraordinaires et ils connaissent le hockey davantage qu’on le dit. Ils sont toujours derrière nous et je suis vraiment heureux qu’ils soient enfin reconnus à leur juste valeur », a indiqué P.K. Subban.

« Des fois, il ne se passe rien sur la patinoire et les partisans se mettent à célébrer dans les gradins et à donner le ton à la partie. Ils remplissent vraiment le rôle de 7e joueur que l’équipe leur demande de remplir. C’est vraiment le fun », a ajouté Frédérick Gaudreau qui savoure cette nouvelle expérience.

Auteur d’un deuxième but avec les Preds depuis qu’il a reçu le feu vert de Peter Laviolette, Gaudreau a aussi obtenu une échappée en troisième période. Il a raté le but de peu.

« On avait vraiment besoin de cette victoire », a reconnu le Québécois qui avait hâte de renouer avec les membres de sa famille venus à Nashville pour l’occasion.

« Mes parents étaient dans les gradins et mon frère était à l’extérieur. Il a suivi le match sur les écrans géants avec les partisans réunis autour du building. J’ai hâte d’avoir leurs impressions. Mais c’était vraiment sensationnel de sentir l’atmosphère dans la ville aujourd’hui. »

La victoire convaincante des Preds attisera la douce folie de leurs partisans et on peut s’attendre à un niveau plus élevé de frénésie lundi soir dans le cadre d’un match qui pourrait relancer complètement la série et raviver les espoirs de voir la coupe Stanley défiler dans les rues de Nashville.

Nashville ville de hockey? Si on en doutait beaucoup il y a 18 ans, on ne peut plus en douter aujourd’hui. De fait, on doit s’incliner devant une si belle réussite. Mieux encore, on doit en profiter…