TAMPA - Après avoir annoncé, voire promis, une finale de la coupe Stanley d’anthologie, j’étais un brin inquiet en me présentant au Amalie Arena en fin d’après-midi samedi. Je me disais que si les Hawks devaient prendre les devants 2-0, la finale relevée tant attendue tomberait à plat.

Je me suis même surpris à croire qu’une fois devant leurs partisans survoltés par une telle avance, les Hawks pourraient balayer la finale.

Quand Andrew Shaw a nivelé les chances 1-1 en début de deuxième période et que Teuvo Teravainen a semé l’émoi dans les gradins – ce n’est pas tout à fait vrai, car les quelques milliers de fans des Hawks venus de Chicago ont célébré à souhait – deux minutes 16 secondes plus tard, je me suis dit que mon scénario pessimiste était sur le point de se réaliser. Que le Ligthning ne se relèverait pas d’un affront semblable à celui de mercredi. Qu’il encaisserait un deuxième revers de suite. Que le reste de la finale serait une formalité.

Que non!

Contrairement à mercredi alors que le Lightning s’est écrasé pour protéger sa mince avance d’un but et qu’il n’a pas su se relever après les deux buts rapides des Hawks, les Bolts ont fait honneur à leur nom : ils ont été foudroyés par une décharge de fierté.

« Nous apprenons sur le tas ce qu’est une finale de la coupe Stanley. Ce que nous devons faire pour la gagner. On a encaissé un dur coup mercredi. Soixante-douze heures plus tard, on s’est retrouvé dans la même situation. Nos gars viennent de prouver qu’ils ont appris de cette leçon. Quand on a perdu notre avance et que nous sommes tombés en l’arrière 2-1, nos gars n’ont pas sombré dans la panique. Ils ont été fouettés par de la colère », a analysé l’entraîneur-chef Jon Cooper.

Cette colère a motivé le Lightning qui a su créer l’égalité 90 secondes plus tard. Quatre-vingt-douze pour être précis alors que Nikita Kucherov a habilement fait dévier un tir – un tir tellement hors cible que je crois qu’il s’agissait en fait d’une passe – de Jason Garrison.

On avait à nouveau un match. Et tout un.

Un cadeau de Crawford

Capable du meilleur comme du pire, Corey Crawford a ensuite eu la bien mauvaise idée de se montrer généreux à l’endroit du Lightning. Il a mal couvert son poteau droit permettant à Tyler Johnson de marquer un but chanceux – chanceux si vous prenez pour Tampa, mais un très mauvais but si vous êtes un fan de Chicago – et de redonner les devants au Lightning. Johnson n’avait pas marqué à ses cinq derniers matchs. Comme ses compagnons du trio des triplés, Johnson commençait même à être pointé du doigt en dépit du fait qu’il semble être miné par les contrecoups d’une blessure.

Ce cadeau de Crawford ne pouvait donc pas mieux tomber pour Johnson, son trio et le Lightning.

Après avoir échangé cinq buts en quarante minutes, les Hawks et le Lightning n’allaient pas s’arrêter en si bon chemin.

Brent Seabrook a ravivé les espoirs des Hawks avec un but controversé. Le défenseur des Hawks a décoché un tir parfait. Pas de doute là-dessus. Mais bien posté devant la cage pour saisir un éventuel retour, Marian Hossa a gêné le travail de Ben Bishop qui n’a pu déployer sa jambière gauche bloquée qu’elle était par un patin du vétéran des Hawks.

Les arbitres ont accordé le but. À la suite des doléances de Bishop, ils se sont réunis devant le banc des pénalités pour finalement maintenir leur décision qui semblait être la bonne initialement. Elle l’était peut-être après tout. Mais si un tel jeu se produit l’an prochain, on aura une décision finale et plus précise, car l’équipe victime d’un tel but controversée pourra exiger une révision pour s’assurer de sa validité.

Comme quoi on n’arrête pas le progrès. Même au hockey. Bon! Il ne vient pas aussi vite qu’on le voudrait, mais il s’en vient…

Le but de Seabrook a permis aux Hawks de niveler les chances une deuxième fois dans le match. Mais là encore, le Lightning n’a pas paniqué.

Il a même su profiter de la deuxième pénalité mineure consécutive écopée par Patrick Sharp pour prendre les devants une troisième fois. Et cette fois, il n’a pas perdu cette avance pour finalement remporter ce match sensationnel, cette partie remplie de rebondissements, et niveler les chances dans la série. Une série qui sera maintenant, j’en suis convaincu, aussi enlevante et relevée que celle que j’anticipais il y a une semaine à peine.

Vasilevskiy à la place de Bishop

Le Lightning n’a pas perdu sa troisième avance, mais il a peut-être perdu les services de son gardien Ben Bishop. Il n’a pas perdu un match qu’il ne pouvait d’ailleurs pas perdre pour maintenir ses chances de soulever la coupe Stanley.

Mais il a perdu les services de son gardien Ben Bishop. Peut-être sur le but de Seabrook – après l’impact avec le patin de Maria Hossa – peut-être sur un autre déplacement je ne sais pas et le Lightning a maintenu le mystère, Bishop s’est blessé. À un genou, à une cheville, je ne sais pas. Mais il peinait à marcher en retraitant au vestiaire la première fois… et la deuxième aussi.

Oui il y a eux deux fois. Bishop était au vestiaire pendant les 92 secondes d’attaque massive qui ont mené au but de Garrison.

Il est ensuite revenu au jeu, pour finalement retraiter pour de bon au vestiaire.

De retour dans l’action, son jeune adjoint, le Russe Andrei Vasilevskiy a réalisé cinq arrêts pour confirmer sa victoire.

Jon Cooper n’a rien voulu dire quant à la blessure qui a mené au jeu de chaise musicale de ses gardiens. On sait toutefois qu’il s’agissait bien d’une blessure et non d’un besoin pressant du gardien géant d’aller faire un tour, ou deux, à la toilette.

« Il va être correct », m’a simplement souligné un membre du Lightning croisé autour du vestiaire après le match.

On le saura bien assez vite, car après avoir attendu deux longues journées entre les matchs un et deux de la finale, la troisième rencontre est prévue dès lundi au United Center de Chicago.

En passant, même s’il n’avait effectué qu’une présence de 92 secondes, présence au cours de laquelle il n’a pas même eu à effectuer un arrêt, Andrei Vasilevskiy aurait été crédité de la victoire puisque le Lightning a pris les devants dans le match alors qu’il était sur la patinoire et que Bishop était au vestiaire.

Dans le camp des Hawks, l’entraîneur-chef Joel Quenneville a répondu sèchement à une question reliée à la performance de son gardien. « Il a été juste correct », que Quenneville a dit en parlant de Crawford. Le ton utilisé par le coach des Hawks n’aidait en rien à trouver du positif dans ces quelques mots.

Il faut dire qu’avec son cadeau accordé à Johnson et le fait qu’il ait accordé quatre buts sur 24 tirs, Corey Crawford n’a pas aidé sa cause. Il est toutefois nécessaire de souligner que le gardien de Châteauguay a effectué quelques arrêts solides au cours du match, dont l’un aux dépens de J.T. Brown en fin de période médiane. Il a aussi profité de la complicité de son poteau droit en première période.

Duel Paquette-Toews

Après avoir surpris Jonathan Toews et le monde du hockey en neutralisant mercredi le capitaine des Hawks dans le cadre d’un duel qui semblait bien inégal, le Québécois Cédric Paquette a récidivé samedi.

En fait, il a fait mieux que récidiver. Car non seulement a-t-il été en mesure de neutraliser Toews qui n’a récolté qu’une passe en deux matchs, mais Paquette a marqué le premier but de la rencontre. Un beau but qui a récompensé non seulement la qualité de son jeu en défensive, mais aussi l’échec-avant solide déployé par le Gaspésien et ses compagnons de trio.

« Coop (Jon Cooper) m’a donné ce défi pour un deuxième match de suite et je suis bien content de l’avoir relevé. Je suis surtout content d’avoir marqué. Ce matin (samedi) le coach a fait venir les gars des 3e et 4e trios dans son bureau et son message était clair : il nous a challengés pour qu’on trouve une façon de contribuer à l’attaque. On travaillait fort, mais on n’arrivait pas à marquer. J’étais très soulagé et heureux de marquer », a convenu le joueur de centre du troisième trio.

Avant le match d’hier, les joueurs utilisés au sein des 3e et 4e trios par Jon Cooper n’avaient conjointement marqué que quatre buts et récolté neuf points en 114 matchs combinés. À titre de comparaison, les joueurs des Hawks utilisés au sein de 3e et 4e trios affichaient une récolte de 36 points (14 buts) en 108 rencontres.

Questionné après la victoire sur le fait que Paquette gagnait haut la main sur duel devant Jonathan Toews, l’entraîneur-chef Jon Cooper a brandi la carte de la prudence. « Il n’y a rien de gagné encore et le hockey est un sport d’équipe. Mais c’est fantastique de voir Cédric aller sur la patinoire. On l’a rappelé pour les séries l’an dernier et la raison était simple : ce gars-là offre le meilleur de lui-même quand les matchs sont difficiles. Il fait partie de la catégorie de joueurs qui se sacrifient pour le bien de l’équipe. Qui sont prêts à tout pour aider leur club à gagner. J’étais ravi quand il a marqué. On a besoin de l’apport offensif de nos trios de soutien et on l’a obtenu ce soir avec le but de Cédric », analysait Jon Cooper.

Un premier match pour Drouin

Cécric Paquette n’est pas le seul Québécois qui s’est signalé dans la victoire de samedi. Jonathan Drouin, qui n’avait pas endossé l’uniforme depuis les matchs deux et trois de la série contre le Canadien en deuxième ronde, a été appelé en renfort.

Confiné au sein du quatrième trio en compagnie de Brian Boyle et Brenden Morrow, Drouin a connu un bon début de match. Il a obtenu un tir sur Crawford et en a décoché un autre dès sa première présence. On l’a vu bien contrôler la rondelle, effectuer de bonnes passes et s’offrir en cible à ses compagnons de trio.

Mais on l’a aussi vu perdre la rondelle deux fois aux mains des Hawks en plus de se rendre coupable d’un dégagement refusé. Des erreurs qui lui ont valu une série de remarques adressées par son entraîneur-chef Jon Cooper qui a pris le temps de se pencher sur son épaule pendant une pause publicitaire.

« Jonathan a connu un bon match. Il était prêt. Il volait sur la patinoire en début de rencontre. Il a joué un bon match, mais l’utilisation des unités spéciales a eu raison de son temps d’utilisation plus tard dans la partie », a indiqué le coach du Lightning.

Tout juste âgé de 20 ans, a passé un peu moins de huit minutes sur la patinoire. Il a obtenu deux tirs et a terminé sa soirée de travail avec un différentiel de moins-1.

Il sera intéressant de voir si Jon Cooper lui offrira une autre chance à Chicago, lundi ou mercredi, ou encore samedi prochain à Tampa où sera disputé le cinquième match.

Car oui il y aura un cinquième match. Et si la série est à l’image de la rencontre de samedi, il risque d’y en avoir un sixième et un septième peut-être. Ce qui nous permettrait de vraiment savourer une finale à la hauteur des attentes de la finale qu’on attendait. Qu’on souhaitait.