CHICAGO – Ce sera le sujet chaud à travers la LNH au cours des prochains jours. L’Association des joueurs devra déterminer si elle désire rouvrir la convention collective après la saison qui approche à grands pas. On a tâté le terrain avec plus d’une vingtaine de joueurs la semaine dernière à Chicago.
 
On vous racontait, mardi, que les joueurs de la LNH adoptent une approche nettement plus conservatrice et prudente dans leurs déclarations publiques via les médias ou les réseaux sociaux. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le dossier de la convention collective le prouve sans équivoque.
 
Cette philosophie se justifie davantage puisqu’il s’agit d’un enjeu économique qui se chiffre en milliards de dollars. Tout de même, ça devenait pratiquement drôle d’entendre chaque joueur qui se présentait à tour de rôle devant les journalistes clamer qu’ils « sont tous ensemble » dans ce dossier. Une liste de synonymes aurait permis de rendre la tactique de communication un tantinet plus subtile.
 
Au-delà de ce commentaire répétitif, on a tout de même pu récolter quelques déclarations intéressantes.
 
« Je crois que ça devrait être un processus agréable. Tout le monde semble plus intéressé et plus informé. Voilà ce dont on a besoin, de 700 joueurs qui sont informés », a jugé, avec pertinence, Jonathan Marchessault, qui ne s’est pas gêné pour exprimer son avis en séries.
 
« Du côté des joueurs, il n’y a pas grand-chose à dire présentement. Tout le monde serait d’accord pour dire que le hockey se porte bien. Quand tu ne peux pas prédire un gagnant en séries, c’est le meilleur signe », a ciblé Jonathan Toews sur le côté sportif de l’équation.
 
Les pierres d’achoppement se retrouvent plutôt vers le volet financier avec les sommes versées en fiducie (escrow) en premier lieu. Un scénario de plus en plus plausible serait celui que les joueurs décident d’entamer des négociations après la saison 2019-2020 pour adoucir le sentiment de frustration relié à ce mécanisme qui pourrait se prolonger jusqu'à la fin de la campagne 2021-2022 sinon.
 
Cet enjeu est complexe et la réunion qui a eu lieu à Chicago, mercredi dernier, a permis d’en révéler davantage à une cinquantaine de joueurs dont les âges variaient beaucoup. Il ne fait aucun doute que les plus jeunes s’assurent, en grande majorité, d’écouter les plus aguerris sur ces enjeux.
 
« C’est important pour tout le monde, jeune ou vieux, de s’impliquer. On est tous dans le même bateau. Il ne faut jamais oublier que d’autres joueurs ont accompli du travail pour nous auparavant », a commenté Torey Krug qui a été affecté, par le passé, par un faible pouvoir de négociations pour signer des ententes avec les Bruins de Boston.
 
Mathew Barzal, la jeune vedette des Islanders de New York, se fait graduellement un devoir de se familiariser avec ce processus. Brillant, il a choisi une stratégie astucieuse.

« En tant que jeune, je me suis assis près de (Jonathan) Toews et j’écoute plus que je parle. Ces gars ont bien plus d’expérience que moi. J’essaie de comprendre comment ça fonctionne. En fait, je lui fais confiance plus que je me fais confiance. C’est l’un des gars les plus brillants que je connais », a expliqué Barzal qui sent l’implication d’un bon groupe de jeunes dans les démarches.
 
À 31 ans, Toews a vécu le dernier conflit de travail dans la LNH et il souhaite voir des athlètes du statut de Barzal approfondir leurs connaissances.
 
« C’est toujours important. Tu gagnes en expérience, tu apprends la dynamique entre les deux côtés et comment les joueurs communiquent au sein de l'Association. Après tout, on a des passés différents », a noté Toews.
 
Jonathan Huberdeau, maintenant âgé de 26 ans, se sent plus interpellé par les dossiers relatifs à la convention collective qui sont gérés avant tout par Donald Fehr et Mathieu Schneider.
 
« Je ne suis pas très impliqué, c’était seulement la deuxième réunion à laquelle je participais. Je suis surtout là pour écouter. Mais on veut impliquer des jeunes dans les discussions parce qu’on veut en savoir plus sur comment ça marche. Quand tu arrives, tu ne réalises pas trop ce qui passe, tu n’y portes pas attention. C’était comme ça pour moi », a-t-il révélé.
 
En comparaison, Matt Duchene a gravi quelques échelons de plus quant à l’implication. Le plus important, c’est le chemin qu’il a parcouru depuis le conflit de travail de 2012-2013.  Jonathan Toews
 
« La dernière fois, je n’avais aucune idée de ce qui se passait. Je suis allé jouer en Europe sans tarder donc j’étais loin de la situation et je ne faisais que suivre les développements à distance. Cette fois, je suis plus au courant et je comprends mieux comment ça fonctionne. C’est plutôt normal à mon avis. Comment peut-on demander à un jeune de 21 ans d’avoir une vraie idée sur ces enjeux et comment se comporter? », a lancé Duchene avec franchise.
 
La réponse la plus honnête est toutefois venue de la bouche de Rasmus Dahlin. Le joyau de 19 ans des Sabres de Buffalo consacre vraisemblablement tous ses efforts à s’imposer sur la patinoire. On le pardonne aussi parce qu’il est Suédois et que le facteur de la langue ne doit pas faciliter l’apprentissage de cette dynamique.  
 
« Pour être honnête, je ne sais pas c’est quoi le CBA (collective bargaining agreement ou convention collective en français) », a répondu Dahlin quand il a été questionné sur ce sujet.