Les Sénateurs d’Ottawa tenteront de réussir jeudi soir à Pittsburgh un exploit qu’ils n’ont encore jamais réussi depuis leur retour dans la LNH en 1992 : remporter le septième et ultime match d’une série quatre de sept.

En 1997, lors de leur première présence en séries, les Sénateurs avaient poussé la série les opposant aux Sabres de Buffalo à la limite des sept matchs. Pis encore, cette partie ultime disputée à Buffalo s’était décidée en prolongation. Principal artisan des succès qui avaient propulsé les « Sens » en séries, Ron Tugnutt avait réalisé un arrêt spectaculaire de la mitaine aux dépens de Derek Plante. Tugnutt avait toutefois exagéré le mouvement de sa mitaine après avoir capté la rondelle. Résultat : il avait échappé le disque qui avait ensuite lentement, mais sûrement, poursuivi sa course de l’autre côté de la ligne rouge.

Les Sénateurs ont ensuite échappé des septièmes matchs aux mains des Maple Leafs de Toronto à deux reprises, aux mains des Devils du New Jersey – Ottawa avait toutefois comblé un recul de 0-3 pour pousser la série à la limite – et aux mains des Rangers de New York lors de leur dernière participation à un match ultime en 2012. Ils avaient été battus 2-1 par les Rangers à New York.

Principal associé de Mike Sullivan derrière le banc des Penguins, Jacques Martin était derrière le banc des Sénateurs lors des quatre premiers revers d’Ottawa dans les situations de septième match.

« Tu m’apprends cette statistique », a candidement reconnu le vétéran défenseur Marc Méthot après la victoire de mardi.

« Ce n’est certainement pas une statistique positive. C’est vrai. Mais en même temps, ce n’est qu’une statistique. Et comme tous ces résultats datent de plusieurs années, ils n’ont pas d’impact direct sur l’équipe actuelle et le groupe de joueurs qu’on retrouve dans ce vestiaire. On vient de disputer un match solide. Un match émotif. Un match au cours duquel on a joué comme on devait le faire pour gagner. On a simplement à reproduire le même genre de performance à Pittsburgh jeudi pour s’offrir la chance de se rendre en finale de la coupe Stanley. Je suis un gars d’Ottawa. J’ai pris pour les Sénateurs toute ma jeunesse. Je veux gagner pour mon organisation, pour ma ville et pour nos partisans qui nous appuient sans condition. Je vais prendre les moyens pour faire mentir l’histoire », a ajouté le vétéran défenseur qui disputera jeudi le premier match sept de sa carrière.

Dans le camp des Sénateurs, Derick Brassard et l’attaquant réserviste Chris Kelly comptent le plus d’expérience et de succès dans le cadre d’un septième match de série. Ils affichent tous deux des dossiers gagnants de quatre victoires et un seul revers. Brassard a récolté trois passes lors de ces cinq parties. Kelly a marqué à une reprise.

Alex Burrows (2-1) a marqué deux buts en trois rencontres. Inversement, Dion Phaneuf (0-3) a fait chou blanc à trois reprises.

Profiter du moment

Derick Brassard n’a pas l’intention d’utiliser son expérience pour haranguer ses coéquipiers : « Je n’aurai pas grand-chose à dire d’autre que de saisir l’occasion qui se présente. C’est très plaisant de disputer ce genre de partie sans lendemain. Tu ne peux pas t’arrêter au résultat, tu dois tout donner. On est dans le coup autant qu’eux. On affronte un excellent club. Ce sont les champions en titre de la coupe Stanley. Et on a la chance de se rendre en grande finale. Quoi demander de mieux », a indiqué le Gatinois qui pourrait contribuer à propulser les Sénateurs en grande finale pour la deuxième fois de leur histoire.

Entraîneur-chef des Sénateurs, Guy Boucher (1-1) aura l’occasion de se rendre en finale de la coupe Stanley pour la première fois de sa carrière. Conscient de la chance qu’il a de prendre part à une deuxième finale d’association en seulement quatre années de carrière comme coach dans la LNH, Boucher utilisera le même genre de motivation qu’il l’a fait mardi pour mousser les chances de victoire de son équipe.

« Il y a des entraîneurs-chefs bien meilleurs que moi et qui ont connu des carrières bien meilleures que la mienne qui n’ont jamais eu la chance de se rendre en finales d’associations. J’y suis pour la deuxième fois en quatre ans. J’ai donc une opportunité extraordinaire de me rendre en finale de la coupe Stanley. Je veux que mes joueurs réalisent l’ampleur de cette opportunité. Si vous m’aviez dit en septembre dernier que je me retrouverais face à l’élimination dans le 6e match de la finale de l’Est, j’aurais pris ça volontiers comme résultat. On a gagné le sixième match et il nous en reste un à gagner pour être en finale de la coupe Stanley. Je veux que mes gars pensent à ça oui, mais en même temps je ne veux pas qu’ils pensent à la coupe Stanley. Je veux qu’ils pensent au match qu’ils ont maintenant à gagner pour se rendre en grande finale. »

Le message sera facile à faire comprendre. Car pour des gars dont les carrières avancent, comme le gardien Craig Anderson, le défenseur Dion Phaneuf et le défenseur Marc Méthot, il est difficile de se dire qu’il y aura une prochaine fois en cas d’échec jeudi.

« Quand tu penses à tous les sacrifices que tu as multipliés pour te rendre ici, tu n’as pas le choix de tout donner. Pensez-y : huit matchs préparatoires, 82 matchs de saison régulière sont nécessaires pour atteindre les séries. Et une fois en séries, on a dû battre Boston et New York pour nous rendre jusqu’ici contre Pittsburgh. On est rendu à 18 matchs de séries. Après tous ces efforts, tu dois tout donner pour prolonger l’aventure », a insisté Méthot.

Crosby oui, mais Cullen, Hagelin et Rust aussi…

Si les Sénateurs tenteront de faire mentir l’histoire, les Penguins devront composer avec une pression beaucoup plus grande que celle qui enveloppe leurs adversaires à l’aube du match décisif.

Non seulement les Penguins sont déjà les grands favoris pour se rendre en finale, mais ils évolueront devant leurs partisans dans un contexte qui est loin de toujours leur avoir été favorables.

Parfaits sur la route lors des matchs sept disputés depuis leur arrivée dans la LNH (6-0), ils ont d’ailleurs battu les Capitals de Washington en deuxième ronde ce printemps, les Penguins n’ont que trois victoires en dix matchs présentés devant leurs partisans.

Habitué des grandes occasions, Sidney Crosby est certainement un atout de taille pour les Penguins. Le capitaine a marqué deux buts et totalise quatre points en six matchs 7. Il en a gagné quatre.

Evgeni Malkin qui a lui aussi un dossier de quatre victoires en six matchs sept, a récolté six passes dans ces rencontres décisives.

Les Penguins pourront toutefois compter sur l’expérience de joueurs de soutien qui ont su s’imposer dans ce genre de partie.

Carl Hagelin présente un dossier de sept gains en huit matchs. Mieux encore, Matt Cullen présente un dossier parfait de 6-0. En prime, il a contribué à trois buts, dont deux ont permis aux Hurricanes de la Caroline de battre les Oilers d’Edmonton et de soulever la coupe Stanley.

« Toutes les victoires ont marqué ma mémoire. Tu n’oublies jamais ces matchs sept. C’est clair. Mais le match qui nous a permis de gagner la coupe est le plus important de tous. Il est gravé dans ma mémoire à jamais. C’est imbattable comme sensation », a indiqué le vétéran de 40 ans.

« Ça fait deux fois que je repousse ma retraite pour signer des contrats d’un an avec Pittsburgh afin de me donner une autre chance de me rendre aux grands honneurs. Je suis bien conscient que si je rate l’occasion qui s’offre à moi, elle pourrait très bien être ma dernière », a convenu Cullen lors d’un point de presse orchestré par les Penguins avant leur départ d’Ottawa mercredi matin.

Bryan Rust a aussi été un acteur important des récentes victoires des Penguins en situation de septième match. Il a marqué trois buts pour contribuer à battre les Capitals de Washington en deuxième ronde cette année et le Lightning de Tampa Bay en finale de l’Est l’an dernier.

Statistiques intéressantes

Voici quelques statistiques intéressantes fournies par la LNH à l’aube du match décisif opposant les Sénateurs et les Penguins.

- Les clubs évoluant à domicile présentent un dossier de 98-70 en 168 matchs ultimes. Le dossier est de 1-1 ce printemps…

- Les équipes qui enfilent le premier but ont gagné 125 des 168 matchs (74,4 %)...

-  L’avantage de la patinoire ne compte plus lorsque les matchs se décident en prolongation alors que les clubs visiteurs ont gagné 20 des 40 parties qui ont franchi les 60 minutes réglementaires…