Alex Ovechkin et les Caps ont tenu leur promesse
WASHINGTON - Même s'il n'a disputé qu'une dizaine de bonnes minutes de hockey et qu'il a attendu la deuxième moitié de la troisième période pour s'imposer, le Canadien a trouvé une façon de pousser le match en prolongation.
Inquiets de voir leurs favoris se faire brasser par des adversaires plus gros, plus forts, plus impliqués, inquiets de voir leurs favoris peiner à orchestrer des sorties de zone et à attaquer de façon convaincante la cage ennemie, les partisans étaient malgré tout en droit de s'attendre à ce genre de remontée en fin de rencontre.
Et les Capitals auraient dû s'en méfier davantage.
Après tout, Martin St-Louis et ses joueurs ont joué ce vilain tour à bien des adversaires en deuxième moitié de saison. C'est ce qui lui a permis d'amasser des points primes acquis lors de défaites en prolongation ou en tirs de barrage. C'est ce qui lui a aussi permis de se sauver avec des victoires qui étaient parfois loin d'être méritées. Des points arrachés ici et là qui ont propulsé le Tricolore en séries.
Mais une fois en séries, il n'y a pas de prime accordée pour avoir poussé un match en prolongation. En fait oui il y en a une. Il faut toutefois marquer le but décisif pour l'obtenir.
Et ce but, ce sont les Capitals qui sont allés le chercher afin de concrétiser une victoire qu'ils méritaient bien plus que le Canadien.
Beaucoup plus même.
De « On », à « Off »!
Car après avoir promis qu'ils mettraient l'interrupteur à « On » dès la mise en jeu donnant le coup d'envoi à la série qui les oppose au Canadien, Alex Ovechkin et ses coéquipiers ont tenu leur promesse.
Et comment!
Ils ont tenu promesse avec éclat au premier tiers alors qu'ils ont non seulement pris les devants 1-0, mais ont aussi pris le contrôle de la patinoire en déclassant le Canadien au chapitre des mises en échec et du contrôle du jeu.
« C'était notre meilleure première période depuis un mois, peut-être même deux », a d'ailleurs convenu l'entraîneur-chef des « Caps » Spencer Carbery.
Un peu moins dominants en période médiane, les Capitals ont quand même gardé l'interrupteur à « On ». Ils ont doublé leur avance grâce à Anthony Beauvillier qui a fait dévier un tir d'Alex Ovechkin. Ils ont aussi maintenu le plein contrôle du match alors qu'ils étaient plus souvent que le Tricolore du bon côté des mises en échec et qu'ils dictaient le rythme de la rencontre plus souvent qu'ils ne se le faisaient imposer.
N'eût été quelques arrêts aussi importants que spectaculaires réalisés par Samuel Montembeault, le Canadien aurait accusé un retard bien plus imposant que le déficit de 0-2 qu'il avait à combler après deux périodes de jeu.
C'est peut-être cette confiance associée aux 40 premières minutes de jeu qui ont incité Ovechkin et sa bande à mettre l'interrupteur à « Off » un brin trop vite.
« En séries, tu ne peux croire que tu seras parfait pendant trois périodes complètes. Tu ne peux pas croire que tu vas gagner 16 matchs de suite », a plaidé Pierre-Luc Dubois qui a disputé un fort match avec ses compagnons de trio Tom Wilson et Connor McMichael.
« J'ai dû ranimer les gars sur le banc après le deuxième but. Je sentais qu'ils s'apitoyaient un peu sur leur sort. Il fallait bien finir la troisième, se regrouper pendant l'entracte et recommencer à jouer comme on l'avait fait en début de partie », a expliqué l'entraîneur-chef des Capitals.
Un premier en carrière pour Ovi
Le message de Carbery a été entendu et surtout compris. Car une fois en prolongation, Ovi et les Caps ont remis la « switch à on ». Le capitaine a marqué son deuxième de la rencontre pour sceller l'issue du premier match 146 secondes après le début de la prolongation.
« Un but c'est un but », a lancé le meilleur franc-tireur de l'histoire de la LNH lorsqu'on lui a demandé de qualifier la valeur de ce but.
Mais ce but qui a soulevé la foule inquiétée par la remontée du Tricolore en fin de troisième et soulagé ses coéquipiers qui ont pris d'assaut la patinoire pour venir le féliciter, Ovechkin l'a célébré avec passion.
« C'est ce qui m'impressionne le plus de lui. Il en a marqué plus de 900 si tu combines les matchs de saison régulière et ceux disputés en séries – le chiffre exact est 971 – mais à chaque but qu'il marque il affiche toujours le même sourire », a ajouté Dubois.
« Quand tu considères tout ce qu'il a fait depuis le début de sa carrière, c'est pas mal surprenant d'apprendre que c'était son premier but en prolongation », a ajouté Anthony Beauvillier qui a reçu les éloges de son capitaine et de son entraîneur-chef après le match.
« Les blessures – lire ici l'absence d'Aliaksei Protas – m'ont ouvert la porte au sein de ce trio en fin de saison. C'est le fun, car il s'est développé de la complicité au fil de ces parties. Je suis fier de pouvoir aider l'équipe en allant d'un trio à un autre », que le Sorelois a commenté après la partie.
En plus de marquer deux buts et d'ajouter une passe, Ovechkin a aussi distribué sept des 42 mises en échec, dont plusieurs très solides, assénées par les joueurs des Capitals.
« C'est plus plaisant de jouer avec lui que de jouer contre lui. J'en sais quelque chose, car c'est contre lui que j'ai disputé mon premier match de séries en carrière et je m'étais fait frapper solidement à quelques reprises », se souvenait Dubois.
« C'est notre leader. Il l'a été toute l'année. Il est comme ça depuis 20 ans », a ajouté Tom Wilson, qui affichait une bonne dose d'insatisfaction à l'égard de la troisième période que lui et ses coéquipiers venaient de disputer. Une vilaine troisième période qui aurait pu propulser le Canadien en avant 1-0 dans la série, même si le Tricolore était loin de mériter cette potentielle victoire.
« On a levé le pied beaucoup trop en troisième. On avait le contrôle du match et on leur a donné en étant trop passif. Il faudra apprendre de cette erreur et ne pas la répéter », que le solide ailier droit a affirmé.
St-Louis très satisfait malgré tout
C'est un Martin St-Louis calme, détendu et somme toute très satisfait qui s'est présenté devant les journalistes après le match.
Je m'attendais pourtant à ce qu'il soit songeur et déçu de la sortie de ses joueurs en début de rencontre.
Pas du tout!
« Je suis déçu de l'issue du match, c'est bien sûr. Mais après une première période à laquelle on s'attendait à cause de l'inexpérience de plusieurs de nos jeunes joueurs, on a été meilleurs en deuxième et on a joué une excellente troisième. C'est une très bonne première partie pour notre groupe. Il fallait vivre ce qu'on a vécu ce soir, pour comprendre ce que sont les séries, car ça ne se pratique pas. Il n'y a pas d'histoire à écrire avec notre début de match. On sera meilleur lors du deuxième match à cause de tout ce qu'on a fait de bien ce soir », que St-Louis a défilé.
Des commentaires tout à l'opposé de la réplique « on n'est pas venu ici juste pour recevoir un ruban de participation », que l'entraîneur-chef avait lancée en matinée lorsqu'il a été questionné sur la possibilité que son club affiche moins de conviction après avoir réalisé l'exploit d'atteindre les séries éliminatoires.
Vrai que le Canadien mérite des commentaires positifs pour saluer sa remontée de troisième période.
Mais cette remontée ne peut effacer le fait que le Tricolore en a beaucoup arraché lors des 50 premières minutes de jeu.
Juraj Slafkovsky a été dominé sur le plan physique. Il a été très discret en zone ennemie autant avec la rondelle que dans les batailles à un contre un.
Kaiden Guhle a écopé une pénalité coûteuse en première période, pénalité au cours de laquelle Alex Ovechkin a inscrit le premier but du match. Le défenseur a ensuite été plusieurs fois déstabilisé par l'échec avant des Capitals.
Tout comme Mike Matheson qui a connu un match ordinaire qu'il a toutefois presque racheté en passant à un cheveu de marquer le but de la victoire avec 20 secondes à faire en troisième période.
Avant de se faire complice des buts de Cole Caufield et Nick Suzuki, Lane Hutson a peiné à composer avec la surveillance étroite dont il était l'objet. Considérant son âge et son niveau d'expérience, il est hors de question de le blâmer dans la défaite.
Même chose pour Ivan Demidov qui a été très discret à Washington lundi soir. Comme l'ont été la majorité des attaquants du Canadien, il faut l'admettre.
Avant l'éveil offensif qui a permis à Caufield et Suzuki – le Canadien avait maintenu une fiche de 10-2-1 en saison régulière lorsque le duo y allait d'au moins un but dans le même match – le meilleur attaquant du Tricolore avait été Patrik Laine.
Ça prendra plus mercredi soir pour niveler les chances dans la série.
Beaucoup plus.