NASHVILLE - P.K. Subban n’a pas marqué mardi soir dans la victoire de 2-1 des Predators. Il n’a pas récolté de point non plus.

Des quatre défenseurs qui permettent aux Preds de compter sur le meilleur quatuor de la LNH au grand complet, c’est lui qui a décoché le moins de tirs avec quatre. Trois de ses tirs ont atteint la cible.

ContentId(3.1232760):LNH: Ducks 1 - Predators 2
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À l’autre bout du spectre, Ryan Ellis a tiré 12 fois. Neuf de ses tirs ont été bloqués par John Gibson qui a fait face à un barrage de 40 tirs. Roman Josi a tiré 11 fois. Il a marqué sur l’un de ses cinq tirs cadrés. Mattias Ekholm a lui aussi cadré trois rondelles sur les cinq qu’il a tirées.

Sur l’estrade où défilent les joueurs qui se sont le plus distingués, ce sont Filip Forsberg, Roman Josi et Pekka Rinne qui sont venus commenter la victoire de leur équipe. Dans le vestiaire, Ryan Ellis a essuyé une, deux, trois vagues de questions alors qu’à deux pas sur sa gauche, le casier de P.K. Subban est demeuré vide. Comme quoi Nashville est vraiment loin de Montréal.

Mais attention!

L’absence de Subban dans la salle de presse et le fait qu’il ne soit pas même venu répondre aux questions dans un vestiaire où flottait pourtant la bonne humeur n’a rien à voir avec la qualité du match que P.K. venait de disputer.

Loin de là.

Car bien qu’il ait été moins impliqué offensivement que ses trois principaux compagnons de jeu, Subban a disputé un très fort match de hockey mardi soir.

Dans le visage de Getzlaf

P.K. a distribué quelques passes savantes dont il a le secret. Il s’est projeté en zone offensive en période médiane comme il le faisait si bien et si souvent alors qu’il soulevait les foules au Centre Bell.

Tout ça est bien beau.

Mais P.K. a surtout relevé le mandat ô combien difficile de contenir Ryan Getzlaf, le géant autour de qui gravite l’attaque des Ducks d’Anaheim. De fait, P.K. a relevé ce défi avec brio comme le confirme le fait que Getzlaf, après sa soirée de trois passes dimanche, a été blanchi de la feuille de pointage mardi. Non seulement a-t-il été blanchi, mais il s’est contenté de quatre tirs, dont deux seulement ont touché la cible.

Comme c’est le cas depuis le début de la série finale, Getzlaf a eu Subban dans le visage du début à la fin de la rencontre.

À quelques très rares exceptions, Subban sautait sur la glace lorsque Getzlaf y posait les patins. Il retraitait au banc, lorsque le capitaine des Ducks retournait au nid. L’un a suivi l’autre comme ça du début à la fin de la rencontre.

Signe que Subban fait bien son travail, Getzlaf lui a asséné un violent coup de bâton derrière le filet de Pekka Rinne dès la première présence des deux joueurs sur la glace. Il a ensuite frappé Subban à deux reprises avant de revenir lui servir un tête-à-tête un brin ou deux agressif lors de l’arrêt de jeu.

P.K. n’a pas reculé. Il n’a jamais reculé. Et au fil du match, il a remporté le duel l’opposant à Ryan Getzlaf. Ce n’est pas le genre de duel qui soulève les partisans de leurs sièges. Ce n’est pas le genre de duel qui pousse les amateurs à scander des PK! PK! PK! Ce n’est pas même le genre de duel qui assure une place de choix dans les faits saillants de la rencontre et/ou sur l’estrade réservée aux étoiles de la partie.

Mais c’est le genre de duel qui aide et aide grandement une équipe à gagner.

Maturité? Enseignement? Leadership?

Les Predators de Nashville ont obtenu un défenseur de grande qualité l’été dernier lorsqu’ils ont acquis P.K. Subban en retour de Shea Weber. Mais le P.K. qui a contribué à la victoire de son équipe encore hier soir est une version améliorée du P.K. qui a été tant aimé à Montréal. Et qui l’est encore est-il besoin de le rappeler.

Que s’est-il passé?

Comment expliquer le fait que P.K. Subban qui était le moteur des relances offensives du Canadien, qui était le quart-arrière de l’attaque massive du Tricolore, qui aimait prendre des risques sur la patinoire, des fois trop, et qui était trop indiscipliné pour relever des défis défensifs à Montréal est maintenant en mesure de remplir le mandat de museler un joueur aussi imposant que Ryan Getzlaf? De contrer les attaquants les plus imposants des clubs adverses?

Est-ce simplement une question de maturité associée au fait que le défenseur vient de célébrer ses 28 ans?

Est-ce le fait que les Predators comptent sur tellement de bons joueurs au sein de leur vestiaire qu’ils ont su faire comprendre à Subban qu’il n’était plus seul à bord, comme c’était un peu le cas à Montréal?

Est-ce le résultat d’une métamorphose orchestrée par l’entraîneur-chef Peter Laviolette et son adjoint qui s’occupe des défenseurs, l’ancien arrière étoile et membre du Temple de la renommée du hockey Phil Housley?

« C’est un ensemble de facteurs. Phil Houlsey et tous les membres du groupe d’entraîneurs ont travaillé avec P.K. comme nous travaillons avec tous nos joueurs. P.K. s’est retrouvé au sein d’un excellent groupe de défenseurs. Mais il ne faudrait pas non plus oublier que P.K. Subban était déjà lui aussi un excellent défenseur quand il est arrivé avec nous. P.K. n’était pas un projet à son arrivée. Il était déjà très bon. Et il l’était aussi défensivement tout en étant un excellent patineur et un défenseur doté d’un grand talent offensif », a indiqué Peter Laviolette.

Après la victoire de mardi, j’ai demandé au capitaine Mike Fisher s’il avait remarqué une transformation entre le P.K. qui s’est présenté dans le vestiaire en début de saison et celui qui venait de disputer une très grosse partie.

« P.K. a beaucoup changé au cours de la saison», a reconnu d’emblée le capitaine des «Preds. Un capitaine qui a d’ailleurs louangé les efforts déployés par Subban pour en arriver à cette version améliorée.

« J’ai passé beaucoup de temps avec P.K. au cours de l’année afin de parler de l’équipe et des rôles essentiels à remplir par tous les membres du groupe. Le gros du travail, c’est P.K. qui l’a fait en trouvant une façon de s’intégrer à cette équipe. Nous formons un groupe très uni. Tous les gars sont importants. Tout ce qu’ils accomplissent sur la glace est important. Et P.K. est devenu un membre à part entière du groupe et de l’équipe. Il a été très bon en saison, mais depuis le début de la série contre les Blues il nous donne du très gros hockey », a ajouté Mike Fisher dont le leadership a toujours été reconnu par tous les joueurs qui ont partagé le même vestiaire que lui au cours de leur carrière.

Utilisation habilement partagée

Encore mardi, Phil Housley a habilement jonglé avec ses quatre premiers défenseurs qui jouent de façon pratiquement égale lors des matchs.

Mattias Ekholm (malgré deux minutes passées au cachot) a effectué le plus de présences avec 35. Les trois autres en ont effectué 33.

Roman Josi a été le plus utilisé du groupe avec 26 min 23 s. Il a aussi dominé le temps en avantage numérique avec 4 min 53 s.

Ekholm a suivi avec 25 min 34 s (4 :35 en A-N), P.K. a terminé troisième avec 25 min 5 s (2 :37 en A-N) alors que Ryan Ellis a fermé la marche avec 23 min 36 (2 :19 en A-N). Ellis (2 min 19 s) et Josi (1 min 53 s) ont aussi passé plus de temps que Subban (1 min 35 s) sur la patinoire en désavantage numérique.

Est-ce à dire que le duo Josi-Ellis est le numéro un alors que celui d’Ekholm et Subban est numéro deux? Que ces duos sont plutôt des 1-A et 1-B?

Peu importe. Car d’un match à l’autre, ces statistiques varient entre les membres du top quatre. Les écarts au chapitre des présences et des temps totaux d’utilisation sont toutefois très minces. Ce qui confirme toutefois que P.K. Subban n’a plus à tout faire seul comme c’était souvent le cas à Montréal, mais qu’il peut, et doit, partager le temps d’utilisation et tous les mandats à remplir avec des coéquipiers qui sont en mesure de faire le travail eux aussi. À la grande joie de l’état-major des Predators et de leurs partisans qui sont gâtés de pouvoir compter sur un tel quatuor. Un quatuor qui pourrait les mener jusqu’à la coupe Stanley dans quelques semaines.

En cours de partie mardi, un adepte de Twitter m’a demandé pourquoi P.K. ne tirait plus aussi souvent qu’il ne le faisait avec le Canadien et qu’il semblait se contenter de passer la rondelle.

La réponse est toute simple : c’est parce qu’il n’est plus le seul à être capable de le faire avec force et précision.

Oui Subban a encore un plomb comme arme de prédilection; il est encore rapide et puissant sur ses patins; il a encore cette vision périphérique hors du commun; il a surtout cette capacité à effectuer des passes que la majorité des défenseurs osent à peine songer à effectuer.

Mais les quatre membres du top quatre des Preds peuvent rivaliser avec lui. Aussi bien en faire des complices plutôt que des adversaires. Non?

Ça ne veut pas dire que Subban ait mis de côté toutes ses aspirations offensives. Ça non! Ses huit points (un but) le confirment d’ailleurs.

En période médiane, alors que les Predators peinaient à profiter de leur deuxième ou troisième avantage numérique, P.K. a d’ailleurs démontré des signes évidents d’impatience en frappant la patinoire avec son bâton qu’il en ensuite brandi pour réclamer une passe qui n’est jamais venue. Une impatience qu’il en ensuite verbalisée une fois au banc.

Mais lorsqu’il est revenu sur la glace pour sa présence suivante, Subban a repris avec brio son mandat de couvrir Ryan Getzlaf.

Et lorsque les Predators ont finalement marqué le but de la victoire lors de leur quatrième supériorité numérique du match, c’est Roman Josi qui a marqué, sur une passe de Mattias Ekholm.

Jeudi, ce sera peut-être Subban. On verra.

Mais qu’il marque ou non. Qu’il récolte une passe ou non. Subban aidera la cause de son équipe par le simple fait que la version améliorée de P.K. lui permet aujourd’hui de réussir ce qu’on croyait impossible qu’il réussisse hier... ou avant-hier : s’imposer défensivement.