BUFFALO – Vite sur ses patins, Pierre-Olivier Joseph a toujours été aussi rapide pour forcer les observateurs à réviser leur position à son sujet.

En 2015, Joseph a été le 78e joueur sélectionné au repêchage de la LHJMQ. Deux ans plus tard, plusieurs croient que les meilleures chances du circuit junior québécois de compter sur deux représentants en première ronde de l’encan de la Ligue nationale le 23 juin – l’autre sera assurément l’attaquant des Mooseheads de Halifax Nico Hishier – reposent sur les épaules du défenseur des Islanders de Charlottetown.

« C’est un joueur qui s’est beaucoup amélioré, approuve un dépisteur québécois d’une équipe de la LNH sondé par RDS. L’an passé, il n’était peut-être sur la liste de personne! Aujourd’hui, il pourrait selon moi sortir n’importe où entre 20 et 45. »

L’ascension de Joseph a réellement commencé au bas de l’échelle. À son premier camp d’entraînement à l’Île-du-Prince-Édouard, il a été renvoyé aux Gaulois du Collège Antoine-Girouard, son club midget AAA. Il y a disputé 19 matchs avant d’être rappelé à l’échelon supérieur. Il n’a pas fait un pas en arrière depuis.

À 16 ans, Joseph a joué 48 matchs de saison régulière et 12 autres en séries éliminatoires pour les Islanders. L’année suivante, en tant que cadet d’une brigade défensive expérimentée, il a amassé 39 points en 62 matchs de saison régulière.

« À cause de mon physique, il faut que je sois plus intelligent que les autres, connaître la game et savoir m’adapter à la rapidité de la ligue, souligne le jeune homme de 6 pieds 2 pouces et 163 livres quand on le questionne sur les améliorations qu’il a su apporter à son jeu au cours des dernières années. La mobilité, je pense que maintenant c’est vraiment important en tant que défenseur et à ce niveau-là, ça m’a vraiment aidé. »

L’opinion populaire s’est ajustée au rythme de la progression du longiligne arrière. Au cours de la dernière saison, Joseph est passé du 42e au 27e rang au classement des espoirs nord-américains de la Centrale de recrutement de la LNH. L’analyste de TSN Craig Button, qui le plaçait tout juste à l’extérieur de la première ronde en janvier, l’a déplacé au 19e rang en mars pour finalement l’inscrire à la 13e position de la dernière version de son repêchage simulé.

« C’est sûr que [la première ronde] peut être possible, tu ne veux pas te mettre zéro attente, mais des listes, ça reste des listes, répond le principal intéressé. Tu ne peux pas te fier à ça à 100 %. »

Des dépisteurs indécis

Cette prudence se transpose chez certains membres de la confrérie des recruteurs de la LNH. Deux espions interrogés par RDS ont peiné à établir un pronostic précis sur l’avenir du natif de Chambly. L’un d’eux remet en question sa place parmi les premiers de classe du repêchage 2017.

« Il demeure un défenseur un peu mystérieux pour moi, admet ce dernier. C’est lui qui devra définir ce qu’il veut amener à son équipe concrètement dans quatre ou cinq ans. Il a plusieurs belles qualités, mais qu’est-ce qui lui permettra de vraiment s’établir dans une organisation? Les deux ou trois prochaines années seront importantes pour lui afin d’aller chercher une réponse à cette question. Autant il peut être bon dans tout, j’aimerais le voir dominer dans un aspect. »

« C’est un gars qui s’implique dans le jeu, mais on ne sait pas s’il est un défenseur à caractère offensif ou comment il se débrouille exactement défensivement, expose un autre évaluateur. Il bouge bien, mais il doit améliorer son coup de patin à reculons. Il n’est pas physique parce qu’il est encore trop petit. C’est vraiment un gars de projection. On prévoit qu’il va prendre jusqu’à 40 livres, qu’il va améliorer son patin et qu’il va être un défenseur qui peut bien faire circuler la rondelle, mais je ne pense pas qu’il va être un défenseur très offensif dans la LNH. »

« Le comparer à un joueur actuel dans la LNH? Je ne suis pas capable, a renchéri le premier intervenant sondé. C’est rare que je dis ça, mais j’ai de la misère. »

Mathieu et Pierre-Olivier JosephUne inspiration à la maison

Joseph n’a pas besoin de chercher loin pour trouver la source d’inspiration qui l’aidera à faire mentir ses détracteurs. Il y a deux ans, son frère Mathieu a dû attendre la toute fin de la quatrième ronde avant que le Lightning de Tampa Bay finisse par appeler son nom. Depuis, il a connu des saisons de 33 et 36 buts, a gagné sa place au sein d’Équipe Canada junior et a cumulé 32 points en 18 matchs de séries en route vers la conquête de la coupe du Président le printemps dernier.

« Il a été là ces dernières années pour me pousser et me préparer à ce qui s’en vient, apprécie Pierre-Olivier. Je ne pourrais pas être plus reconnaissant pour ce qu’il a fait pour moi. On se parle chaque jour. Même pendant la saison, quand on joue l’un contre l’autre, on note les points positifs et les points négatifs après les matchs, on se donne des trucs pour s’améliorer mutuellement. Je lui dois beaucoup. »

Si l’aîné de la famille est reconnu comme un marchand de vitesse et un joueur combattif qu’on ne veut pas retrouver sur son chemin, le cadet pointe surtout vers un trait de caractère lorsqu’on lui demande s’il a des points en commun avec son frère.

« C’est sûr que les deux, on est des grands compétiteurs. Pendant l’été, on va faire des sports un contre l’autre et c’est toujours une bonne rivalité. C’est comme ça depuis qu’on est jeunes et on est vraiment similaire de ce côté-là. À force de le regarder travailler, ça m’a aidé à adopter les mêmes habitudes. On veut toujours être meilleur que l’autre et on va toujours se pousser mutuellement. »