OTTAWA - Ceux qui, comme moi, les croyaient morts depuis la dégelée de 7-0 encaissée dimanche, ont appris à leurs dépens que les Sénateurs savent rebondir.

Et comment!

De Craig Anderson qui a été sensationnel avec ses 45 arrêts, dont 22 multipliés en période médiane, à Erik Karlsson qui a disputé près de 28 minutes d’excellent hockey en dépit du fait qu’il joue sur une jambe, en passant par Mike Hoffman qui a marqué le but de la victoire sur un tir aussi foudroyant que précis sans oublier le plombier Tom Pyatt qui a reçu le titre de joueur du match tel que décerné par l’état-major après une rencontre du tonnerre, les Sénateurs ont prouvé que leur capacité de se relever après une défaite, aussi amère soit-elle, n’est pas seulement une légende urbaine, mais constitue vraiment leur trait de caractère.

«Quand tu es assis dans la boue, tu ne restes pas dedans. Le match d’aujourd’hui représentait une opportunité de nous sortir de la boue et nos joueurs ont le mérite d’avoir forcé la tenue d’un septième match», a lancé l’entraîneur-chef Guy Boucher après la victoire serrée de 2-1 arrachée aux Penguins.

Une victoire que plusieurs pourraient considérer tirée par les cheveux compte tenu du fait que les Penguins ont décoché un total de 75 tirs (46 cadrés) contre les 46 seulement (30 cadrés) des Sénateurs.

Bien qu’inégales et tout à l’avantage des champions en titre de la coupe Stanley, ces statistiques illustrent le plan de match que Guy Boucher tenait à reproduire afin de ramener son équipe dans la série après deux revers consécutifs.

«Les quatre buts marqués rapidement lors du troisième match nous ont fait oublier notre identité. Cette victoire nous a donné la fausse impression qu’on pouvait rivaliser offensivement avec eux. C’était une erreur comme on l’a vu dans les matchs quatre et cinq. Ce soir, je voulais qu’on revienne à la base. Je voulais qu’on soit calme sur la patinoire. Je voulais éviter que nous nous sortions du match devant nos partisans. On a saisi l’opportunité qui s’offrait à nous», a ajouté l’entraîneur-chef des Sénateurs.

Le bon côté d’une dégelée

Bien que gênante, la dégelée de 7-0 a permis à Guy Boucher de regrouper plus facilement sa troupe et l’a aidé à faire passer son ou ses messages.

«Contrairement à ce que bien des gens croient, c’est bien plus facile de se remettre d’une dégelée que d’une défaite serrée. Perdre comme on l’a fait dimanche, c’est une anomalie. Tu mets ça de côté et tu passes à autre chose. Comme le match de dimanche était en après-midi, on a pu faire patiner nos gars hier (lundi). On n’avait pas besoin d’une pratique comme telle. On avait simplement besoin de passer l’éponge. On n’a pas regardé de vidéo, on a simplement décompressé. On a fait sortir le méchant. On a parlé de ce qui nous attendait et refait le plein sur les plans physique, mental et émotif. Ça nous a permis de revenir au travail aujourd’hui et de ne pas dire un mot sur le match de dimanche alors qu’il en aurait été question si nous avions donné congé au groupe lundi», a souligné l’entraîneur-chef des Sénateurs.

Cette rencontre a eu un effet grandement positif a d’ailleurs convenu Marc Méthot.

«On n’a pas eu une grande réunion au cours de laquelle on s’est dit des vérités en pleine face. On a simplement parlé du fait qu’on était rendu en finale de l’Est contre les champions de la coupe Stanley. C’est un exploit en soi. Il fallait juste rebondir et on l’a fait comme on l’a fait si souvent au cours de la saison. Je savais qu’on le ferait comme équipe et j’étais aussi convaincu que Craig (Anderson) serait le premier à le faire. Vous me demandez tous si je suis surpris par sa sortie de ce soir et je vous réponds à tous que je suis très loin d’être surpris. Que je suis même habitué à ce genre de réaction d’"Andy". Avec Erik (Karlsson), Craig est notre meilleur joueur depuis le début des séries. Quand il réalise des arrêts solides en début de match comme il l’a fait ce soir, ça nous met tous en confiance et on joue bien mieux devant lui. Il a fait plusieurs gros arrêts ce soir, mais c’est habituel pour lui. C’est pour cette raison que je le place parmi les meilleurs gardiens de la Ligue», a indiqué le défenseur natif d’Ottawa.

Duels Méthot-Crosby

Si son partenaire de travail (Karlsson) a été très occupé sur le plan offensif comme le confirment ses cinq tirs au but, Marc Méthot a eu fort à faire défensivement alors qu’il a livré des duels en série à Sidney Crosby autour du filet des Sénateurs.

Jouant à la limite des règles, des limites qu’il a d’ailleurs dépassées à quelques reprises il faut l’admettre, Méthot a contribué à garder Crosby à l’écart de la feuille de pointage en dépit des six tirs qu’il a obtenus.

«C’est un travail exigeant et emballant à la fois, car c’est tout un défi de jouer contre le meilleur joueur de la Ligue. Il est tellement fort physiquement; solide sur ses patins et pour protéger la rondelle. Quand tu joues contre des gars comme lui ou Malkin, tu dois t’attendre à perdre quelques combats. Mais il ne faut pas abandonner», a souligné Méthot qui est loin d’avoir lâché.

ContentId(3.1233339):LNH: Penguins 1 - Sénateurs 2
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Tellement qu’il a d’ailleurs écopé d'une pénalité pour avoir accroché le capitaine des Penguins. Remarquez que sur cette séquence, et bien d’autres, Méthot aurait pu être chassé pour une série d’infractions potentielles.

«Peut-être que je méritais ma pénalité. Peut-être que non. Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que je devais prendre tous les moyens possibles pour nuire à son travail. Je l’ai fait. Et comme le club s’est bien défendu pendant mon absence, je peux dire que c’était une bonne pénalité», a conclu le solide défenseur.

Avec leurs 75 tirs tentés, leurs 46 rondelles cadrées, avec leurs 48 mises en jeu gagnées sur les 82 disputées (59 %) – vous avez bien lu, les arbitres et juges de lignes ont déposé un grand total de 82 mises en jeu, ce qui a contribué à étirer en longueur un match qui était au moins intéressant à regarder – les Penguins auraient pu gagner la partie et se réveiller en finale de la coupe Stanley pour une deuxième année de suite.

Mais parce que les Sénateurs ont refusé de s’écraser, les Penguins sont toujours à une victoire de la grande finale qui se mettra en branle lundi prochain. Mais les voilà aussi, et contre toute attente, à une défaite des vacances.