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RÉSULTATS

Pauses commerciales : pourquoi prolonger un mal nécessaire?

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MONTRÉAL – Aux yeux de Jon Cooper, les trois pauses entrecoupant les périodes sont bien plus un mal nécessaire qu'une occasion de regrouper ses joueurs pour discuter stratégie et orchestrer des ajustements qui pourraient maximiser les chances de victoire de son équipe.

L'entraîneur-chef d'Équipe Canada est donc loin de se frotter les mains de satisfaction à l'idée de voir ces neuf pauses être prolongées de 30 secondes. Rappelons ici que la LNH et les diffuseurs profitent de la Confrontation des 4 nations pour tester cette procédure qui permettrait aux réseaux de mousser leurs revenus publicitaires.

« Il y a tellement de bruit pendant ces pauses qu'il est difficile de se comprendre au banc », a d'abord plaidé Cooper.

« Les gars qui jouent le plus profitent de ces pauses pour s'hydrater et reprendre leur souffle. Ce n'est pas les meilleures circonstances pour leur lancer des directives. Ceux qui jouent moins sautent sur la glace pour aller se délier les jambes un peu », a ajouté l'entraîneur-chef qui n'utilisera pas les 30 secondes supplémentaires à sa disposition pour faire jouer davantage les Crosby, MacKinnon et McDavid aux dépens des Cirelli, Hagel et autres Konecny appelés à remplir des rôles de soutien avec Équipe Canada.

« Ce serait totalement injuste de demander à ces joueurs de sauter sur la glace après avoir passé quatre, cinq, six minutes au banc. Tu dois leur donner la chance de garder leur rythme. D'être impliqués dans le match. Quand tu regardes la qualité des gars qui composent les quatre formations, je préférerais ne pas utiliser du tout un gars de quatrième trio plutôt que le limiter à cinq minutes de jeu par match », a poursuivi Jon Cooper.

Entraîneur-chef de Team USA, Mike Sullivan abondait dans le même sens. Il a lâché un « non » catégorique lorsque je lui ai demandé si les pauses prolongées de 30 secondes allaient changer sa gestion du banc.

Rythme menacé

Jon Cooper et Mike Sullivan ont toutefois convenu qu'ils pourraient changer leur fusil d'épaule si le test effectué dans le cadre de la Confrontation des 4 nations devait être adopté l'an prochain dans la LNH.

La Ligue sondera toutefois les joueurs et analysera les réactions associées au changement au cours du tournoi qui commence mercredi avec le duel Canada-Suède avant d'aller de l'avant.  

« Les joueurs détestent déjà ces pauses. Surtout ceux qui ne jouent pas beaucoup. Pis encore, ces pauses ne sont pas fixes. Selon le déroulement du match, il arrive que le jeu soit arrêté deux fois en quelques minutes. Ça pourrait briser encore plus le rythme », a indiqué Cooper qui a affiché un scepticisme certain face à la possibilité que la LNH modifie ses règles actuelles.

Le plus vite possible

Mis au courant du changement apporté, Mark Stone a esquissé une moue d'insatisfaction. « Ces pauses sont nécessaires, car elles permettent de gratter la patinoire. Le jeu est tellement rapide aujourd'hui qu'après 10 minutes, la rondelle ne glisse plus en raison de la neige créée dans le déroulement du jeu. Je profite aussi de ces pauses pour changer mes gants. Mais bien honnêtement, plus rapides seraient ces pauses, mieux ce serait », a indiqué celui qui a reçu le mandat d'épauler Sidney Crosby et Nathan MacKinnon au sein du premier trio d'Équipe Canada. 

À moins que vous considériez le trio McDavid-Marner-Reinhart comme le premier.

Meilleur gardien de la LNH encore cette année, Connor Hellebuyck est reconnu pour ses routines d'avant-match par le biais desquelles il maximise sa concentration.

L'idée d'avoir 30 secondes de plus à écouler lors des pauses commerciales ne bousculera pas le vétéran gardien des Jets autant que l'absence d'un visage connu lorsqu'il retraitera au banc.

« J'ai toujours la même routine lors des temps d'arrêt : je retraite au banc, j'y rejoins mon partenaire de travail – Eric Comrie cette saison – et lui pose une question sur un jeu en particulier ou lui demande un commentaire sur l'allure de la rencontre. Une fois les infos échangées, je replonge dans mes pensées en attendant que le jeu reprenne le plus vite possible », a commenté Hellebuyck.

Est-ce qu'il voit alors d'un mauvais œil devoir patienter 30 secondes de plus trois fois par période?

« N'ayant jamais composé avec cette situation, je ne sais pas trop quoi répondre. Cela dépendra aussi beaucoup de l'allure du match. Si je ne reçois pas beaucoup de tirs et que le jeu se déroule plus souvent dans l'autre zone qu'autour de toi, je veux que les arbitres déposent la rondelle le plus vite possible, car je ne veux pas être plus froid que je le suis déjà. Trente secondes de plus, ce n'est pas la fin du monde. Il faudra simplement apprendre à gérer ça selon les situations », a indiqué celui qui devrait disputer le premier match des USA – jeudi face à la Finlande – et tous les autres à moins qu'une blessure ou des contre-performances ne forcent l'entraîneur-chef Mike Sullivan et ses adjoints à faire appel à Jake Oettinger ou Jeremy Swayman.

J.T. Miller a souri une fois mis au courant de l'ajout par la LNH de 30 secondes à chacune des trois pauses commerciales insérées au cours d'une période.

« Plus j'ai la chance de reprendre mon souffle, mieux c'est. C'est sûr que les plus jeunes auront plus de repos eux aussi, mais je vais prendre tout ce qu'on m'offre », a indiqué l'Américain qui est passé des Canucks aux Rangers il y a deux semaines.

Au-delà l'opportunité de reprendre son souffle, Miller reconnaît que les pauses lui sont souvent très utiles. « J'aime profiter de ces pauses pour sauter sur un iPad et revoir des jeux effectués spécialement en avantage ou désavantage numérique afin d'analyser ce qui n'a pas bien ou moins bien fonctionné et apporter les correctifs nécessaires. »

La très grande qualité des formations canadienne, américaine, suédoise et finlandaise devrait se traduire par du hockey sensationnel sur les patinoires du Centre Bell et du TD Garden à Boston la semaine prochaine.

Du hockey rapide, enlevant, endiablé même.

Il sera intéressant de voir si les 30 secondes ajoutées aux trois pauses imposées par période auront un impact, positif ou négatif, sur le rythme des parties. Ou si cet ajout passera totalement inaperçu. 

Ce qui ferait grandement la joie de la LNH et des diffuseurs qui s'apprêtent à verser des milliards $ dans le cadre du renouvellement des contrats nationaux qui prendront fin au printemps 2026 puisqu'ils pourraient alors mousser leurs revenus publicitaires.

À suivre...