Le 5 juillet dernier, le Canadien de Montréal s'est entendu avec l'attaquant Alex Galchenyuk sur un contrat de trois ans qui lui rapportera une moyenne de 4,9 millions de dollars par année. Comme Galchenyuk était joueur autonome avec compensation et âgé de 23 ans, il aurait pu aller en arbitrage. D’ailleurs, il était le seul joueur du CH  encore admissible à l'arbitrage salarial cet été. La date limite pour demander l'arbitrage salarial était le 5 juillet.

Cette année, plus de 30 joueurs se sont prévalus de leurs droits à l’arbitrage salarial, incluant Galchenyuk. Or, les autres joueurs, n’ayant pas réussi à s’entendre avec leur équipe, verront la valeur de leur contrat être décidée par un arbitre. C’est notamment le cas de Jean-Gabriel Pageau des Sénateurs d’Ottawa et de Nathan Beaulieu des Sabres de Buffalo. Les causes seront entendues du 20 juillet au 2 août 2017. Même si des auditions sont fixées, rien n'empêche qu'un joueur et une équipe puissent continuer à négocier jusqu'à la date d’audition, et ce, dans l'espoir de s'entendre sur un contrat et d'éviter le processus d'arbitrage. Il est aussi possible pour les parties de conclure un accord après avoir été entendues par un arbitre, mais avant que ce dernier ne rende sa décision. Rappelons-nous du dossier P.K. Subban en 2014. L'arbitre avait entendu les parties, mais n'avait jamais eu à se prononcer, car Subban et le CH en étaient arrivés à une entente de 72 millions $ pour huit ans.

Bien qu’en cette période estivale l’expression « arbitrage salarial » soit d’usage courant dans l’actualité sportive, son processus demeure néanmoins peu connu.  Mais qu’est-ce que l’arbitrage salarial? Dans lecas où un joueur et son équipe ne peuvent s'entendre sur un salaire lors de négociations contractuelles, un arbitre neutre sera appelé à déterminer la rémunération à laquelle ce joueur aura droit. Au lieu de se plaindre à l'équipe ou d'exiger à son agent de restructurer son contrat, le joueur insatisfait du salaire offert peut se soumettre à l’arbitrage et y faire la preuve de sa valeur sur le marché. Ce système n'est pas parfait, mais il présente un moyen efficace pour l'équipe et le joueur d’arriver à un compromis. Cependant, l'arbitrage salarial n’est disponible que pour les joueurs de la LNH et de la MLB, n’étant pas utilisé par la NBA et par la NFL. Spécifions que l'arbitrage salarial fait partie intégrante des conventions collectives de la LNH et de la MLB, constituant ainsi un processus quia été librement négocié et accepté par les propriétaires et les joueurs. La plus grande différence est que le système de la LNH permet à l’arbitre de fixer un salaire qui se trouve à mi-chemin entre la position du joueur et celle de l’équipe alors que celui de la MLB doit strictement choisir l’une des deux offres finales soumises.

Dans la LNH, le joueur et l'équipe proposent chacun un salaire pour la saison à venir et font valoir leur position lors d'une audience, laquelle estprésidée par un seul arbitre.

Essentiellement, pour être admissible à l'arbitrage salarial, un joueur doit répondre aux critères d'âge et d'expérience professionnelle, être un joueur autonome avec compensationetne doit pas avoir accepté aucune offre de services externe à l'expiration de son contrat actuel. La plupart des joueurs doivent avoir quatre années d'expérience dans la LNH avant d'être admissibles à l'arbitrage salarial. Si un joueur est admissible, une équipe doit lui soumettre une offre qualificative de référence avant le 25 juin, et ce, si elle veut maintenir son droit de négocier avec lui.

 Par exemple, les joueurs qui ont gagné moins de $ 660 000 doivent recevoir une offre équivalente à 110 % de leurs salaires. Ceux qui gagnent jusqu'à $1 million doivent recevoir une offre égale à 105% de leurs salaires alors que les joueurs qui font plus de $1 million doivent recevoir une offre égale à 100 % de leurs salaires de la saison dernière. Si aucune offre qualificative de référence n'est faite, l’athlète devient alors un joueur autonome sans compensation. Toutefois, s’il refuse cette offre, il reste un joueur autonome avec compensation. Il peut aussi accepter l'offre, mais refuser le salaire auquel cas, les parties devront s'adresser en arbitrage pour déterminer le salaire.

Le mécanisme de la LNH permet à l’arbitre de fixer un montant entre les offres soumises par les deux parties. Ainsi, l’arbitre a un pouvoir discrétionnaire et les éléments de preuve qui peuvent valoir sont notamment : la performance du joueur; son nombre de blessures; ses statistiques précédentes ; son nombre de matchs joués ; son ancienneté auprès de l'équipe et de la LNH ; sa contribution globale à la réussite de l'équipe ; ses valeurs spécifiques et le salaire d'un joueur autonome avec compensation  comparable. Or, le plafond salarial et l'état de la masse salariale de l'équipe, le marché dans lequel elle opère, ses revenus et sa capacité financière ne peuvent pas être pris en compte dans la décision arbitrale. Enfin, la décision doit être prise dans les 48 heures suivant l'audience. Lorsque la décision est prononcée, l'équipe a le droit de la refuser ou de se retirer, auquel cas le joueur peut lui-même devenir un joueur autonome sans compensation  et peut offrir ses services à toutes les autres équipes de la LNH.

Force est de constater quel'arbitrage salarial ne s’impose pas sur le marché des joueurs, mais plutôt le suit. En fondant notamment leurs décisions sur les salaires de joueurs comparables, les arbitres suivent la tendance amorcée par les contrats négociés individuellement entre les joueurs et les propriétaires d’équipes. Par conséquent, si un propriétaire accorde un contrat très lucratif à un joueur, les décisions arbitrales relatives aux salaires en reflèteront.  Tout cela tend à illustrer que l'arbitrage salarial et le nombre élevé de joueurs autonomes sur le marché ne sont pas les seuls facteurs qui ont contribué à la hausse croissante des salaires dans le monde des sports professionnels. Somme toute, l’arbitrage salarial est un outil intéressant, mais les parties devraient d’abord être incitées à négocier entre eux. De telle sorte que la négociation devrait être la méthode privilégiée de règlement des différends et l’arbitrage salarial ne devrait y servir que de complément