BUFFALO – Le refrain que l’on entend le plus souvent à propos de Samuel Poulin, c’est qu’il a gagné des points auprès des recruteurs puisqu’il a excellé après avoir été nommé capitaine, à 17 ans, du Phoenix de Sherbrooke, en février. Pourtant, il admet qu’il a terminé son premier match avec une fiche de -6.

 

Celui qui a gentiment vendu la mèche, c’est son frère aîné et grand ami, Nicolas.

 

« Les premières parties, ça n’a pas été si convaincant. C’est beaucoup de pression pour un jeune de 17 ans, mais quand il a trouvé son erre d’aller et que la pression est retombée un peu, c’est un beau défi qu’il a surmonté », a confié Nicolas, maintenant membre de l’équipe de McGill, au RDS.ca.

 

Poulin peut en rire aujourd’hui et c’est exactement ainsi qu’il réagit quand on lui lance la question.

 

« Pour le premier match, j’ai fini -6 et on s’est fait battre 9 ou 10 à 1 (8 à 1 pour être exact face à Drummondville). Je vais être franc avec toi, ça n’a pas super bien commencé, mais je me suis repris à partir de la semaine suivante. Il restait beaucoup de matchs et j’ai fini par jouer mon meilleur hockey, mais je ne pense pas que c’est juste relié à ça. C’est une question de confiance, je me sentais plus à l’aise », a reconnu Poulin, lors du Combine à Buffalo.

 

Samuel PoulinLorsque les dirigeants du Phoenix de Sherbrooke ont déterminé que ça valait la peine de coudre la lettre « C » sur le chandail de Poulin, ils savaient à quoi s’attendre de lui.

 

« Comme je l’ai dit à quelques équipes, je n’ai pas essayé de changer le joueur ou la personne que je suis. Ça ne me tentait pas de me prendre pour un autre joueur ou une autre personne parce que j’avais un rôle différent dans la chambre », a ajouté le gaucher qui classé au 22e rang sur la dernière liste de la Centrale de recrutement de la LNH.

 

Ce qui est indiscutable, c’est que la saison de Poulin n’a pas été inscrite sous le signe de la constance. Mais ce qui s’avère aussi évident, c’est qu’il parvient à surmonter des épreuves grâce à sa force de caractère et une éthique de travail à faire rougir des professionnels.

 

À titre d’exemple, Poulin a rebondi en force après avoir été limité à un rôle plus restreint à deux occasions avec la formation canadienne (U17 e U18).

 

« Ça fait deux fois qu’il représente le Canada sans avoir les performances qu’il voulait à ce niveau. Mais, chaque fois, il est revenu avec la tête haute et la mentalité pour continuer à s’imposer. Ses débuts dans la LHJMQ, la saison passée, n’ont pas été faciles non plus, mais c’est le genre de gars que tu ne peux pas arrêter quand il prend son envol », a noté son frère avec des mots que certains pourront associer à un autre refrain.

 

L’audace de se comparer à Landeskog et Dubois

 

Sans détenir la vérité absolue, les recruteurs connaissent bien leur métier et ils investissent bien du temps pour limiter leurs erreurs. Ils n’ont pas eu besoin de creuser très longtemps pour confirmer que Poulin est un athlète travaillant qui possède une superbe machine physique bien développée. On s’en attendait, mais il a terminé huit fois dans le top-25 des 18 tests et mesures physiques du Combine.

Dans son cas, la réflexion doit élucider son potentiel offensif au niveau supérieur. À ce chapitre, ils sont nombreux dans la profession à entretenir des doutes. Voilà pourquoi le principal intéressé en a surpris plusieurs en se comparant à Gabriel Landeskog et Pierre-Luc Dubois durant les rencontres avec les équipes de la LNH.

 

« Un recruteur m’a challengé là-dessus parce qu’il disait que ce n’était pas une bonne comparaison, mais j’ai défendu mes idées. Ce sont deux gros joueurs qui sont capables de faire le sale boulot, qui n’ont pas peur d’aller dans le coin ou devant le but pour scorer sur des retours ou des déviations. Je suis capable de faire ça et ce sont aussi deux joueurs qui savent quoi faire avec la rondelle. Je me connais comme joueur, je trouve que je suis capable de m’inspirer d’eux », a justifié Poulin.

 

Ce qui surprend également dans cette histoire réside dans le fait que Poulin n’est pas reconnu pour se pavaner. Son frère Nicolas peut bien en attester. Leur proximité était déjà grande, mais ils ont pratiquement été ensemble « 24 sur 24 » quand ils ont été coéquipiers l’an passé.  

 

« Le premier mot qui me vient en tête, c’est humble. Ce n’est pas tous les joueurs de hockey de son âge qui ont un succès semblable au sien et qui agissent comme lui. Il va tout le temps donner le crédit aux autres. Il ne se mettra pas en front page pour montrer son succès. Ce n’est pas pour rien qu’il est classé aussi haut, ça vient des efforts investis, je peux bien le confirmer. Ce n’est pas juste la génétique du père », a témoigné son frère.

 

Le rapport des recruteurs à son sujet

 

Poulin pourrait avoir le dernier mot à moyen terme, mais les recruteurs ne sont pas prêts à balancer leur prudence tout de suite.

 

« Parmi les espoirs de la LHJMQ, c’est l’un des plus prêts à jouer dans la LNH. C’est un pro dans son approche, mais je ne sais pas à quel point il a du potentiel offensivement. Ce n’est pas un joueur qui représente un gros risque, mais il deviendra probablement plus un joueur de troisième ou quatrième trio. En première ronde, bien des équipes pourraient préférer un joueur qui affiche moins de garanties, mais qui peut accéder à un top-6. Je suis certain que ça va lui coûter quelques rangs, mais ce n’est pas impossible qu’il explose éventuellement », a prédit un recruteur de l’Ouest.  

 

Samuel Poulin« Il ne sera pas le meilleur marqueur de ton club, mais il peut jouer avec les joueurs les plus talentueux. En séries, quand une confrontation va s’étirer sur plusieurs matchs, il possède les attributs physiques pour dominer ses adversaires. Il sera l’un des joueurs clés de ton équipe dans ce sens. C’est un élément précieux pour une organisation », a soulevé Dan Marr, le directeur de la Centrale de recrutement.

 

« Au mieux, je crois que Poulin sera un ailier de deuxième trio, mais je l’aime beaucoup. Il a des habiletés offensives, il est puissant, il est fort et il joue dans la circulation lourde. Je n’ai pas vu plusieurs joueurs travailler plus fort que lui. Côté leadership, je le mets presque dans la même catégorie que (Jakob) Pelletier », a lancé d’emblée un recruteur de l’Est.

 

« Je ne pense pas qu’il sera disponible en début de deuxième ronde surtout avec sa fin de saison. Beaucoup de recruteurs pensaient le contraire il y a environ deux mois, mais je crois qu’il sera en première ronde pour cette raison », a-t-il enchaîné.

 

« Il a réussi à avoir une pente ascendante tout au long de la saison et il est arrivé dans son peak en séries. Sa progression, je pense que c’est ça qui est important. Je le vois comme un jeune tellement exigeant envers lui-même qu’il pousse les autres à être meilleurs », a souligné un recruteur d’une autre équipe de l’Est.

 

Même s’il n’atteint pas le niveau des Landeskog et Dubois, il sera déjà une excellente addition pour une organisation s’il exerce cette influence digne d’un capitaine.