Pendant l’été, plusieurs clubs de hockey commencent à préparer les stratégies et la formation des joueurs en vue de la saison qui débutera dans quelques mois. Dans ce contexte, on me demande souvent comment il faut travailler avec une équipe pour parvenir à motiver les joueurs tout au long de la saison. Voilà une question difficile. S’il y avait une recette magique, tout le monde l’appliquerait immédiatement. Je peux toutefois vous donner quelques pistes qui, je l’espère, pourront être utiles autant aux entraîneurs, qu’aux administrateurs d’équipes ou de ligue, et, pourquoi pas, aux joueurs eux-mêmes.

Voici donc quelques repères inspirés de la psychologie sociale et réfléchis en fonction d’une équipe sportive.

L’entraîneur

On le savait d’instinct, mais les études prouvent que le rôle de l’entraîneur est crucial dans l’évolution d’une équipe. Son type de leadership et sa capacité à clarifier les responsabilités individuelles et les structures collectives auront une incidence directe sur la cohésion et l’efficacité du club. C’est lui qui installe le climat qui se vivra au sein de l’équipe. S’il ne précise pas les responsabilités de chacun (autant parmi les joueurs que dans l’équipe qui l’entoure), il risque d’y avoir de l’ambiguïté, sinon de l’incompréhension dans le message. Cela aura naturellement un impact sur les résultats voulus et sur le niveau de motivation. La relation entre l’entraîneur et son équipe est donc à la base de toute intervention psychologique.

Les objectifs

Il faut aussi comprendre et évaluer les objectifs tant individuels que collectifs pour que s’établisse une certaine harmonie. L’entraîneur est également au cœur de cette démarche, car c’est à lui que revient le mandat d’établir les buts qu’il fixe au club pour la saison, de même que le système qu’il entend adopter. Parallèlement, chaque joueur a aussi des attentes qu’il souhaite atteindre pendant la saison et le coach devrait y être très sensible. Plus les objectifs individuels s’intégreront à ceux de l’équipe, plus l’énergie sera positive. Tout cela suppose un large partage d’informations.

Par exemple, les joueurs voudront améliorer leurs habiletés et en développer de nouvelles. Cet apprentissage doit d’abord s’effectuer durant les périodes d’entraînement avec toutes les répétitions pour l’intégrer aux systèmes de jeu. C’est la phase de construction.

Le reste se fait évidemment durant les matchs eux-mêmes. Et c’est là que peuvent survenir certains problèmes. En effet, si durant les entraînements la somme de travail est répartie plutôt équitablement entre tous les joueurs, ce n’est plus le cas en compétition. L’entraîneur devra alors privilégier les plus efficaces d’entre eux selon le système de jeu utilisé. Certains joueurs pourront se sentir brimés de leur temps d’utilisation ce qui, croient-ils, les empêche d’exploiter tout leur potentiel. Voilà pourquoi il importe de bien connaître et comprendre les attentes individuelles pour qu’elles puissent s’exprimer dans les objectifs collectifs.

Il y a donc bien du travail de communication et de partage à faire pour que l’intégration de ces deux variables soit optimale. Il faut que le joueur comprenne comment ses objectifs personnels pourront être atteints par le rôle qui lui est confié dans l’équipe.

La compréhension des attentes

Les expressions comme « avoir la bonne attitude », « donner son 100 % », « donner son maximum » et autres clichés du genre sont souvent entendues dans la bouche des joueurs. Ce qui est moins clair cependant, c’est le sens que chacun accorde à ces affirmations.

Pour un, ce sera s’engager physiquement dans toutes les phases du jeu, alors que pour l’autre ça signifiera de viser la qualité d’exécution. Il y a peut-être autant de définitions qu’il y a de joueurs.

L’entraîneur a aussi le mandat de clarifier ces éléments pour réduire les écarts de compréhension sur les comportements attendus. Discuter de ces questions, autant en groupe qu’individuellement, permet de se doter de normes de fonctionnement qui sont partagées et acceptées. Du même coup, cela responsabilisera les joueurs sur leur rôle et leur place dans l’équipe. À titre d’exemple, si les attentes envers les joueurs sont assez claires quand ils sont sur la glace, il faut aussi mentionner l’importance de leur rôle et leurs responsabilités quand ils sont sur le banc. Là aussi, ils peuvent aider et soutenir l’équipe.

Bref…

Bien entendu, ce sont là quelques-unes des avenues de travail qui peuvent aider à bâtir l’unité et la motivation dans une équipe. Je répète que ce ne sont pas des solutions, mais des pistes à explorer et à adapter dans chaque situation.

Tout le monde doit y contribuer, même si l’entraîneur y occupe une place déterminante. Le profil suggéré ici laisse entrevoir une relation de confiance où les objectifs collectifs sont établis (au moins en partie) en collaboration avec les joueurs, tendance qui semble souvent interdite dans les équipes professionnelles ou les tâches sont simplement assignés aux joueurs. Pourtant, harmoniser objectifs individuels et d’équipe peut devenir un moyen d’augmenter l’engagement des athlètes dans la vision du club.

On se rend surtout compte de l’importance de la communication dans une équipe. Celle-ci doit s’établir tant entre les joueurs eux-mêmes, qu’entre eux et l’entraîneur. Plus les attentes, les objectifs, les rôles et les systèmes seront clairs et compris, plus il sera facile de bâtir l’identité de votre club. Ce sont des principes de base de psychologie sociale. Quand la personne (ici le joueur) comprend son rôle et qu’elle sait qu’elle pourra y gagner (en développant ses habiletés par exemple pour atteindre ses objectifs), elle obtient une partie du pouvoir et accepte ses tâches au sein de l’équipe et du système.

À partir de là, tout est possible!