LAS VEGAS – Depuis le dépôt, samedi, des listes de protection et donc des joueurs mis à la disposition des Golden Knights par leurs 30 rivaux, la LNH gravite autour de Las Vegas.

Vous croyez qu’il fait chaud à Montréal et au Québec? Le mercure devrait grimper à 45 degrés cet après-midi ici. Et c’est 45 vrais degrés, pas seulement une température ressentie.

La chaleur à l’extérieur est à l’image de la chaleur qui se dégage des bureaux des Golden Knights où on multiplie les scénarios, les appels et surtout les retours d’appel et bien sûr les négociations. Car d’ici l’annonce des sélections qu’il effectuera dans le cadre du repêchage d’expansion, George McPhee tient ses 30 homologues dans le creux de la main.

Remarquez que cela fait un bon bout de temps que ça dure. Mais à quelques heures du repêchage d’expansion le plus généreux de l’histoire de la LNH, McPhee a le plein contrôle des opérations hockey non seulement de son club, mais également de plusieurs des 30 autres formations. Pour ne pas dire l’ensemble des 30 autres formations.

Fleury et beaucoup d’autres...

Quand on consulte la liste des joueurs disponibles, il est clair que les Golden Knights seront compétitifs dès leur entrée dans la LNH.

Non! Ils ne devraient pas accéder aux séries, voire causer des surprises une fois en séries.

Mais à la lumière des noms disponibles, McPhee aura les moyens de profiter du repêchage dont il rêve depuis le jour de son embauche pour non seulement sélectionner des joueurs qui donneront des résultats immédiats aux Knights, mais aussi d’autres qui l’assureront de bâtir une organisation solide bien plus rapidement qu’on pourrait le croire.

Si, comme moi, vous avez fait le tour une, trois, cinq fois de la liste des joueurs disponibles, vous avez déjà fait vos choix.

Vous avez identifié Marc-André Fleury comme premier gardien numéro un de l’histoire de la LNH. Vous lui avez donné Antti Raanta comme adjoint. À moins que vous ayez préféré Roberto Luongo, Mike Condon, Al Montoya ou Louis Domingue. McPhee et ses adjoints ont l’embarras du choix.

Devant Fleury, vous vous frottez les mains avec une brigade qui pourrait compter sur Sami Vatanen, Matt Dumba ou Marco Scandella, Trevor Van Riemsdyk ou Xavier Ouellet. Sans oublier Marc Methot et la foule de défenseurs d’expérience qui pourraient facilement, et très adroitement, venir soutenir le groupe de jeunes défenseurs.

À l’attaque? Josh Bailey – les Islanders sont le seul club de la LNH à avoir protégé seulement trois attaquants — est disponible. Tout comme son coéquipier Ryan Strome. Jonathan Marchessault, qui a connu une saison du tonnerre en Floride, Pontus Aberg et Colton Sissons qui nous a offert une bonne idée de leur talent en finale de la Coupe Stanley, Charles Hudon qui attend sa chance de marquer des buts dans la LNH comme il l’a fait dans tous les circuits dans lesquels il a évolué depuis qu’il est tout jeune, Jesper Fast, des Rangers, Bryan Rust, des Penguins, le Québécois Yanni Gourde sont tous disponibles également.

Champions en titre de la coupe Stanley, Nick Bonino et Carl Hagelin sont à vous si vous les voulez.

Vous êtes prêts à prendre des chances avec des gars d’expérience en fin de carrière ou qui sont trop payés? Jaromir Jagr est dispo. Michael Cammelleri aussi. Tout comme James Neal, Dustin Brown, Bobby Ryan et autres Patrick Sharp.

Vous voulez du caractère? Brian Boyle, Casey Cizikas, Kyle Clifford, Riley Sheahan, Luke Glendenning et une belle bande de joyeux lurons n’attendent qu’une sélection des Golden Knights pour venir lancer le hockey de la LNH à Las Vegas.

Chant des sirènes

C’est là où vous, moi et les Golden Knights devons résister au chant des sirènes. C’est là où ils doivent prendre le repêchage d’expansion aux deuxième et même troisième niveaux.

Tenez : Sami Vatanen est disponible. Mais ce jeune est si prometteur, que je ne vois pas comment les Ducks peuvent avoir accepté de le placer sur la liste de joueurs disponibles au lieu de simplement racheter le contrat de Kevin Bieksa. C’est ce que les Rangers et l’Avalanche ont fait avec Dan Girardi et François Beauchemin. C’est sans doute ce que les Sénateurs d’Ottawa auraient fait avec Dion Phaneuf s’ils en avaient les moyens financiers.

Si Vatanen est là, j’ose croire que c’est parce que les Ducks se sont entendus avec Vegas sur les modalités d’un pacte de non-agression. Tu ne touches pas à Vatanen et je te donne deux autres prospects moins attrayants ou des choix au repêchage.

Même chose au Minnesota, où le Wild, même s’ils sont très forts à la ligne bleue, ont certainement dû trouver une façon de « protéger » Matt Dumba avec une transaction parallèle. Peut-être même Scandella aussi.

Les Sénateurs n’avaient peut-être pas les millions $ nécessaires pour racheter le contrat de Phaneuf et ainsi protéger Méthot, mais ils ont des espoirs qui pourraient leur permettre d’y arriver.

Et si les Rangers tiennent à Raanta comme dauphin à Henrik Lundqvist, ils ont peut-être mis des noms et des choix au repêchage sur la table pour convaincre George McPhee de regarder ailleurs.

C’est pour toutes ces raisons que je vous assure que McPhee a le plein contrôle de la LNH en ce moment.

Décideur et entremetteur

Mais ça va plus loin. Beaucoup plus loin même.

Un gars comme Tomas Plekanec coûte cher et il est en fin de carrière. Mais il demeure un joueur de centre sur qui tous les coachs de la LNH aimeraient compter. Pas comme premier centre. Pas comme deuxième non plus.

Mais comme troisième. Ça se bousculerait je vous l’assure. Malgré le salaire? Avec un an à faire, pas de doute là-dessus.

McPhee pourrait donc faire coup double : il pourrait obtenir des compensations du Canadien en donnant l’assurance à Marc Bergevin qu’il sélectionnera Plekanec et le libérera de son contrat.

Il pourrait ensuite se tourner et l’offrir à qui en veut autour de la Ligue. Que ce soit avant la saison, en début de campagne en raison de blessures ou à la date limite des transactions alors que plusieurs clubs seront prêts à surpayer pour obtenir profondeur et expérience, les Golden Knights pourraient facilement recevoir un choix de deuxième ronde, peut-être même de première, en retour de Plekanec.

Ce qui est vrai pour le vétéran joueur de centre du Canadien, l’est tout autant pour le défenseur Tobias Enstrom des Jets de Winnipeg.

À courte vue, Ernstrom n’est pas le joueur le plus attrayant offert par les Jets. Mais à sa dernière année de contrat, il est peut-être celui qui rapportera le plus de dividendes aux Knights s’ils décident de le sélectionner.

Et c’est là toute la beauté du repêchage d’expansion.

Derrière toutes les décisions qui seront prises lors de la sélection des 30 joueurs qui seront pigés au sein des listes fournies par les 30 équipes, plusieurs autres décisions ont été prises par McPhee et ses homologues depuis un, deux, trois mois.

En plus d’élaborer la structure de son équipe, ce qui est en soi une grosse tâche, McPhee peut jouer les entremetteurs entre les équipes de la LNH.

« Tu veux tel gars au sein de telle équipe et tu n’es pas capable de l’obtenir? Je vais aller te le chercher et te le donner en retour d’un pourcentage qui sera ici un joueur, là un choix au repêchage. Tu veux que je te libère d’un gros contrat? OK! Ça va te coûter ceci ou cela. Tu ne veux pas que je touche à ton jeune espoir que tu n’arrives pas à protéger? Pas de problème : fais-moi une offre que je ne peux pas refuser. »

Ces phrases, McPhee a dû les prononcer mille fois au cours des dernières semaines. Il va les prononcer tout autant d’ici la sélection de ses premiers joueurs.

Parce que la Ligue nationale de hockey est actuellement entre les mains des Golden Knights de Las Vegas.

En raison des ordres donnés par la LNH, ordres qui interdisent aux équipes de dévoiler la nature et les détails des transactions conclues au fil des dernières semaines, il est impossible de savoir tout ce qui se grenouille en dessous du simple repêchage d’expansion.

Les confirmations qui tomberont lors de l’annonce des 30 sélections et surtout les transactions qui tomberont en cascade après cette sélection initiale auront des répercussions importantes non seulement à Las Vegas, mais aux quatre coins de la LNH dès la saison prochaine.

Et le Canadien dans tout ça?

La seule chose qui m’intéressait était de voir s’il protégerait Radulov afin de conserver son privilège de négociation exclusive avec lui d’ici le premier juillet.

Il ne l’a pas fait.

Ça ne veut pas dire que le Canadien ait fait une croix sur lui. Ça non. Mais ça confirme qu’il est bien conscient que le Russe – et c’est son plein droit – fera monter les enchères et qu’il obtiendra sans doute les offres de contrat que le Tricolore refusera d’égaler.

D’où l’importance de travailler plusieurs dossiers de front. Les deux prochaines semaines seront débordantes de changements et chambardements et le Canadien ne peut se permettre de simplement les regarder passer.

Il a donné un grand coup déjà avec l’acquisition de Jonathan Drouin, il s’est débarrassé d’un problème avec Nathan Beaulieu, il doit continuer à s’améliorer à l’attaque et aussi à la ligne bleue. Surtout s’il perd Alexei Emelin au repêchage d’expansion. Mais j’ai l’impression – et ce n’est qu’une impression – qu’il sera encore avec le Canadien mercredi soir.

On verra.