BUFFALO – Pourquoi n’entend-on pas davantage parler d’Alex Beaucage?

À deux semaines du repêchage de la Ligue nationale de hockey, le nom de l’attaquant des Huskies de Rouyn-Noranda continue de passer sous le radar. Les discussions visant à déterminer les joueurs de la LHJMQ qui seront les plus courtisés sur le plancher du Rogers Arena de Vancouver incluent invariablement les trois ou quatre mêmes joueurs et Beaucage n’en fait pas partie.

Pourtant, les chiffres qu’il a étalés cette saison se comparent avantageusement à ceux de ses pairs. Le natif de Trois-Rivières a inscrit 39 buts et 79 points en 68 matchs à sa deuxième saison dans le circuit Courteau. Parmi les joueurs qui viennent de conclure leur « année de repêchage », ces totaux ne sont excédés que par Jakob Pelletier, des Wildcats de Moncton, et Nathan Légaré, du Drakkar de Baie-Comeau. La moyenne de 1,16 point par match de Beaucage en saison régulière fut sensiblement la même que celle de Raphaël Lavoie, des Mooseheads de Halifax.

Beaucage, qui ne célébrera pas ses 18 ans avant la fin juillet, est le plus jeune de ce groupe auquel on pourrait aussi inclure Samuel Poulin, du Phoenix de Sherbrooke. Et déjà, il a à son CV des conquêtes de la Coupe du Président et de la Coupe Memorial.

Alors pourquoi? Pourquoi n’entend-on pas davantage parler de lui?  

« Ça, c’est votre problème! », nous répond amicalement un recruteur de la LNH à qui on a posé la question. Ce n’est pas ma faute à moi si vous n’en parlez pas! »

« C’est sûr qu’il était peut-être dans l’ombre de certains, convient ensuite notre observateur. On peut spéculer sur bien des choses, mais moi je l’ai regardé toute l’année, je l’ai vu jouer autant que les autres. C’est un gars qui a un potentiel. Il a des choses à améliorer, mais je te le dis, il est dans la parade. »

Beaucage est conscient de son retard sur la liste des pronostiqueurs. On a commencé à lui en parler cet hiver, alors qu’il a été écarté de la liste d’invitations pour les rendez-vous annuels des meilleurs espoirs du hockey junior canadien. Les choses n’avaient pas beaucoup évolué lors de son passage au camp d’évaluation de la LNH la semaine dernière à Buffalo, où il est arrivé comme le 64e joueur le plus prometteur sur la liste nord-américaine de la Centrale de recrutement.

En guise de comparaison, Lavoie, Poulin et Pelletier y apparaissent respectivement aux 20e, 22e et 27e rangs.

« Ça ne me dérange pas trop, réagit le sympathique Trifluvien. La pression est peut-être moins là à cause de ça, c’est peut-être ça l’avantage. Une couple d’équipes m’ont dit la même chose, on ne comprenait pas pourquoi j’étais un peu underraté. On me demandait si j’avais des raisons pour l’expliquer. »

Une question de visibilité

Une hypothèse populaire veut que Beaucage, un ailier de 6 pieds 1 pouce et 193 livres, ait profité d’un collectif fort pour engraisser sa fiche personnelle. Qu’il se soit appuyé sur le talent de vétérans établis comme Peter Abbandonato et Joël Teasdale pour se faire un nom. L’argument n’est pas dénué de mérite, mais il aussi ses failles. En fait, Beaucage a vu ses responsabilités diminuer en deuxième moitié de saison après que les Huskies eurent marqué leur territoire sur le marché des transactions.    

« Avant que Mario [Pouliot] arrive [au poste d’entraîneur-chef], il m’avait appelé durant l’été et il m’avait dit que je serais un joueur important pour l’équipe, qu’il avait confiance en moi. Et pendant l’année, il l’a prouvé. Il me donnait beaucoup de temps de jeu, même avec l’équipe qu’on avait. Ça m’a aidé à répondre aux attentes. Vers la fin de l’année, sans dire que mon rôle a changé, j’ai eu un peu moins de temps de glace, mais je pense que peu importe qui était sur la glace pour nous cette année, tout le monde pouvait faire la job. »

« Il a eu un début de saison extraordinaire et je pense qu’il a maintenu la cadence, partage notre observateur. La seule chose que je peux dire, c’est qu’il a peut-être obtenu moins de visibilité offensivement, notamment sur l’avantage numérique. Mais ça, ce n’est pas vraiment de sa faute. Avec plus de profondeur, c’est lui qui a écopé, mais je ne pourrais pas dire qu’il a arrêté de progresser, qu’il a atteint un plateau. »

On dit de Beaucage qu’il possède des habiletés de compteur naturel, un tir « au-dessus de la moyenne pour un joueur junior » et des qualités de fabricant de jeu sous-estimées. Son plus gros handicap est sa vitesse, une évaluation avec laquelle il se dit lui-même « très d’accord. »

« Un coup que j’ai mon erre d’aller, je ne suis pas lent, relativise-t-il. Je pense que j’ai quand même une bonne vitesse, mais c’est de me rendre à cette vitesse-là. Les trois premiers coups de patin, mon explosion, c’est ce que je dois améliorer. »

« Mais ce n’est pas une lacune majeure, assure notre source. Ça fait deux ans que je le suis et j’ai vu une amélioration au niveau de son patin. Ce n’est pas un point vraiment négatif. »

Beaucage n’est pas totalement satisfait de la façon dont il a terminé son parcours dans les séries éliminatoires de la LHJMQ – il a cumulé 16 points en 16 matchs – et dont il a amorcé le tournoi de la Coupe Memorial, mais il croit néanmoins que cette vitrine de luxe pourrait lui avoir procuré un petit avantage sur la compétition et l’aider à gagner quelques points dans l’œil des évaluateurs.

« C’est sûr j’ai eu plus d’attention que les autres et je pense que rendu là, ce n’est plus juste des scouts qui sont là, mais aussi membres importants des organisations. Pour la visibilité, ça ne peut pas nuire. Le fait d’avoir remporté deux championnats non plus. Mais honnêtement, j’essaie de ne pas trop y penser. Tous les gars qui sont ici ont une très bonne chance d’être repêchés tôt. »