Misérables sur la patinoire, les Oilers d’Edmonton sont toutefois très chanceux à la loterie. Après avoir « volé » Connor McDavid aux Sabres l’an dernier en se faufilant devant Buffalo qui avait terminé au 30e et dernier rang du classement général tout juste devant Edmonton, les Oilers pourraient jouer le même tour en juin prochain aux Maple Leafs. Des Leafs qui font tout leur possible pour terminer dans la cave cette année tout juste derrière... les Oilers.

S’ils gagnent le loto Auston Matthews, les Oilers hériteront du tout premier choix pour une cinquième fois depuis 2010. Plusieurs directeurs généraux et des membres de l’état-major de la LNH commencent à trouver que les dés sont pipés en faveur d’Edmonton. Ainsi, pour éviter que les Oilers deviennent des gagnants à vie à la loterie à défaut de l’être sur la patinoire, la Ligue et ses DG étudient des scénarios selon lesquels une équipe ne pourrait gagner la loterie deux ans de suite.

Un club qui terminerait 30e deux ans de suite pourrait garder son premier choix. Mais une équipe ne pourrait passer par-dessus ses rivales deux ans de suite simplement en raison du hasard.

Selon le nouveau système qui sera implanté cette année, le club qui terminera au 30e rang aura 20% de chance de gagner la loterie et d’obtenir la toute première sélection.

Le club qui terminera 29e aura 13,5 % de chance, le 28e 11,5 % et ce pourcentage diminuera jusqu’à 1% pour le club qui terminera au 17e rang du classement général. Contrairement aux dernières années, non seulement le premier choix sera octroyé par le biais de la loterie, mais les trois premiers seront distribués par le biais du tirage. Le club qui terminera 30e pourrait donc se retrouver au 4e rang en perdant les trois premiers tirages.

L’idée d’empêcher une équipe de gagner la loterie plus d’une fois semble raisonnable. Et bien que le sujet n’ait pas été officiellement débattu au cours des trois journées de la réunion des directeurs généraux en Floride, l’idée semble faire son petit bonhomme de chemin dans les coulisses.

Pourquoi récompenser les perdants 

Les modifications apportées à la loterie réduiront cette année les chances de victoire du club de 30e place. Le système actuel récompense toutefois encore les perdants. Il incite donc les équipes qui savent qu’elles n’ont pas de chance d’accéder aux séries de piquer « volontairement » du nez au lieu de se battre pour gagner.

À ce titre, la victoire des Oilers à la loterie l’été dernier a permis de rabrouer un brin ou deux les Sabres qui avaient clairement, bien que non officiellement, laisser aller la saison pour maximiser leurs chances d’obtenir Connor McDavid. Ils ont dû se contenter de Jack Eichel. Un très beau prix de consolation cela dit.

On pourrait souhaiter pareille déveine aux Maple Leafs cette année en raison de leur stratégie évidente de plonger au classement.

À ce titre, pourquoi ne pas offrir une chance égale à toutes les équipes exclues de séries d’obtenir le premier choix? En adoptant un tel scénario, on cesserait de récompenser automatiquement les perdants. On inciterait même tous les clubs à se battre pour une place en séries au lieu de se battre pour le dernier rang du classement. Ce qui assurerait du hockey de meilleure qualité, ou à tout le moins du hockey plus pertinent, aux amateurs.

Doug Wilson accepterait volontiers un pareil changement. «Les clubs qui se battent jusqu’à la fin pour accéder aux séries devraient être mieux récompensés qu’ils ne le sont actuellement. On est dans un business axé sur la victoire et non sur les défaites. Ça devrait se refléter dans toutes les facettes de notre sport», a commenté le directeur général des Sharks de San Jose à sa sortie de la salle de réunion mercredi.

« Ce serait une grave erreur », a vivement répliqué Tim Murray, son homologue des Sabres de Buffalo.

« Chaque année, il y a un ou deux gros clubs qui ratent en séries en raison de blessures ou simplement parce qu’ils ont connu des ennuis sur la glace. Mais ils demeurent de bonnes équipes de hockey et le prouvent très souvent en rebondissant dès la saison suivante. Si toutes les équipes exclues avaient la même chance d’obtenir le premier choix, ces gros clubs pourraient être nettement avantagés en obtenant le premier choix au détriment de petites équipes qui ont absolument besoin du repêchage pour se rebâtir », a plaidé Murray.

Abandon vs saine gestion

Quant au fait que les Maple Leafs ont piqué du nez en larguant des joueurs et des contrats cette année tout comme Murray l’a fait lui même l’an dernier à Buffalo, le directeur général des Sabres assure qu’il s’agit là d’une saine gestion et non d’un abandon.

« Quand tu sais que tu n’as plus de chance de faire les séries, tu serais un mauvais gestionnaire en gardant des joueurs que tu serais susceptible de perdre sans rien obtenir en retour après la saison. Les choix au repêchage sont un trésor dans la LNH d’aujourd’hui. J’ai vendu des joueurs l’an dernier pour obtenir tous ces choix. Et les Maple Leafs ont fait la même chose. C’est maintenant à moi de repêcher le mieux possible ou de me servir de ces choix en guise de monnaie d’échange pour améliorer mon équipe. Parfois, un ou deux pas en arrière t’offrent la chance d’améliorer bien plus ton équipe que le simple Statu Quo. Ce que tu décris comme une décision de perdre volontairement et bien plus à mes yeux une saine gestion des effectifs. Et avec le système actuel qui ne donne que 20 % des chances à l’équipe de dernière place d’obtenir le premier choix, le fait de plonger au classement ne t’assure pas vraiment le premier choix. Même pas les trois premiers. Inversement, les équipes qui ont flirté avec les séries jusqu’à la fin ou des chances de gagner. Des chances minces, mais des chances quand même. Je crois que le système comme il est actuellement est juste et équitable. Beaucoup plus que si on offrait des chances égales d’obtenir le premier choix à tous les clubs exclus des séries. »

Questionné à sa sortie de la salle de réunion, Bill Daly a indiqué qu’il avait revu avec les directeurs généraux les nouveaux paramètres du repêchage. « Il n’a toutefois pas été question de changements éventuels à y apporter. De fait, comme ce sera la première fois que nous irons avec une loterie pour déterminer la sélection des trois premiers choix, attendons de voir comme ce déroulera cette première expérience avant de songer aux modifications à apporter », a conclu le bras droit du commissaire Gary Bettman.