MONTRÉAL – Samuel Morin se doutait bien l’an dernier qu’il n’en avait plus pour longtemps sur les patinoires de la LNH.

« Ce n’était pas normal d’avoir de la misère à marcher après une game. »

Malgré une déchirure du ménisque de son genou droit, auquel il avait déjà été opéré à deux reprises dans sa carrière, le colosse des Flyers de Philadelphie a toutefois serré les dents. Pour son équipe, pour ses coéquipiers, mais surtout pour l’amour qu’il vouait à son sport.

« J’adorais ça. Les pratiques, l’entraînement, le gym, être avec les gars sur la route, les restaurants... Tout ça, c’était quelque chose auquel je m’accrochais. Je jouais dans la Ligue nationale, mais vers la fin de l’année passée, mon genou n’allait pas bien. J’avais mal et je ne savais pas combien de temps il me restait à jouer au hockey. »

C’est le 8 mai 2021, près de 8 ans après avoir été un choix de premier tour des Flyers (11e), que le défenseur de 6 pi 6 po et 202 lb aura finalement joué son 29e et dernier match en carrière dans la LNH à l’âge de 25 ans. Une blessure à ce même genou droit subie avant le début du dernier camp d’entraînement l’aura finalement forcé à se rendre à l’évidence.

« J’avais besoin d’une autre chirurgie en octobre. À ce moment-là, ils m’ont dit que les chances que je sois correct étaient de 50/50. Après un mois, je voyais bien que ça n’allait pas bien. Je suis allé voir un docteur à New York aux alentours de Noël et il m’a dit que je devrais tout stopper et arrêter de jouer. »

Annoncée officiellement mardi par le directeur général des Flyers Chuck Fletcher lors de son bilan de fin de saison, la retraite de Morin était décidée depuis plusieurs mois déjà, si bien que l’ancien de l’Océanic de Rimouski a eu le temps de se faire à l’idée et de faire la paix avec son cruel destin.

« Dans la vie, il faut être capable de se répondre à soi-même et de se regarder dans le miroir avant d’aller au lit. J’ai absolument tout donné. Absolument tout. J’ai joué blessé pendant tellement longtemps », a-t-il confié jeudi, en visioconférence, dans la bonhommie à laquelle il a habitué les membres des médias.

« Je n’ai pas honte de moi. Je n’ai pas de regrets. »

Hypothéqué à vie

Retraité à 26 ans, Morin s’est fait à cette idée. Ce fut difficile, mais inévitable.

« C’est pour mon bien, parce qu’honnêtement, la douleur dans laquelle j’étais, ce n’était pas quelque chose de normal. Même aujourd’hui, mon genou est hypothéqué à vie. Je ne suis plus capable de faire ce que je faisais avant, comme courir, à juste 26 ans. C’est pas l’fun, mais je peux quand même faire des affaires, du vélo et des choses de même, mais il faut vraiment que je fasse attention. »

Morin se tourne donc déjà vers l’avenir. Il est de retour au Québec, où il vient de se porter acquéreur d’une maison située à une vingtaine de minutes de celle de ses parents.

« Je me suis vraiment ennuyé de ma famille au fil des dernières années. Avec la COVID, j’ai dû rester à Philly pour m’entraîner parce qu’au Québec tout était fermé. En ce moment, mon état mental est très bon. J’ai un très bon support ici au Québec. »

Quand il sera prêt, Morin ébauchera un nouveau plan de carrière qui pourrait bien passer par les Flyers. Déjà, mardi, Chuck Fletcher se disait disposé à lui faire une place dans son organisation.

« Je voulais juste lui donner un peu de temps; la route a été longue pour lui », a déclaré le DG. « C'est très émouvant quand vous voyez votre carrière s'éloigner à cause de choses que vous ne pouvez pas contrôler. »

Quelle forme prendra cette deuxième carrière? Morin n’en a pour l’instant aucune idée, mais elle sera liée au hockey. Sûr et certain.

« Le hockey, c’est ma vie et il va rester dans ma vie. Je veux rester dans le hockey, je l’ai dit à mes parents. J’aime ça, j’aime vraiment ça. [...] Dans la vie, parfois, des choses surviennent, mais il faut continuer à avancer. Je suis jeune, j’aurai 27 ans bientôt et j’ai tellement de choses qui m’attendent que j’ai hâte de vivre », a-t-il raisonné, avant de laisser entendre que vous risquez de le revoir dans un aréna près de chez vous.

« Je veux être au Québec, je veux voir ma famille. Je vais prendre la meilleure décision pour moi parce que je pense que je le mérite. Je veux être heureux. »