DALLAS – Tout au long de la saison, Olivier Rodrigue s’est dit qu’il ne serait pas repêché par les Oilers d’Edmonton, l’organisation pour laquelle son père agit en tant qu’entraîneur du développement des gardiens. Après tout, les Oilers ont fait le plein à cette position dans les dernières années.

 

Mais il y avait toujours un petit « et si » qui s’accrochait dans ses pensées et la magie du repêchage a opéré de nouveau. Avant l’annonce du 62e et dernier choix de la deuxième ronde, une transaction a été annoncée permettant aux Oilers d’acquérir cette sélection de la part du Canadien.

 

Immédiatement, le battement cardiaque de Rodrigue a grimpé en flèche. Et si les Oilers venaient de s’approprier le choix nécessaire pour le sélectionner, se disait-il. Il a bien fait d’y songer car c’est exactement ce qui s’est produit dans une scène faisait penser à la sélection d’Anthony Brodeur par les Devils du New Jersey ou celle de Daniel Audette par le Canadien.

 

« C’est vraiment spécial, ça fait chaud au cœur qu’ils aient fait une transaction pour venir me chercher. Ça fera différent de travailler avec mon père, mais ça va amener de belles choses je crois », a exprimé Rodrigue qui s’est fait arracher des larmes par ces grandes émotions.

 

On le répète, cette sélection semblait pratiquement impossible. Les deux hommes avaient été bien honnêtes à ce sujet dans ce profil.

 

« Pour être franc, je ne pensais pas que ce serait avec eux. Je connais les gardiens qu’ils ont repêchés », a admis Rodrigue encore sous le choc après de belles minutes précieuses en famille.

 

Le jeune gardien de 17 ans s’est présenté aux médias suivi de son père qui avait un immense sourire figé au visage.

 

« C’est un feeling très spécial. Keith Gretzky (le directeur général adjoint des Oilers) est tout de suite venu me taquiner en disant ‘Je te l’avais dit !’ Mais ce n’est pas vrai, il ne m’avait rien dit. C’est vraiment le fun », a raconté Sylvain qui voyait que son fils commençait à trouver le temps long dans les gradins en tant que premier gardien classé en Amérique du Nord.

 

Ce moment privilégié va même se poursuivre au cours des prochains puisque les Oilers sont l’une des équipes à tenir leur camp de développement immédiatement après le repêchage. Sylvain avait donc déjà son billet d’avion en poche pour Edmonton tandis qu’Olivier avait apporté son équipement à Dallas en sachant qu’il pourrait repartir avec l’une de ces formations.

 

Ainsi, le fils et le père vivront cette étape fascinante ensemble.

 

« J’avoue que j’avais déjà pensé à la possibilité de me retrouver sur la glace avec lui, je ne suis pas fou quand même. Je savais que l’organisation l’aimait et que son entrevue s’était bien passée », a confié le père qui a joué pour les Saguenéens de Chicoutimi.

 

« Ça va être différent avec mon père! »

La décision des Oilers fait aussi en sorte qu’une nouvelle dimension s’est ajoutée à la relation entre les deux hommes. Fini l’époque où Sylvain se contentait de prodiguer quelques conseils pour agir en tant que père avant tout. Maintenant, il devient son entraîneur.

 

« Je pense qu’il va falloir s’asseoir ! », a lancé Sylvain en riant. « C’est ma femme qui lui avait demandé comment il allait si les Oilers finissaient par le repêcher. Maintenant, je dois faire mon travail. Il n’y a plus de pu ‘ C’est mon gars…’. Il le sait et il avait répondu à ma femme que ce serait différent parce que j’allais le pousser, mais que ce serait pour le rendre meilleur. »

 

Le gardien des Voltigeurs de Drummondville pourra toujours compter sur son père quand il en aura besoin, mais il sait qu’il ne recevra aucun privilège dans le contexte du hockey.

 

À l’image des autres gardiens de la pépinière des Oilers qui aspirent à la LNH, Rodrigue devra essayer de s’imposer.  

 

« Ça crée une compétition, mais, comme je le dis aux jeunes, tout le monde se pousse dans la LNH pour voir qui se démarquera. C’est aux jeunes de faire leur chemin. Nous, on est là pour les aider, mais c’est eux qui font le reste », a mentionné Sylvain.

 

Une bonne nouvelle réside dans le fait que l’entraîneur des gardiens n’aura pas besoin de décortiquer le travail de son fils pour déterminer ses forces et ses faiblesses.

 

« Il devra apprendre à composer avec beaucoup de circulation devant et autour de lui. On sait qu’il n’a pas un énorme gabarit, mais il a démontré qu’il peut survivre dans ce milieu avec ses autres qualités. Il a évité les blessures même en jouant beaucoup de matchs (plus de 70 en comptant les rendez-vous internationaux). C’est assez rare de voir un gardien qui a déjà joué 100 matchs dans la LHJMQ à 17 ans », a fait remarquer son père.