CHICAGO – De plus en plus, les joueurs de la LNH observent ce qui se passe dans les autres sports professionnels majeurs et ils remarquent des éléments intéressants comme la vitrine que la NBA offre à ses athlètes. D’autre part, une retraite hâtive de la NFL, comme celle d’Andrew Luck, les fait réfléchir.

 

Il y a mille et une façons de le recenser, mais c’est une évidence que les grands noms de la NBA, de la NFL et du Baseball majeur sont devenus des vedettes avec un rayonnement nettement plus imposant que leurs homologues de la LNH.

 

D’abord et avant tout, le hockey ne jouit pas de la même popularité à travers le monde. Mais ce serait se mettre la tête dans le sable de croire que c’est la seule explication. En fait, plusieurs joueurs clés de la LNH veulent justement arrêter de se cacher. Ils souhaitent profiter de la puissance des réseaux sociaux et des médias pour se faire connaître davantage.

 

Il s’agit d’un comportement qui détonne avec la tradition plus sobre du hockey, mais la plupart des représentants de la nouvelle génération de joueurs s’en fichent. Ils ne désirent pas tous être exubérants comme l’exception à la règle, un certain P.K. Subban, mais ils sont en quête d’une plus grande reconnaissance.

 

Taylor Hall l’a d’ailleurs revendiqué haut et fort durant la finale de la NBA. Le patineur de 27 ans a été frappé par le côté « spectacle » de la NBA qui met en valeur ses vedettes soir après soir. On a également vu Auston Matthews et Mitch Marner se prêter, avec grand plaisir, à une publicité plus personnalisée.

 

Subban adore déjà qu’on lui pose cette question. Ça démontre que l’ouverture se crée graduellement.

 

« Je souhaite qu’on laisse davantage les joueurs être eux-mêmes. On le voit présentement, les gars sont plus à l’aise de partager leurs opinions », a lancé Subban d’emblée.

 

Bien au fait de la situation, il s’est empressé d’enchaîner avec une précision.  

 

« Ceci dit, il y a plusieurs choses qu’on ne veut pas changer dans notre milieu. Des choses qui rendent le hockey de la LNH un meilleur sport que les autres ligues professionnelles. Je pense à la camaraderie entre les joueurs. Je ne sais pas exactement comment ça se passe dans les vestiaires des autres sports, mais je peux confirmer qu’il y a des enjeux qui ne sont pas présents dans la LNH. On est heureux de ça », a précisé le nouveau membre des Devils du New Jersey.

 

Le numéro 76 tient mordicus à son image de marque et il souhaite propulser sa valeur et celle de ses pairs à un autre niveau.

 

« On doit quand même regarder les autres sports dans lesquels les joueurs sont payés des centaines de millions. J’ai vu des progrès depuis que je suis dans la LNH. Je comprends aussi que ça s’explique par plus que du marketing. Après tout, tout le monde a besoin d’une paire de souliers de sport et ça permet à ces grandes compagnies d’investir des fortunes sur le basketball », a témoigné Subban.

 

Sa notoriété n’est pas la même à l’extérieur du hockey, mais le défenseur des Bruins de Boston, Torey Krug, adore partager son avis, c’est plus fort que lui.

 

« C’est important qu’on montre nos personnalités et qu’on soit plus honnêtes. Dans les autres ligues, c’est bien accueilli et encouragé. C’est important que les gens expriment leur point de vue », a convenu le courageux gaucher.

 

Jonathan Marchessault évolue dans le marché particulier de Las Vegas où les comportements à la Subban et Krug sont recherchés et moussés. Ça ne l’empêche pas de conserver une certaine prudence.

 

« Il y a moins de joueurs par équipe dans la NBA et ce sont souvent deux ou trois joueurs qui se démarquent. La LNH, ce n’est pas à propos d’un gars ou deux. C’est pour ça qu’on n’a pas de capitaine, on croit qu’on est une équipe et tous des meneurs, on se respecte tous », a indiqué Marchessault qui se reconnaît moins dans ce profil.

 

Auston MatthewsÀ 23 ans, l’Américain Dylan Larkin se sent plus à l’aise dans le circuit Bettman. Ils encouragent les autres joueurs à se rapprocher des partisans, mais il n’est pas du style à vouloir attirer les réflecteurs via les réseaux sociaux.

 

« Il y a des tonnes de façons de faire grandir la LNH. Dans la NBA, les joueurs sont plus ouverts sur les réseaux sociaux. Ils partagent leur vie très souvent alors que c’est moins le cas au hockey. J’apprécie ce que P.K. fait pour lui et la LNH. Il le fait de manière professionnelle », a jugé l’attaquant des Red Wings de Detroit.

 

Matthews retire bien plus de plaisir avec de telles initiatives. Il fallait l’entendre parler avec joie de sa spectaculaire nouvelle moustache pour le réaliser.

 

« Il y a beaucoup de place pour l’amélioration sur bien des choses, des choses que d’autres ligues font contrairement à nous. La NBA est très bonne pour ça. On doit continuer de « vendre » les joueurs qui doivent montrer des choses d’eux à l’extérieur de la patinoire », a suggéré le gros nom des Maple Leafs de Toronto.

 

Le discours de Nikolaj Ehlers, des Jets de Winnipeg, ne se dirige pas dans la même direction. 

 

« Je trouve que la LNH et les joueurs autour, tout est bien. Les gens disent que ça peut être mieux, mais j’aime jouer dans la LNH comme c’est présentement. J’aime qu’on doive porter des complets pour aller aux matchs, je trouve que ça paraît bien même si ce ne sont pas tous les joueurs qui sont d’accord », a ciblé Ehlers. 

 

Crosby peut comprendre Luck

 

Tout n’est pas rose non plus dans la NBA, la NFL ou le Baseball majeur comme le précisait Subban. Le choc provoqué par la retraite de Luck, le quart vedette de 29 ans des Colts d’Indianapolis, n’a fait que le rappeler.

 

S’il y a bien un joueur de la LNH qui peut comprendre le calvaire à endurer lors de blessures qui s’éternisent, c’est Sidney Crosby. Le spectre de la retraite a été associé quelques fois à Crosby lorsque les blessures l’ont affecté sérieusement à la mi-vingtaine.

 

« J’étais surtout un peu déçu de voir un athlète si jeune et si talentueux ne pas être en mesure de faire ce qu’il aime dans la vie. On peut voir dans ses commentaires qu’il n’en pouvait tout simplement plus. Comme athlète, on peut tous comprendre un peu ce qu’il a vécu, mais pas au même degré. C’est difficile à voir et je me sens mal pour lui. On ne sait jamais, peut-être qu’il  pourra revenir après du repos pendant quelques années », a commenté Crosby.

 

Cette histoire a fait réfléchir John Gibson, le gardien des Ducks d’Anaheim.

 

« Tout le monde vit des trucs dans sa vie personnelle. Il faut penser à sa vie après le sport et je crois qu’il a pris la meilleure décision pour sa santé, sa famille et son avenir. Les gens pensent qu’on est immunisés contre les problèmes du quotidien, mais ce n’est pas le cas. Ils peuvent nous critiquer, mais ils ne savent pas ce qu’il a vécu. Au final, tu dois faire le mieux pour toi et ta famille », a conclu le cerbère de 26 ans.