PHILADELPHIE - Miné par des blessures en cascade à un muscle de la hanche et à une déchirure du ligament croisé antérieur de son genou droit, Samuel Morin n’a disputé que 24 matchs au cours des deux dernières saisons : 17 avec les Phantoms de Lehigh Valley dans la Ligue américaine, sept avec le grand club à Philadelphie où il n’a chaussé les patins que huit fois depuis son arrivée chez les pros et où il est toujours en quête d’un premier point.

 

Choix de première ronde des Flyers en 2013 (huitième sélection), le Québécois âgé de 24 ans touche du bois : il est aujourd’hui en forme et en santé. Il est d’attaque pour offrir des performances susceptibles de lui permettre d’enfin justifier la confiance que les Flyers lui ont démontrée il y a six ans en le préférant à Max Domi que les Coyotes de l’Arizona ont repêché tout juste après la sélection de Morin. De justifier sa sélection devant les défenseurs Josh Morrissey (223 matchs), Ryan Pullock (166 matchs), Nikita Zadorov (292 matchs), Mirco Mueller (135 matchs) et Shea Theodore (193 parties) qui ont tous de grandes longueurs d’avance devant lui malgré le fait qu’ils ont été repêchés plus tard en première ronde en 2013 par les Jets, les Islanders, les Sabres, les Sharks et les Ducks.

 

Croisé dans le vestiaire occupé par les joueurs écartés de la formation établie pour affronter les Bruins de Boston en soirée, Morin était très au fait des nombreuses questions et sérieux doutes associés à son statut avec les Flyers. À son avenir à Philadelphie. Il est tout aussi conscient du retard accumulé au fil des dernières années.

 

Les yeux rivés sur un avenir meilleur

 

Mais il s’assure d’y penser le moins possible. De ne pas laisser ces doutes, ces questions et ce retard le ralentir plus encore que les blessures l’ont fait au fil des deux dernières saisons.

 

« Je crois encore en mes chances d’atteindre la LNH et d’y faire carrière. Mais avec toutes ces blessures, je sais que je dois encore recommencer à zéro. Quand je suis arrivé à mon premier camp, je suis resté très longtemps. Lors de mes deux, trois, quatre premiers essais j’ai toujours été parmi les derniers coupés. Je faisais partie de l’avenir de l’équipe. J’avais une place qui m’attendait. Aujourd’hui, d’autres jeunes frappent à la porte. Avec tous les ennuis de santé que j’ai connus, je suis juste content d’être sur la glace. De jouer. De patiner. De m’entraîner et de prendre les moyens pour convaincre la direction de l’équipe que j’ai encore de la valeur. Je ne pense pas au passé, je regarde seulement en avant en espérant que le meilleur s’en vient. Je ne pense pas aux places qui se font rares avec le grand club. Je pense seulement à me donner à fond pour maximiser mes chances. C’est long une saison. Il peut arriver un tas de choses susceptibles de m’ouvrir la porte. On verra », défilait le géant défenseur de 6 pieds 6 pouces qui revient de temps en temps faire son tour en Beauce lors de la saison morte.

 

Nouvel état-major 

 

En plus de repartir à zéro devant ses coéquipiers, Samuel Morin repart à zéro devant le nouvel état-major des Flyers. Le directeur général Chuck Fletcher, l’entraîneur-chef Alain Vigneault et ses adjoints Michel Therrien et Mike Yeo le connaissent peu, voire pas du tout. Ce qui représente une arme à double tranchant aux yeux du principal intéressé.

 

« C’est bien de savoir que je profiterai d’un regard neuf de leur part. Ils n’ont pas d’idée préétablie sur moi. D’un autre côté, ce ne sont pas eux qui m’ont repêché. Ce ne sont pas eux non plus qui m’ont accordé mon deuxième contrat – le Québécois amorce la deuxième année d’un contrat de trois ans d’une valeur totale de 2,1 millions $ – chez les professionnels. Je ne sais donc pas si cela jouera en ma faveur ou non face à un éventuel renvoi dans les mineures puisque je devrais d’abord être soumis au ballotage. Mais comme je t’ai dit tantôt. Je m’assure de penser le moins possible à toutes ces considérations pour me concentrer à jouer au hockey le mieux possible et à enfin rester en santé. »

 

Laissé de côté contre les Bruins jeudi, Morin a disputé un match préparatoire jusqu’ici. Comme tous les autres jeunes qui frappent à la porte du vestiaire des Flyers, le défenseur devrait disputer au moins deux autres matchs avant que le couperet ne tombe sur les candidats les plus en retard.

 

À moins qu’il ne connaisse de très mauvaises sorties ou qu’il ne soit blessé, Morin devrait prolonger son camp jusqu’à la limite puisque l’état-major des Flyers voudra profiter d’une grille d’analyses la plus complète possible avant de courir le risque de le perdre au ballottage.

 

Mais avec Philippe Myers qui pourrait hériter du poste de huitième arrière, avec Robert Hagg – il a été repêché en deuxième ronde en 2013 derrière Morin et a disputé les 82 matchs des Flyers l’an dernier – et l’embauche de Tyler Wotherspoon à titre de joueur autonome, un vétéran de la Ligue américaine âgé de 26 ans qui pourrait servir de police d’assurance, les places commencent à manquer pour Morin.

 

Du moins à Philadelphie.

 

Mais s’il se retrouve au ballottage et qu’il est réclamé par l’une ou l’autre des 30 formations qui pourraient alors le sélectionner, Morin se retrouverait en situation connue : face à un autre recommencement.