MONTRÉAL – Amusant et rassembleur dans la vie de tous les jours, Samuel Savoie a, durant les matchs, un côté détestable à la Brad Marchand ou Antoine Roussel. Difficile de prédire si ce sera suffisant pour qu’il soit repêché le 8 juillet.

Savoie représente le joueur typique que tu ne veux pas avoir dans les pattes trop souvent. Quand on apprend que pour Sam Oliver, des Voltigeurs de Drummondville, ça fait déjà une dizaine d’années qu’il croise le fer avec Savoie, on a le goût de se dire ‘pauvre lui’. 

Mais c’était avant de savoir que cette rivalité née dans le hockey mineur au Nouveau-Brunswick s’est transformée en amitié. Au moment de former des équipes provinciales, les deux patineurs avaient la chance d’enfiler le même chandail. 

« Oh, c’est moins drôle de l’affronter. Il a une tonne d’énergie sur la patinoire et il fonce constamment à 100%. Il ne te lâche jamais d'une semelle et il pourchasse sans cesse la rondelle », a confié Oliver. 

« Il est devenu l’un de mes meilleurs amis, je me suis attaché à lui depuis que je suis jeune. Il est toujours là pour moi et l’inverse est aussi vrai. Le courant passe vraiment bien entre nous », a ajouté Savoie qui se sent privilégié de vivre l’aventure de la LHJMQ avec un ami de longue date. 

L’attaquant teigneux ne dérange pas uniquement avec sa vitesse et ses coups d’épaule, il adore bavarder avec ses adversaires pour les déstabiliser. Oliver a le sourire dans la voix en racontant que Savoie ne joue pas trop à ce petit jeu avec lui. 

« C’est parce qu’il me connaît depuis si longtemps, je ne peux pas vraiment rentrer dans sa tête. Il est smart donc ça ne vaut pas la peine pour moi de m’essayer avec lui, il sait déjà ce que je tente de faire. J’essaie plutôt de déranger ses coéquipiers », a expliqué Savoie en riant. 

Sans surprise, son rôle lui attire parfois du trouble. 

« Les plus costauds des autres équipes, ils n’aiment pas trop que j’achale leurs bons joueurs. Chaque fois que j’avais la rondelle, ils voulaient me frapper, mais ça fait partie du jeu et je ne suis pas du style à avoir peur de ça », a réagi Savoie. 

Des dépisteurs pourraient pousser pour Savoie

Outre les quatre défenseurs (Tristan Luneau, Maveric Lamoureux, Noah Warren et Jérémy Langlois), la cuvée 2022 de la LHJMQ ne s’annonce pas extraordinaire. N’empêche que certains dépisteurs affectés au circuit Courteau pourraient avoir le goût de se coltailler avec leurs collègues pour investir un choix au repêchage sur Savoie, la petite boule d'énergie des Olympiques de Gatineau. 

« Avec sa vitesse et sa combativité, il a le parfait portrait d’un futur joueur de quatrième trio. Il y a peu de joueurs comme ça dans la LHJMQ, c’est une peste. Côté talent, j’aurais aimé voir plus de production offensive et de meilleures mains. Mais tu ne peux pas t’empêcher de l’aimer quand tu le regardes jouer. En raison de son nombre de buts (18 buts et 15 aides en 64 matchs), je ne peux pas le mettre trop haut sur ma liste », a décrit un recruteur sondé de manière anonyme.

Même si rien ne l’assure d’être repêché, Savoie fera la route de Dieppe, au Nouveau-Brunswick, jusqu’au Centre Bell. Il assure que « ce ne serait pas la fin du monde » si aucune équipe ne lui ouvrait cette porte vers la LNH. Acharné dans son rêve, il est déjà préparé mentalement à devoir l’enfoncer.

Avec quelques pouces de plus à sa stature (cinq pieds neuf pouces et demi), les équipes se poseraient moins de questions à son sujet. 

Samuel Savoie« C’est facile de voir qu’il est ultra-combatif et compétiteur, ce sont de très belles qualités. Mais sera-t-il capable de faire ce travail dans la LNH avec ce physique ? C’est la question que je me pose. Sinon, a-t-il assez de talent pour compenser ? Voilà la question que les équipes vont se poser au repêchage », a noté un deuxième dépisteur. 

« Les gars qui jouent juste ce style physique, ce sont des gars de six pieds deux ou six pieds trois pouces. Lui, il est cinq et neuf. C'est un peu embêtant car tu aimes la manière dont il joue, mais il n’a pas vraiment le physique pour faire sa job », a ajouté une troisième source. 

Certains confrères sonnent toutefois moins craintifs. 

« Ça ne me dérange pas du tout à cause de la manière dont il joue. Son moteur est toujours allumé avec la pédale au plancher. Tu peux l’utiliser dans toutes sortes de situations. J’aime vraiment, vraiment ses qualités », a assuré ce recruteur. 

Avec son sens de la répartie, Savoie savait quoi répondre aux équipes qui doutent de son arsenal offensif. 

« Les clubs m’ont vu jouer en deuxième moitié de saison, c’est là que j’ai été le meilleur. Je complétais des jeux avec mes coéquipiers comme Zach Dean, ça s’est vraiment bien passé avec lui. C’est un côté que je dois conserver l’année prochaine. En première partie d’année, c’était plus de jeu physique et encore du jeu physique », a précisé le gaucher. 

L'exemple de Roussel à sa portée

Venant des Maritimes, Savoie sent un rapprochement naturel avec le volet dérangeant de Brad Marchand. Mais certains recruteurs voient plutôt en lui une version potentielle d’Antoine Roussel. 

« C’est rare que des joueurs de la LHJMQ qui font 0,5 point par match finissent par jouer dans la LNH. Il y a des exceptions comme Roussel, des gars que leur niveau d’engagement est tellement élevé. Ils ont quelque chose de spécial, ils n’acceptent pas qu’on leur dise non. Un recruteur m’a demandé s’il était le prochain Roussel ? J’ai dit que ça se pouvait, mais ça reste difficile de mettre de l’argent là-dessus », a exposé le premier recruteur cité dans l’article. 

Savoie serait enchanté d’atteindre l’efficacité de Roussel dans la LNH et il est ravi d’entendre que certains recruteurs pourraient mousser sa candidature auprès de leurs dirigeants.  

« Je le vois comme un compliment, j’ai travaillé fort toute ma vie pour atteindre mon rêve. Sauf que ce n’est pas fini et j’ai une grosse saison qui m’attend l’année prochaine avec une très bonne équipe », a conclu Savoie.