NEW YORK - La ville de Seattle est prête à recevoir la Ligue nationale de hockey et la LNH devrait confirmer dès le mois de décembre prochain qu’elle obtiendra bel et bien son équipe. Une équipe qui donnera, selon le scénario présenté, ses premiers coups de patin en 2020-2021.

 

Propriétaire éventuel de la 32e franchise de la LNH, le milliardaire David Bonderman, le président et chef de direction de l’équipe à voir le jour Tod Leiweke et la mairesse de Seattle Jenny Durkan ont défilé devant le comité exécutif de la LNH pour présenter leur plan d’attaque et surtout démontrer le sérieux de leur candidature.

 

Le comité exécutif donne son appui à Seattle

« On sentait quelque chose de spécial dans la salle », a souligné la mairesse Jenny Durken aux journalistes qui l’attendaient devant les bureaux de la LNH près de Time Square en plein cœur de Manhattan.

 

Convaincus par la présentation, le commissaire Gary Bettman et les membres du comité exécutif ont, après avoir brossé un tableau de la situation, indiqué aux autres gouverneurs du circuit qu’ils recommandaient que le projet d’expansion soit entériné lors de la prochaine réunion des gouverneurs qui se tiendra les 3 et 4 décembre prochain en Georgie.

 

« Il y a encore beaucoup de travail à faire, mais le fait que le comité exécutif ait décidé de recommander le projet d’expansion dès aujourd’hui est certainement un signe qui milite en faveur de Seattle. Les membres du comité exécutif ont voté unanimement en faveur de Seattle et l’expansion sera confirmée si au moins 75 % des 31 propriétaires donnent leur aval au projet », a indiqué Gary Bettman au terme de la réunion de quatre heures qu’il a menée dans un hôtel de New York.

 

S’il faut en croire les propos tenus par le gouverneur des Canucks de Vancouver à sa sortie de la réunion, cette majorité sera facilement atteinte. «Ce n’est plus qu’une formalité», a indiqué Francesco Aquilini.

 

« C’est un très beau et bon projet », a ajouté Luc Robitaille qui représente bien sûr les Kings de Los Angeles.

 

La LNH et ses propriétaires toucheront 650 millions $ versés par le groupe de Seattle en guise de droits d’entrée.

 

Nouvel amphithéâtre

 

La recommandation favorable obtenue par le comité exécutif pourrait pousser Seattle à amorcer les travaux importants qui doivent être exécutés pour obtenir la 32e équipe de la LNH.

 

« On parle d’une rénovation, mais il s’agit en fait d’une construction tout à fait neuve. Nous devons conserver le toit – qui est classé monument historique depuis sa construction en 1962 pour l’exposition universelle tenue à Seattle – et deux murs pour le soutenir. Tout le reste sera flambant neuf. Nous miserons sur un amphithéâtre de classe mondiale qui sera le plus beau au pays, ou à tout le moins sur la côte Ouest », a expliqué la mairesse Durkan.

 

La ville de Seattle a accepté, dans un vote unanime tenu le 24 septembre dernier, un projet de 700 millions $ visant à remplacer le KeyArena. Un amphithéâtre désuet où ont évolué les SuperSonics de la NBA avant de déménager à Oklahoma City et où évoluent le Storm (WNBA) et les Thunderbirds, le club junior de la Ligue de l’Ouest.

 

Échéancier serré

 

Le plan élaboré par Seattle vise une entrée dans la LNH dès la saison 2020-2021. Un plan optimiste considérant l’importance des travaux à mener.

 

Plusieurs questions lancées par les membres du comité exécutif étaient d’ailleurs associées à cet échéancier serré.

 

« L’important était de passer le message selon lequel Seattle est vraiment prête pour avoir son équipe de hockey. Nous sommes confiants d’avoir réalisé une bonne présentation et on verra la suite », a mentionné le futur propriétaire David Bonderman.

 

« C’est un projet rempli de défis et nous devons éviter d’être présomptueux. Il faut laisser le processus suivre son cours. Mais nous avons franchi une étape de plus ce matin. Nous avions une belle histoire à présenter et nous l’avons fait. Je vais me coucher heureux et satisfait ce soir. Nous serons patients. Nous travaillons depuis longtemps sur ce projet et nous pouvons attendre encore un peu », a ajouté Tod Leiweke qui a dû s’endormir plus heureux encore mardi soir en raison de la recommandation favorable obtenue par le comité exécutif.

 

Tod Leiweki pas plus que le futur propriétaire qui profite de la complicité dans cette aventure du producteur hollywoodien Jerry Bruckheimer et de nouveaux hommes d’affaires bien en vue dans le monde du sport professionnel à Seattle ne se formalisent pas avec la date d’entrée dans la LNH.

 

« Nous comprenons que l’échéancier soulève des questions. Nous sommes toutefois à la tête d’un projet à long terme. Le hockey viendra s’installer à Seattle pour toujours. On ne va donc pas se laisser déconcentrer par des questions reliées au court terme. »

 

Candidature solide, marché gagnant

 

Pourquoi Seattle réussit aussi facilement là où Québec a été incapable de réussir alors que la construction du Centre Vidéotron n’a pas suffi à convaincre la LNH du bien fondé de retourner dans le bastion des anciens Nordiques?

 

Le marché florissant de la région de Seattle est la première des raisons. Des compagnies gigantesques comme Boeing, Amazone, Microsoft assurent la région de revenus importants au sein de la population de cette portion de Nord-Ouest des États-Unis.

 

En matière de soutien des partisans, Seattle est déjà le berceau des Seahawks de la NHL, des Mariners dans la Ligue américaine de baseball, des Sounders de la MLS. Propriétaire éventuel de l’équipe de hockey, David Bonderman est aussi un des copropriétaires des Celtics de Boston. Il jongle depuis des années avec le projet de ramener la NBA à Seattle qui est orpheline de basketball depuis le départ des SuperSonics en 2008. Ce qui ancre encore plus Seattle à titre de ville de sports.

 

Géographiquement, cette ville de l’État de Washington est aussi déjà assurée d’une rivalité naturelle avec les Canucks de Vancouver alors que les deux villes sont voisines au même titre que Québec et Montréal.

 

De plus, l’envergure des membres du groupe de propriétaires sans oublier – et ce point est majeur – les ramifications du groupe Oak View de Tim Leikeke avec la LNH – il a été impliqué avec les Kings de Los Angeles, les Maple Leafs de Toronto et les Islanders de New York en plus d’être à la tête d’une entreprise qui a bâti quelques-uns des plus beaux nouveaux amphithéâtres de la LNH – sont des gages de réussite aux yeux des gouverneurs de la LNH qui savent avec qui ils négocient et savent à quel point ils peuvent leur faire confiance.

 

Un groupe comme celui qui chapeaute la candidature de Seattle n’aura aucune difficulté à allonger les 650 millions $ (US) réclamés par la LNH dans le cadre de la prochaine expansion.

 

Cette somme déjà mirobolante devient exorbitante quand on considère que les financiers à la tête d’une candidature canadienne devraient débourser près de 25 % de plus simplement pour faire contrepoids au taux de change. Une réalité avec laquelle n’ont pas à composer les richissimes Américains en quête d’un club de la LNH.

 

Il est d’ailleurs important ici de rappeler que Tilman Fertita le propriétaire des Rockets de Houston (NBA) et du Toyota Center qu’il a bâti pour loger son équipe – une transaction de 2 milliards $ US – a lui aussi déjà assuré la LNH qu’il était prêt à verser les 650 millions $ requis afin de mettre la main sur une équipe qui viendrait occuper une cinquantaine de soirées dans son amphithéâtre de cette ville du Texas.

 

Pas question ici de lancer que Québec ne pourra jamais revoir les Nordiques et la LNH dans la capitale. Mais des joueurs de la LNH se croiseront – pour vrai et non seulement dans le cadre d’un match hors-concours – plus vite sur la patinoire du Key Arena que sur celle du centre Vidéotron.

 

C’est « plate » de même, mais c’est la réalité avec laquelle nous devons pour le moment composer.