MONTRÉAL – Juste avant la pause du match des étoiles, Bob Boughner a pris une décision qui allait complètement changer le cours de la saison des Panthers de la Floride.

Son équipe était en voie de gâcher une saison prometteuse. Après une raclée de 6-1 encaissée à Dallas, elle végétait dans la banalité avec une fiche de 19-21-6. Un électrochoc était nécessaire.

La solution proposée par Boughner n’avait rien de trop extravagant – après tout, la modification des trios fait partie du quotidien d’un entraîneur-chef – mais elle demandait quand même une certaine dose d’audace. Lorsqu’en santé, Jonathan Huberdeau et Aleksander Barkov avaient formé un remarquable duo depuis la saison recrue du grand Finlandais. Ils allaient maintenant être séparés.

« Il ne faut pas penser trop aux séries »

« On ne gagnait pas, il fallait changer quelque chose, réalise aujourd’hui Huberdeau. On a  trouvé un peu d’équilibre dans les lignes, il fallait partager un peu. C’est ce que le coach voulait voir et depuis qu’il a fait ça, on a commencé à gagner. »

Concrètement, Boughner a promu Nick Bjugstad sur le premier trio aux côtés de Barkov et Evgenii Dadonov tandis que Huberdeau s’est retrouvé à la gauche de Vincent Trocheck sur une unité complétée par Denis Malgin. Les bienfaits ont été presque instantanés.  

Au retour du long congé, les Panthers ont amorcé une séquence de sept victoires en huit matchs. Puis après une fin de voyage difficile à Winnipeg et Toronto, ils ont connu un séjour à domicile parfait en alignant six victoires. Cette résurgence, qui se traduisait avant le match de lundi face au Canadien par un décompte de 16 victoires en 22 matchs, leur a permis d’effectuer une spectaculaire remontée au classement. À trois semaines de la clôture du calendrier régulier, ils menacent les Blue Jackets de Columbus et les Devils du New Jersey, présentement détenteurs des deux places réservées aux équipes repêchées dans l’Association Est.

Et individuellement, tout le monde a trouvé son compte dans la réorganisation de l’effectif. Depuis le 25 janvier, Barkov et Dadonov ont respectivement amassé 27 et 25 points en 23 matchs tandis que le prochain point de Bjugstad, son 43e, lui permettra d’égaler sa meilleure récolte en carrière.  

« Bjugstad est un gars imposant qui crée de l’espace pour ses compagnons de trio, il protège bien la rondelle en fond de territoire, analyse Boughner. Dadonov, lui, utilise sa vitesse. Il a retrouvé son synchronisme et a commencé à convertir davantage ses chances de marquer. Il fait très bien depuis quelques mois. »

Trocheck, le moteur des Panthers

Trocheck et Huberdeau ne sont pas en reste. Le premier roule à un rythme d’un point par match depuis qu’il joue en compagnie du Québécois, qui vient de franchir le cap des 60 points pour la première fois de sa carrière.

« Sa créativité se marie bien avec ma vitesse en relance et une fois qu’on est installés en zone adverse, il y a cette chimie entre nous deux qui fait en sorte qu’on sait instinctivement où se trouve l’autre, avance Trocheck. Autant pour lui que pour moi, c’est primordial d’assurer un support au porteur du disque. Je crois que c’est ce qui explique nos succès. »

Un choix de troisième ronde en 2011, Trocheck a déjà établi de nouvelles marques personnelles au niveau des buts (28), des passes (38) et des points (66) cette saison. Ses 13 buts en avantage numérique sont du jamais vu chez les Panthers depuis les 18 d’Olli Jokinen il y a dix ans. Il vient aussi au neuvième rang de la Ligue nationale avec 241 tirs au but, déjà 11 de plus que son sommet précédent atteint l’an dernier.

« Il est hyper talentueux, son coup de patin est sans égal, mais c’est surtout un gars passionné qui apporte son énergie à chaque soir, décrit Boughner. C’est un compétiteur dans toutes les facettes du jeu, que ce soit dans le cercle des mises en jeu, sur l’avantage ou le désavantage numérique. C’est notre moteur. Quand il est à son mieux, il peut nous transporter à lui seul. »

Trocheck est arrivé au Centre Bell avec quatre buts et cinq mentions d’aide à ses six matchs précédents et la chance d’étirer à sept sa séquence de parties consécutives avec au moins un point. Il a marqué la moitié de ses buts sur les patinoires adverses et réussi 15 de ses 28 filets en troisième période. Pour son entraîneur, ces données offrent une bonne indication de sa propension à élever son rendement à la hauteur de l’enjeu.

« La semaine dernière, on était en fusillade contre les Rangers et il savait qu’il était le prochain à y aller, a raconté Boughner. Il a enjambé la bande, s’est retourné et a fait un petit clin d’œil aux boys. »

Trocheck, qui est aussi le meneur chez les Panthers avec cinq buts gagnants, est ensuite allé déjouer Henrik Lundqvist pour signaler la fin des émissions.

« Ça illustre bien toute la confiance qu’il a en ses moyens, croit Boughner. C’est un gars qui carbure aux défis. »

« C'est à nous de se qualifier »
« Il y a beaucoup de confiance ici »

 

L'adversaire : Panthers-Canadiens