Les Penguins de Pittsburgh ne sont plus qu’à deux victoires de leur deuxième conquête de la coupe Stanley en autant d’années et le duo infernal composé de Sidney Crosby et d’Evgeni Malkin y est pour beaucoup, alors que les deux joueurs de centre trônent au sommet de la colonne des pointeurs de la LNH en séries éliminatoires.

Fort d’une récolte de 9 buts et 26 points en seulement 21 parties, Evgeni Malkin est avec raison considéré comme l’un des favoris pour repartir avec le trophée Conn Smythe, quoiqu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avant tué.

Depuis le début de la danse printanière, Malkin a su élever son jeu à un niveau stratosphérique. Aucun joueur ne peut se vanter d’avoir été aussi dominant et aussi constant que le Russe.

Meilleur pointeur des séries, Geno n’a jamais connu de véritable période creuse lors des présentes éliminatoires, alors que même Sid the Kid a connu une baisse de régime, quoiqu’éphémère, après avoir essuyé une blessure aux mains des Capitals de Washington. Compétitionner au plus haut niveau, à tous les soirs, en séries éliminatoires, alors que tous les projecteurs de la planète hockey sont braqués sur soi et que les équipes ont un plan de match étoffé pour freiner ses ardeurs : cela relève pratiquement de la science-fiction. C’est malgré tout le plus récent chef-d’œuvre d’Evgeni Malkin. Son niveau d’excellence et sa constance peuvent nous mener à se questionner à savoir s’il est véritablement humain.

L'impact offensif d'Evegeni MalkinTous sont au fait du talent offensif du numéro 71, lui qui a déjà mis la main à deux reprises sur le trophée Art Ross. Depuis le début de mois d’avril, Malkin a tout simplement poursuivi dans la même veine, étant tout simplement dominant en possession du disque.

En effet, pour chaque tranche de 20 minutes de jeu passé à égalité numérique en éliminatoires, Malkin se révèle être le quatrième attaquant de la LNH ayant le plus régulièrement le contrôle de la rondelle. Pourtant, en séries, le jeu est beaucoup plus resserré, les couvertures défensives étant plus étanches, ce qui rend les séquences de jeu où un joueur conserve le disque pour quatre ou cinq secondes consécutives extrêmement rares. Cette règle ne s’applique pas à Malkin, pour lequel il semble facile d’envoyer balader ses opposants, par exemple à l’aide d’une feinte.

Ultimement, il en résulte que ses coéquipiers ont plus de temps pour se démarquer, ce qui permet à Malkin de compléter davantage de passes et de générer un grand nombre de chances de marquer, ce qui est la clé de sa récolte offensive fructueuse. À cet égard, Geno est le joueur complétant le plus de passes en zone adverse en séries, ex aequo avec Crosby, proportionnellement à son temps d’utilisation à forces égales.

Ce qui est d’autant plus intéressant dans le cas de Malkin, c’est qu’il ne se contente pas d’exceller en territoire offensif, s’avérant incisif en jeu de transition et extrêmement assidu défensivement.

L'impact offensif d'Evegeni MalkinAu moment de transporter le disque de sa zone défensive jusqu’en territoire adverse, Evgeni Malkin est sans égal, excellant tant pour orchestrer une sortie qu’une entrée de zone.

Dans son propre territoire, Geno offre toujours un bon appui à ses défenseurs, attendant patiemment sous la hauteur des oreilles que l’un de ses arrières récupère la rondelle, devenant alors une bonne option de passe et organisant lui-même la sortie de zone par la suite. D’ailleurs, Malkin est l’attaquant de la LNH ayant capté le plus de passes en zone défensive lors des présentes séries proportionnellement à son temps d’utilisation à forces égales et il est l’avant des Penguins  orchestrant le plus grand nombre de sorties de zone.

Au moment de quitter son territoire défensif, Malkin n’a pas d’idée préconçue et s’adapte au jeu se présentant à lui : y allant tantôt d’une passe si un coéquipier est libéré, montant lui-même le disque si un corridor de course est ouvert. C’est justement parce qu’il est impossible de prédire ce que le numéro 71 tentera comme action qu’il est si difficile de le couvrir. En effet, la seule véritable tendance que nous pouvons noter dans le jeu de Malkin, c’est qu’il a horreur de se débarrasser de la rondelle, ne tentant un dégagement que 14,9% du temps au moment d’exécuter une sortie de zone, ce qui est le plus faible taux parmi tous les attaquants des Penguins.

De même, Malkin est le chef d’orchestre de bon nombre d’attaques de Pittsburgh. Cela s’explique par le fait qu’il est le joueur ayant le plus régulièrement contrôle du disque au moment de pénétrer en zone offensive et qu’il adore alimenter ses coéquipiers. De même, il ne rejette que très rarement le disque en territoire adverse, soit 31,5% du temps au moment d’entamer une entrée de zone, alors que cette moyenne est de 50,3% pour le groupe d’attaquants des Penguins.

Excellant d’un bout à l’autre de la glace en possession du disque, Malkin se classe au troisième rang chez les attaquants de la LNH pour le nombre d’actions réalisées lors de poussées offensives en éliminatoires proportionnellement à son temps de jeu à égalité numérique. Il est également le joueur complétant le plus de passes sur l’ensemble de la surface de jeu en pareilles circonstances.

En somme, personne n’a eu un plus grand impact en possession de la rondelle que Malkin depuis le début de la danse printanière, ce qui confirme son statut de joueur d’exception.

L'impact offensif d'Evegeni MalkinIl ne faut toutefois pas se leurrer, Malkin est loin d’être un hockeyeur unidimensionnel, alors qu’il est probablement l’attaquant le plus efficace défensivement depuis le début des éliminatoires.

En effet, aucun autre attaquant n’a réalisé plus de jeux défensifs pour chaque tranche de 20 minutes de jeu passé à forces égales que le numéro 71 des Penguins. Même scénario pour les passes bloquées. Quant aux harponnages, seul Patrice Bergeron, triple récipiendaire du trophée Selke, a plus fréquemment utilisé cette manœuvre pour soutirer le disque à l’adversaire que Malkin.

Non seulement Malkin parvient à arracher le disque à ses adversaires, mais il est en mesure de récupérer les rondelles libres, ce qui est d’autant plus important. Lorsque Pittsburgh prend possession du disque, l’adversaire ne peut pas se faire menaçant. Ce sont plutôt les Penguins qui dictent l’allure du jeu. Il s’agit d’une autre facette de l’excellente contribution défensive de l’assistant-capitaine des Pens.

En raison de sa récolte offensive, de sa contribution au jeu de transition et de son brio en défensive, aucun joueur ne se rapproche de la clinique présentement offerte par Malkin. Jouer à un tel niveau avec la constance d’un métronome, cela est digne d’un Conn Smythe.