La Centrale de recrutement de la LNH a publié sa liste finale en vue du prochain repêchage.

Le processus de sélection est une science inexacte. Plusieurs impondérables viennent brouiller les cartes. Inévitablement, avec les années qui s’écoulent, le recul révèle que des hockeyeurs réclamés tardivement sont tout de même devenus des joueurs d’impact dans la LNH.

En 2020, deux cartes cachées lors de la séance de sélection pourraient être Mavrik Bourque et Jacob Perreault. Ces deux attaquants se hissent respectivement au 22e et 17e échelon chez les patineurs nord-américains.

Bourque et Perreault présentent des qualités offensives indéniables, mais leur jeu comporte également des lacunes importantes qui peuvent refroidir les clubs. S’ils sont en mesure de colmater leurs faiblesses, il ne faudrait pas se surprendre que Bourque et Perreault connaissent de belles carrières dans le circuit Bettman.

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Avec les Cataractes de Shawinigan, Mavrik Bourque a amassé 71 points, dont 29 buts, en 49 parties. Bourque fut l’un des principaux moteurs offensifs de son équipe et sa plus grande force est indubitablement sa capacité à transporter le disque depuis sa propre zone jusqu’en territoire offensif.

Dès que Bourque se trouve en possession de la rondelle, il n’a qu’une seule idée en tête : traverser la patinoire à vive-allure pour contre-attaquer.

Bourque ne se gêne pas pour servir des feintes à ses adversaires, ce qui lui permet de se débarrasser de ses couvreurs et de transporter la rondelle d’une extrémité à l’autre.

Dans son territoire défensif, Mavrik Bourque préfère orchestrer lui-même la sortie de zone en franchissant la ligne bleue en possession de la rondelle. En zone neutre, il excelle pour alimenter ses coéquipiers, ce qui permet notamment de changer le flanc sur lequel s’organise la contre-attaque. Bourque est également à l’origine d’un grand nombre d’entrées de territoire.

Une fois en zone offensive, Bourque mise d’abord sur ses excellentes qualités de fabricant de jeux. Cette saison, il a été l’un des attaquants du circuit Courteau complétant le plus de passes en territoire offensif pour un même temps d’utilisation. Ce n’est d’ailleurs pas sans hasard que Bourque a récolté 42 mentions d’aide en 49 rencontres.

Étant l’architecte d’un bon nombre de séquences offensives, il ne faut pas s’étonner que Bourque ait généré l’un des temps de possession les plus imposants dans la LHJMQ cette année.

Peu de hockeyeurs ont une telle capacité à filer à leur guise avec le disque d’une zone à l’autre, ce qui rend le profil de Mavrik Bourque extrêmement intéressant. Cependant, Bourque a été l’un des attaquants perdant le plus régulièrement la rondelle dans sa zone défensive, ce qui peut se révéler effrayant pour les équipes tentées de le repêcher.

Dans la LNH, les revirements en zone défensive sont impardonnables, alors qu’ils mènent généralement à des chances de qualité à la faveur de l’adversaire.

Il est un couteau à double tranchant de jeter son dévolu sur un espoir qui se démarque par son habileté à survoler la patinoire avec le disque, mais qui multiplie également les erreurs en possession de la rondelle dans son territoire défensif.

Pour franchir un cap, Bourque devra impérativement diminuer son nombre de revirements commis dans son propre territoire, tout en demeurant aussi efficace sur le jeu de transition. C’est une tâche qui s’annonce ardue, mais si Bourque réussit pareil fait d’armes, le club qui aura misé sur lui aura remporté le gros lot.

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En inscrivant 39 buts en 57 parties, Jacob Perreault a été le huitième attaquant de la OHL faisant le plus régulièrement vibrer les cordages pour un même temps d’utilisation.

Deux tendances sautent aux yeux dans le jeu de Perreault. D’abord, il décoche un bon volume de tirs depuis la périphérie. Ensuite, il adore tirer sur réception depuis la zone payante.

En lançant sur réception depuis l’enclave, la tâche des gardiens adverses se voit grandement compliquée alors qu’ils doivent rapidement repérer une rondelle qui change constamment de direction.

Perreault semble également être doté d’une excellente vision, alors qu’il complète un grand nombre de passes dans l’enclave, ce qui caractérise généralement les meilleurs fabricants de jeux. Perreault bondit aussi sur de nombreuses rondelles libres en zone offensive, ce qui témoigne de son positionnement irréprochable et de son sens de l’anticipation aiguisé.

Dans le cas de Jacob Perreault, la véritable question est à savoir pourquoi il n’est pas mieux classé que le 17e échelon chez les espoirs nord-américains.

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Quelques indices laissent présager que Perreault pourrait avoir de la difficulté à répéter ses exploits une fois dans les rangs professionnels, alors que la recette qu’il préconise y est beaucoup moins fructueuse.

Jacob Perreault présente un différentiel positif de buts marqués et attendus, ce qui identifie souvent les meilleurs francs-tireurs. Cet algorithme prédit la production d’un joueur selon le coefficient de difficulté de ses lancers. Perreault a su surplanter le hockeyeur moyen de l’OHL à ce chapitre en marquant à profusion depuis la périphérie.

En effet, ce n’est pas moins que 36,1% des filets inscrits par Perreault qui avaient pour origine la périphérie. À titre de comparatif, la proportion moyenne pour la OHL fut de 14,0 % cette saison.

Est-ce que Perreault sera en mesure de reproduire pareilles prouesses dans la LNH face à des gardiens performants au sommet de leur art?

Face à ces murailles, la clé pour marquer est de lancer depuis l’enclave, alors que le tireur y bénéficie d’un angle optimal pendant que le temps de réaction du cerbère y est minimal. Approximativement, 83% des buts inscrits dans le circuit Bettman provenaient de l’enclave cette saison.

Constater que Perreault mise autant sur son tir provenant de la périphérie peut être inquiétant à la lumière de ces enseignements, surtout que Perreault n’a pas déjoué une seule fois un cerbère depuis une telle distance à l’aide d’un tir sur réception. Normalement, c’est à l’aide de cette arme que les gardiens professionnels se font déjouer depuis aussi loin.

Il est peu probable que Perreault fasse aussi souvent scintiller la lumière rouge dans les rangs professionnels à l’aide de ce procédé. C’est pourquoi quelques espoirs qui ont connu de moins bonnes saisons pourraient lui être préférés.

À moins de se révéler être l’un des meilleurs francs-tireurs de sa génération en marquant régulièrement depuis des angles restreints, pour s’imposer au plus haut niveau, Jacob Perreault devra générer un volume plus imposant de lancers provenant de l’enclave.