Dans l’Ouest, la finale d’association nous offre deux histoires Cendrillon. D’un côté, il y a les Golden Knights de Vegas qui ne cessent jamais de nous surprendre avec un club essentiellement formé de joueurs laissés-pour-compte par les autres formations de la LNH. D’autre part, les Jets de Winnipeg connaissent finalement du succès en séries éliminatoires, après que leurs partisans aient vaillamment attendu le retour d’une franchise en sol manitobain.

Peu importe quelle formation sortira victorieuse de cette confrontation, le résultat sera déchirant. Un conte de fées se poursuivra pendant que l’autre connaîtra un dénouement plus tôt que souhaité. Pour ce qui est de savoir quelle base partisane verra son rêve anéanti à l’issue de cette série, la réponse se trouve fort probablement devant le filet.

Depuis le début de la danse printanière, Marc-André Fleury et Connor Hellebuyck livrent des performances inspirées. Pourtant, la plupart des cerbères connaissent des ratés lors des présentes séries. Même que des vétérans aguerris tels que Pekka Rinne et Tuukka Rask n’ont pas été à la hauteur des attentes, ce qui a fait couler leur club. Il en résulte que le pourcentage d’arrêts moyen de la ligue est de 90,8% cette année, alors que ce taux était de 91,8% au printemps dernier.

Il ne fait nul doute que Fleury et Hellebuyck sont une raison importante des bons parcours de leur équipe respective.

Tableau Fleury-Hellebuyck

Le secret de Fleury et de Hellebuyck est qu’ils sont en mesure de réaliser les arrêts clés qui changent à eux seuls la dynamique d’une rencontre. Ces séquences parviennent à insuffler un deuxième souffle à leurs coéquipiers et à briser le moral de leurs adversaires.

Sans surprise, ces deux cerbères affichent un meilleur taux d’efficacité que la moyenne globale cumulée en séries.

C’est cependant au moment de contrer les tirs provenant du bas de l’enclave que Fleury et Hellebuyck se trouvent dans une classe à part. En pareilles circonstances, le pourcentage d’arrêts de Fleury est de 5,8 points de pourcentage supérieur à la moyenne de la ligue. Hellebuyck n’est pas non plus en reste avec un pourcentage supérieur de 5,5 points par rapport à cette moyenne.

Ces arrêts sont cruciaux, car seuls les meilleurs de la profession sont capables de les réaliser avec régularité, considérant que le tireur y bénéficie d’un angle de tir optimal et que le temps de réaction du gardien y est minimal.

En s’interposant en temps opportun, tant Fleury que Hellebuyck peuvent voler l’issue d’une rencontre. Ils ont d’ailleurs tous les deux brillé lors de la partie remportée par leur équipe respective jusqu’ici dans leur finale d’Association. C’est simple, la formation qui bénéficiera des meilleures performances devant le filet s’envolera pour la grande finale.

La série opposant Vegas et Winnipeg risque d’être corsée jusqu’au dernier sifflet. Lors des deux premières parties, les Golden Knights ont cadré 24 tirs depuis l’enclave et 13 depuis le bas de l’enclave. Ces chiffres sont de respectivement 26 et 13 pour les Jets. Les deux formations sont au coude à coude. C’est pourquoi la différence risque fort bien de se trouver devant le filet.

Ultimement, c’est l’expérience de Marc-André Fleury, trois fois vainqueur de la coupe Stanley, qui pourrait bien faire la différence.

Pendant qu’une foule hostile scandait son nom de famille et que plusieurs journalistes faisant l’étalage de ses plus récentes performances au cours desquelles il avait accordé trois buts ou plus, Fleury a été intraitable lors de la deuxième partie. Il a contré les 19 tirs que les Jets ont dirigés en sa direction depuis l’enclave. À titre de comparaison, le gardien moyen de la LNH aurait accordé trois buts uniquement face à ces lancers.

Beaucoup de hockeyeurs auraient croulé sous cette pression, mais ce ne fut pas le cas de Fleury. À l’inverse, plus l’enjeu semble important, meilleur il est. Il aurait été difficile pour les Golden Knights de retourner à domicile avec un déficit de deux parties, sans parler du battage médiatique qu’aurait provoqué une performance moyenne de Fleury. Ce dernier a plutôt pris les choses en mains et c’est pourquoi il est le meilleur joueur de son club.

Les mauvaises langues diront que Fleury n’a pas nécessairement été très élégant et qu’il a reçu l’aide de ses poteaux. Absolument, sauf que seul le résultat final importe et que les bons gardiens créent plus souvent qu’autrement leur chance.

Hellebuyck demeure un excellent gardien et il peut très bien tenir tête à Fleury. Espérons simplement que ces deux portiers continuent de nous régaler et que le meilleur l’emporte.