MONTRÉAL – Ce n’était pas évident de causer une surprise, cette année, avec le contexte des camps d’entraînement écourtés, mais le défenseur Nicolas Meloche a réussi ce tour de force chez les Sharks de San Jose alors qu’il a disputé, jeudi, son premier match dans la LNH. 

Pas banal du tout de compléter une brigade défensive menée par Brent Burns, Erik Karlsson et Marc-Édouard Vlasic. D’ailleurs, on y reviendra sous peu. 

Dans un monde idéal, Meloche aurait évidemment souhaité que son entourage puisse assister à cette étape marquante de sa carrière, mais il est loin de se plaindre de la situation. 

« Ils m’ont annoncé, la veille, dans une réunion, que j’allais faire partie de la formation. J’étais vraiment excité et j’ai appelé toute ma famille. Ça ne s’est pas passé dans les circonstances imaginées, mais j’étais vraiment juste heureux de pouvoir jouer et surtout aussi vite dans la saison », a confié Meloche au RDS.ca. 

En fait, il s’en est fallu de peu pour que Meloche puisse disputer cette première rencontre devant des proches. 

« Mon frère et ma blonde ont essayé de se rendre sur place, mais leur vol a été annulé jeudi matin. Il y a eu quelques péripéties, mais j’étais vraiment excité de réaliser mon rêve de petit gars », a expliqué le défenseur droitier. 

Rappelons que les Coyotes se classent parmi la poignée d’organisations de la LNH qui peuvent accueillir des partisans. Pour le lancement de la saison, 3450 spectateurs étaient présents dans les gradins du Gila River Arena. 

Meloche aura l’occasion de se reprendre à ce chapitre, mais il peut déjà être satisfait de son baptême de la LNH. Habile patineur, l’athlète de 23 ans a rempli son mandat de jouer du hockey simple en plus d’être fiable défensivement. La cerise sur le sundae aura été de participer à l’action qui a mené au deuxième but des Sharks qui l’ont emporté 4-3 en fusillade. 

« J’étais content, j’ai juste fait mon travail. J’ai envoyé la rondelle derrière le but (à partir de la ligne bleue offensive) et les attaquants ont fait un bon boulot. C’est un bon feeling de contribuer positivement », a admis Meloche à propos de la réussite de Tomas Hertl sur des aides d’Evander Kane et John Leonard. 

Épier Burns, Karlsson et encore plus Vlasic 

Vers la fin du camp d’entraînement, l’entraîneur-chef Bob Boughner a admis publiquement que Meloche constituait une belle surprise. L’ancien du Drakkar, des Olympiques et des Islanders vivait son premier camp avec les Sharks ayant été échangé par l’Avalanche en septembre 2019. 

La saison dernière, il avait bien progressé au sein de l’organisation dans la Ligue américaine et il avait même été rappelé sans être inséré dans la formation. Cette fois, la blessure qui incommode Radim Simek lui a ouvert la porte. 

Meloche s’est donc retrouvé à compléter le flanc droit défensif derrière Burns et Karlsson. 

« Pour vrai, je me suis très bien senti. C’est sûr qu’en tant que droitier, il y a d’excellents joueurs devant moi à San Jose. Je prends toutes les minutes que je peux et je fais de mon mieux. J’essaie d’aider l’équipe à gagner et je ne regarde pas ça. Je voulais juste qu’on gagne et que tout le monde soit heureux comme je l’étais », a réagi Meloche qui a passé 5 :43 sur la patinoire. 

Sans surprise, il a été saisi par la vitesse d’exécution de la LNH, mais il a eu la brillante idée d’approcher ce match avec confiance. 

« C’était aussi le premier match depuis longtemps pour bien des joueurs donc ça m’a mis en confiance dans le sens qu’eux aussi n’avaient pas joué au cours des derniers mois. C’était plus dans l’échauffement, quand je regardais des deux côtés et que je devais me dire ‘Ok, tu es dans la LNH, mais tu ne dois pas penser à être stressé, tu dois juste t’amuser. Tu joues au hockey depuis que tu as quatre ans donc fais ce que tu es capable de faire' », a-t-il exposé depuis sa chambre d’hôtel.

Il continuera d’en apprendre autant que possible du trio de défenseurs étoiles des Sharks. 

« Ils sont super gentils, ils m’aident chaque jour. Surtout Marc-Édouard, en étant Québécois, on a une connexion un peu différente. On se parle parfois en français. C’est une bonne chose pour moi puisque je regarde les meilleurs défenseurs de la LNH, comment ils se comportent et comment ils se préparent », a noté le hockeyeur de six pieds trois pouces et 205 livres. 

Ce n’est pas tout, il a eu le privilège de fouler la patinoire avec Vlasic. 

« Je me disais que ce serait le fun de jouer avec lui un jour et c’est arrivé dans la partie. Je veux un peu jouer à sa manière : un défenseur capable de jouer des deux côtés de la patinoire, mais surtout défensivement. C’est vraiment spécial d’être à ses côtés, je regarde son jeu depuis longtemps même s’il évolue dans l’Ouest. Je l’ai suivi aussi de près avec Équipe Canada. C’est un leader un peu plus silencieux, mais il fait ses affaires et il est bien drôle également, c’est amusant d’être avec lui », a mentionné Meloche qui a été touché par la COVID-19 en octobre. 

Si Boughner a parlé de surprise, Meloche croyait en son arsenal. 

« Je suis arrivé assez confiant au camp. J’ai eu un gros neuf mois d’entraînement et je suis allé sur la glace aussi en privé. Ça m’a permis de travailler sur des choses que je travaillais peut-être un peu moins. Je me disais que je n’avais rien à perdre et je suis content aussi que l’organisation l’ait reconnu et m’ait donné ma chance. »

Une fois que cette première partie a été complétée, il n’a pas perdu de temps pour appeler son père.  

« C’est un grand fan de hockey. Dès que je suis sorti de l’aréna, je l’ai appelé tout de suite. Il m’a dit qu’il était fier de moi et de continuer de travailler fort. C’était vraiment juste un beau moment de famille. Oui, il n’était pas là, mais je sais que tout le monde a regardé la partie et ils se sont couchés tard pour moi. C’était vraiment le fun de leur parler après la partie », a dit Meloche qui sonnait très reconnaissant envers sa famille. 

La suite des choses sera intrigante. Meloche sait déjà qu’il sera souvent cédé et rappelé de l’escouade volante (taxi squad) pour des motifs de plafond salarial. Au retour de Simek, ce sera à lui de convaincre les dirigeants de se tourner de son côté à nouveau. En attendant, il pourra s’entraîner avec le club et ce ne sera que bénéfique pour sa cause. 

Disons que le sacrifice de se soumettre à une quarantaine, seul à l’hôtel, pendant Noël, en vue du camp d’entraînement est déjà loin dans ses souvenirs.