TORONTO - Parce que le défenseur suédois Rasmus Dahlin est dans une classe à part, le Canadien aurait pu combler l’immense vide qui mine le flanc gauche de sa défensive s’il avait gagné la loterie du repêchage samedi à Toronto.

 

Par le biais de ce seul tirage au sort, le Tricolore serait déjà ce matin un meilleur club qu’il ne l’était hier.

 

Ce sont toutefois les Sabres qui ont gagné. Pour la deuxième fois seulement lors des sept dernières années, l’équipe qui a terminé au dernier rang du classement général et qui détenait les meilleures chances de gagner (18,5 %) l’a fait. Les Maple Leafs, avec Auston Matthews en 2016, sont les seuls autres à avoir vu les statistiques leur sourire.

 

L’an dernier, les Devils du New Jersey ont gagné la loterie. Du 4e rang qu’ils occupaient le soir du tirage – le même que le Canadien – ils ont grimpé au premier rang pour mettre la main sur Nico Hischier.

 

À défaut de gagner le gros lot, le Canadien s’est hissé du 4e au 3e rang du prochain repêchage ce qui devrait lui permettre d’être un meilleur club l’an prochain qu’il ne l’a été l’an dernier. S’il joue bien ses cartes et qu’il a la main heureuse. Bien sûr.

 

Mais quand on consulte la liste des candidats potentiels concoctée par notre collègue et spécialiste Stéphane Leroux, il est clair que le Canadien mettra la main sur un jeune qui sera bien plus qu’un simple espoir. Il mettra la main sur un gars qui pourra devenir un autre Jonathan Drouin ou un autre Alex Galchenyuk qui sont, tous deux, « sortis » troisièmes de leur repêchage respectif.

 

« Les joueurs qui seront disponibles au troisième rang pourraient faire le saut dans la LNH dès la saison prochaine », a d’ailleurs convenu le directeur général Marc Bergevin.

 

Transaction possible

 

Parce qu’il a de gros ennuis à régler à la gauche de son premier duo de défenseurs et aussi au centre de son premier trio, Marc Bergevin pourrait-il être tenté d’échanger ce choix afin d’obtenir une aide immédiate plutôt que de miser sur le long terme?

 

« J’ai l’obligation d’écouter les offres qui pourraient m’être faites. Mais quand tu repêches aussi haut dans le repêchage, c’est parce que tu as connu des moments difficiles. Tu souffres pour obtenir un choix aussi élevé. Ça t’oblige à être prudent. Ça prendrait une offre très alléchante », a ajouté Bergevin.

Les plus beaux buts de Filip Zadina

 

Ça veut dire quoi une offre alléchante? Ça veut dire un gars qui peut jouer tout de suite, et avec succès et aplomb, à la gauche de Shea Weber. Pas un David Schlemko ou un Karl Alzner. Un défenseur solide et fiable. Ça pourrait aussi vouloir dire un vrai premier centre.

 

D’ici à ce qu’une ou des offres lui soient présentées, Marc Bergevin va travailler avec ses recruteurs pour s’assurer de maximiser cette troisième sélection. Mais aussi les quatre de deuxième ronde, les trois de quatrième ronde en plus des choix de troisième et cinquième rondes à la disposition du Tricolore.

 

« On va se réunir la semaine prochaine pour élaborer notre deuxième liste. Suivra ensuite la séance de tests physiques (combine) et l’élaboration de notre liste finale dans les jours précédents le repêchage. Je n’irai pas au Championnat du monde. Je vais suivre encore quelques matchs dans la LHJMQ et dans les rangs juniors afin de voir le plus possible les gars qui nous intéressent. Mais j’ai déjà fait pas mal de recrutement dans le dernier mois et demi», a expliqué Bergevin samedi soir à Toronto.

 

D’autres embauches à venir

 

Après avoir amorcé la reconstruction de son équipe d’entraîneurs avec l’embauche, vendredi, de Dominique Ducharme, Marc Bergevin devra s’occuper de renouveler son équipe d’entraîneurs à Laval, avec le Rocket, et de trouver aussi un remplaçant à Jean-Jacques Daigneault à titre d’entraîneur des défenseurs.

 

« Nous remplacerons Jean-Jacques. Ce n’est qu’une question de temps. Claude et moi n’avons pas encore dressé de liste de candidats parce que nous attendons de voir les mouvements autour de la Ligue. Certains gars intéressants pourraient devenir disponibles. Je ne sais pas quand les embauches seront effectuées, mais elles le seront», a convenu le directeur général du Canadien.

Les plus beaux buts de Brady Tkachuk

 

Parallèlement aux restructurations de l’état-major et du repêchage, Bergevin devra aussi avoir un œil sur les transactions qui pourraient se présenter à lui sans oublier la préparation de sa liste d’épicerie au marché des joueurs autonomes.

 

Si Rasmus Dahlin représentait sans l’ombre d’un doute un des piliers du plan du Canadien, il va sans dire que John Tavares serait un autre très solide pilier sur lequel rebâtir le Tricolore.

 

La troisième sélection du prochain repêchage étant un bien beau prix de consolation, il faudra peut-être que Bergevin et ses adjoints trouvent une façon de maximiser leur prix de consolation sur le marché des joueurs autonomes également.

 

On verra.

 

Deuxième top-3 en 37 ans

 

L’attente entre la confirmation que le Canadien s’était hissé dans le top-3 et le dévoilement du résultat final a attisé la patience – ou l’impatience – des partisans qui se sont mis à rêver au tout premier choix.

 

Il faut dire que ça n’arrive pas souvent.

 

Les plus beaux buts d'Andrei Svechnikov

La dernière fois que le Canadien a sélectionné le tout premier choix au repêchage, c’était en 1980. Il regrette toujours. Du moins, ses partisans s’assurent de lui rappeler de regretter cette décision puisqu’il a tourné le dos à un certain Denis Savard pour lui préférer Doug Wickenheiser. Wickenheiser a disputé 556 matchs dans la LNH au cours desquels il a marqué 111 buts et totalisé 276 points.

 

Savard a disputé plus du double de parties que Wickenheiser (1196) il a marqué 473 buts et récolté 1338 points. Vrai qu’il a gagné la coupe Stanley avec le Tricolore en 1993, mais il n’était plus l’ombre du joueur qu’il a été au cours de son illustre carrière avec les Blackhawks de Chicago.

 

Un retour dans l’histoire nous rappelle que le Canadien n’a pas été le seul à tourner le dos à Savard en 1980. Les Jets de Winnipeg se sont aussi rendus «coupables» de cet oubli. Ils ont toutefois eu la main plus heureuse que le Canadien alors que Dave Babych a connu une carrière de 1195 matchs dans la LNH et qu’il a toujours été considéré comme un solide défenseur. Ses 142 buts et 723 points en témoignent d’ailleurs.

 

Qui Montréal devrait repêcher?

Depuis l’erreur Savard-Wickenheiser, le Canadien a sélectionné sept fois dans le top-10, mais une seule dans le top-3 : en 2012 lorsqu’il a repêché Alex Galchenyuk avec la troisième sélection.

 

Mikhail Sergachev (9e en 2016), Carey Price (5e en 2005), Andrei Kostitsyn (10e en 2003), Mike Komisarek (7e en 2001), Terry Ryan (8e en 1995) et Mark Hunter (7e en 1981) complètent la liste des derniers choix du top-10 par le Canadien depuis 1980.

 

Hurricanes : les grands gagnants

 

Parce qu’ils sélectionneront le premier de classe Rasmus Dahlin – c’est du moins l’avis général et Jason Botteril a besoin de renfort à la ligne bleue – les Sabres sortent gagnants

 

Plusieurs diront que les plus grands gagnants sont toutefois les Hurricanes de la Caroline qui sont passés du 11e au 2e rang de sélection lors de la première ronde du prochain repêchage. Tout un bond. Il sera intéressant de voir si le prochain directeur général – si les Hurricanes en embauchent un d’ici le 22 juin prochain, date du prochain repêchage qui se tiendra à Dallas – saura profiter de son bond pour améliorer son équipe et l’aider à courtiser un entraîneur-chef pour remplacer Bill Peters qui vient de quitter le navire pour prendre le gouvernail des Flames de Calgary.

 

Les Canes, ou même leurs ancêtres les Whalers, n’ont jamais profité du tout premier rang au repêchage. Eric Staal (2003), Chris Pronger (1993) et Sylvain Turgeon (1983) ont tous été des deuxièmes sélections derrière Marc-André Fleury, Alexandre Daigle et Brian Lawton.