MONTRÉAL – Quand il était jeune, Jacob Perreault regardait parfois ses dessins animés préférés avec Patrice Bergeron, Jack Johnson ou même Sidney Crosby dans la même maison que lui. À l’adolescence, il a pu épier de très près les Patrick Kane, Jonathan Toews et compagnie. Alors que c’est à son tour d’aspirer à la LNH, on compare son tir à celui de Brock Boeser. 

Perreault a vécu ce privilège puisque son père Yanic, qui a connu une belle carrière professionnelle de 16 saisons, était impliqué dans l’organisation du tournoi À bout de souffle et le domicile familial accueillait quelques participants. Ensuite, il a bénéficié de ses nombreuses présences aux parties des Blackhawks à Chicago quand ils dominaient le circuit Bettman. 

Vous commencez à obtenir une recette haute voltige quand vous ajoutez à cela les gênes de son père et surtout les enseignements de ce dernier qui encadre la relève des Hawks. La beauté dans cette histoire, c’est que le résultat dévoile un athlète qui en a fait sa propre interprétation.  

« On se ressemble à quelques niveaux comme le sens du jeu, je pense que c’est l’un des aspects sur lequel il est sous-estimé. Jacob est fort dans plusieurs départements, il a un bon lancer, un bon coup de patin, un bon sens du jeu  et il quand même un gabarit de cinq onze pouces et 195 livres sans être mature physiquement », a évalué Yanic qui s’est prêté au jeu avec intérêt. 

Jacob, Jérémy, Gabriel et Liliane Perreault« Avec les enfants, j’ai toujours travaillé fort au niveau des habiletés. C’est plus facile quand ils apprennent de la bonne façon que de changer des choses à 12-15 ans. J’ai essayé de leur donner une bonne base. Mais chaque enfant a ses forces », a décrit le père de quatre enfants qui est convaincu qu’ils ont développé leur sens du jeu en étudiant le répertoire des vedettes des Hawks. 

En ce qui concerne les différences, Jacob possède l’un des meilleurs tirs – sinon le meilleur – parmi les attaquants de ce repêchage. Mais surtout, il évolue au poste d’ailier alors que son père était le maître des mises au jeu. Au même âge, Jacob s’avère aussi plus habile sur patins.  

« On a toujours eu une place pour lancer des rondelles dans notre sous-sol. Je suis convaincu que ça m’a beaucoup aidé et on a travaillé fort sur mon patin. Il savait ce dont j’avais besoin pour être un bon joueur », a précisé Jacob.  

Puisqu’il évolue avec le Sting de Sarnia, dans la Ligue de l’Ontario, Perreault n’a pas autant retenu l’attention dans sa province natale en vue du prochain repêchage, mais il ajoute définitivement à la qualité de la cuvée québécoise menée par Alexis Lafrenière. 

Le repêchage demeure une journée mémorable – même en contexte virtuel provoqué par la pandémie – mais il ne garantit rien et le parcours de son père, Yanic, le démontre à merveille. Ignoré deux fois, son paternel a fini par être repêché pour ensuite connaître une carrière professionnelle très concluante de 16 saisons.

Il n’en demeure pas moins que Jacob pourrait être repêché dès la première ronde alors que son nom a été inscrit au 17e rang des espoirs de l’Amérique du Nord par la Centrale de recrutement de la LNH. Ses saisons de 30 et 39 buts avec Sarnia, une organisation dirigée par David Legwand et Derian Hatcher, ne sont pas étrangères à ce résultat. 

Un manque de constance à corriger

Avec l’arsenal qu’il possède, Perreault serait sans doute répertorié encore plus haut s’il n’était pas affligé par une faiblesse répandue à son âge. 

« Tout le monde se pose la question sur son engagement collectif. Tu peux le perdre de vue assez vite dans un match alors que, dans la suivante, il a l’air d’Ovechkin. C’est un shooter incroyable. Dès qu’il a la rondelle, il se passe de quoi. Mais l’autre côté de la médaille, c’est qu’il a un énorme manque de constance », a admis un recruteur d’une équipe de la LNH. 

« Lui, il a du talent. Oh oui, il shoot le puck ! Il a des mains pour battre du monde et il peut fabriquer des jeux, mais ce n’est pas un gars qui se défonce mettons… », a corroboré une deuxième source.  

Jacob Perreault et son père Yanic« Sais-tu ce que je trouve drôle ? Son père a dominé la LHJMQ et on lui a reproché qu’il était un peu trop soft, lent et qu’il ne jouait pas défensivement. Il a appris à faire toutes ces choses et il était devenu un bon joueur défensif vers la fin. Mais le kid n’a pas encore compris le cheminement de son père », a poursuivi cet observateur. 

Avec un entraîneur comme Derian Hatcher, on pourrait présumer que le message aurait été transmis plus tôt. 

D’ailleurs, Perreault ne nie pas cette lacune et il entend surtout démontrer des progrès.  

« Oui, je suis jeune et c’est vrai que c’est un sport de constance. C’est sûr que j’aurais pu jouer un peu plus fort dans certains matchs. Mais, l’année prochaine, je suis confiant de jouer de manière encore plus intense. Je vais vouloir être l’un des meilleurs sur la glace », a réagi Jacob qui assure avoir évolué défensivement cette année. 

Quant à son père, il connaît la réalité du repêchage et il ne s’offusque pas de cette critique. 

« On entend toutes sortes de commentaires à gauche et à droite. Mais pour tous les jeunes, que ce soit dans junior ou dans la Ligue américaine, la constance se développe plus avec le temps et l’expérience. D’ailleurs, il a mieux fait là-dessus en deuxième moitié de saison. Il a été beaucoup plus constant, match après match. Il a travaillé des deux côtés de la patinoire, il a été agressif pour vouloir la rondelle », a répondu Yanic. 

Depuis le début du confinement, le clan Perreault peut travailler certaines faiblesses. La famille est surtout heureuse d’être réunie à Chicago alors que les saisons de hockey ne permettent pas ce privilège habituellement. Il y a Jérémy, le plus vieux, qui aide Yanic à diriger une équipe de hockey mineur de haut niveau, dans laquelle évolue Gabriel, le plus jeune. Quant à sa fille Liliane, elle est revenue de l’Université Mercyhurst où elle joue pour les Lakers. 

« Les premières semaines, tout le monde était content de se retrouver et de passer du temps en famille étant donné que nos saisons sont très occupées. C’est plaisant, mais par contre, dernièrement, tout le monde a plus hâte de reprendre ses activités », a confié le paternel.  

Pour Jacob, ça inclut le repêchage qui s’annonce particulier à défaut d’être présenté à grand déploiement au Centre Bell. 

« C’est sûr que ç’aurait été vraiment spécial, Jacob est né à quelques minutes du Centre Bell », a conclu Yanic qui verra son fils hériter de son prochain domicile à ce moment. 

Ça deviendrait encore plus fascinant si Jacob devait être repêché par l’une des six équipes (les Maple Leafs, les Kings, le Canadien, les Predators, les Coyotes et les Blackhawks) qui a façonné la carrière de son père.