BUFFALO – Douze ans après sa conclusion, l’édition 2003 du repêchage de la Ligue nationale de hockey est considérée comme celle ayant produit l’une des cuvées les plus spectaculaires de l’histoire de l’événement.

Si c’est le top-3 composé de Marc-André Fleury, Eric Staal et Nathan Horton qui avait à l’époque fait les manchettes, les Flyers de Philadelphie avaient frappé un coup double en appelant Jeff Carter au 11e rang et Mike Richards au 24e. Mieux encore, les Ducks d’Anaheim avaient mis la main sur Ryan Getzlaf et Corey Perry avec les 19e et 28e choix. Brent Burns et Ryan Kesler avaient entendu leur nom dans le dernier tiers de la première ronde tandis que Shea Weber et Patrice Bergeron avaient dû patienter au tour suivant pour trouver preneur.

En rétrospective, 13 des 30 joueurs sélectionnés en première ronde cette année-là ont depuis disputé au moins 700 matchs dans la LNH. Deux autres, Milan Michalek et Zach Parise, devraient franchir ce plateau la saison prochaine. Sept des neuf rondes de l’encan comptent au moins un joueur ayant amassé un minimum de 300 points en carrière dans la LNH.

Dan MarrOn dit du prochain encan, qui aura lieu les 26 et 27 juin en Floride, qu’il offre un bassin de joueurs prometteurs extrêmement profond. Avant d’avancer qu’il y a matière à comparaison avec 2003, il y a un pas que Dan Marr, le directeur de la Centrale de recrutement de la LNH, n’est pas prêt à franchir. Mais ce qui est clair, c’est que la bonne réputation de l’actuelle promotion va bien au-delà de la présence des surdoués Connor McDavid et Jack Eichel.

« Chaque repêchage a sa propre personnalité, a prudemment répondu Marr vendredi lors d’une sortie médiatique organisée en marge de la journée d’évaluation des espoirs qui devait avoir lieu le lendemain au Harbor Center de Buffalo. Cette année, il mettra en vedette deux joueurs réellement exceptionnels, mais vous pouvez scruter le reste du top-10 et voir plusieurs futures vedettes dans ce groupe. »

Depuis le début de la saison, la Centrale n’a pas dérogé de sa position en classant le défenseur Noah Hanifin au troisième rang de ses prévisions. Suivent notamment, dans le désordre, les deux premiers marqueurs de la Ligue junior de l’Ontario (Dylan Strome et Mitch Marner), le plus jeune membre d’Équipe Canada au plus récent Championnat du monde des moins de 20 ans (Lawson Crouse), le plus jeune défenseur des rangs universitaires américains (Zach Werenski) et le premier représentant de la LHJMQ, le Suisse Timo Meier.

Lawson Crouse« Je me fais souvent poser la question depuis que je suis arrivé ici parce que les Sabres possèdent également le 21e choix. Quand j’observe ce que la première ronde réserve, je me dis que lorsque viendra leur tour de parler, plusieurs équipes seront en mesure de mettre la main sur un joueur qu’elles avaient classé bien plus haut sur leur propre liste, prédit Marr. Je crois qu’à la fin de la première journée, tout le monde sera plus que satisfait de sa récolte. »

Les Oilers d’Edmonton et les Sabres de Buffalo, qui ont hérité des deux premiers rangs de sélection lors d’une loterie tenue au terme de la saison, semblent détenir les seules valeurs sûres de cet imprévisible exercice. Mais même si McDavid semble faire l’unanimité, Marr juge qu’un très mince écart sépare le prodige canadien de son dauphin américain.

« Chacun amène un petit quelque chose de différent, mais les deux seront assurément des contribuables de premier plan dans la LNH. Ils feront une différence pour leur équipe, ils auront un impact, les chiffres seront au rendez-vous et ils seront des joueurs d’exception. »

Même s’il a raté 21 matchs en raison d’une blessure à un poignet et de sa participation au Mondial junior, McDavid a terminé au troisième rang des pointeurs de l’OHL avec une récolte de 120 points en 47 matchs de saison régulière. Il a ensuite ajouté 49 points en 20 parties éliminatoires pour aider les Otters d’Erie à atteindre la finale du circuit ontarien.

« Ce qu’on remarque surtout à propos de Connor, c’est sa capacité à enregistrer les informations et à exécuter ses jeux à haute vitesse. Et on pense en plus que le meilleur est à venir dans son cas, il y a encore place à amélioration », entrevoit Marr.

À sa première année comme porte-couleur de Boston University, Eichel a amassé 70 points en seulement 39 matchs et est devenu la première recrue à remporter le trophée Hobey Baker, remis au joueur par excellence du circuit universitaire américain, depuis Paul Kariya en 1993.

« Ce que Jack a accompli est exceptionnel, il a surpassé nos attentes, vante Marr. Tout le monde savait qu’il connaîtrait une bonne saison, mais pas à ce point. Ça démontre à quel point il est un joueur très spécial. »

Bonne année pour le Québec

Le Québec est bien représenté au classement final colligé par l’équipe d’évaluateurs de la Ligue nationale. Quinze des 50 premiers espoirs répertoriés en Amérique du Nord ont fait leurs classes dans le circuit Courteau.

Timo MeierDan Marr compare avantageusement la contribution attendue de la LHJMQ à celle observée il y a deux ans, l’année MacKinnon, alors que 31 joueurs étaient repartis du New Jersey avec le chandail et la casquette d’une équipe de la LNH.

« Il y a une belle profondeur qui émane du Québec. L’année 2013 avait été bonne, mais j’estime qu’on y produira cette année un plus grand nombre de joueurs qui atteindront un jour la LNH », envisage l’ancien recruteur des Maple Leafs de Toronto et des Thrashers d’Atlanta.

Étrangement, les six représentants de la LHJMQ les mieux classés évoluent pour des formations des Maritimes. Après Meier, on retrouve les défenseurs Jakub Zboril et Thomas Chabot des Sea Dogs de Saint John, Evgeny Svechnikov des Screaming Eagles du Cap Breton et Filip Chlapik et Daniel Sprong des Islanders de Charlottetown. Jérémy Roy, du Phoenix de Sherbrooke, est le premier joueur d’une formation québécoise à apparaître sur la liste.

« Nous allons où sont les joueurs, c’est le seul facteur sur lequel est basé notre itinéraire », promet Marr, se défendant d’accorder plus d’importance à un certain marché.