En éliminant les Bruins mercredi soir, le Canadien a infligé à la ville de Boston l’une des pires déceptions de son histoire sportive.

C’est du moins l’avis du réputé chroniqueur du Boston Globe Dan Shaughnessy, qui offre une réflexion sur la « douloureuse » élimination des Bruins dans la plus récente édition du quotidien.

« Cette défaite a sa place dans le Hall of Pain du sport professionnel de Boston, juste à côté des exploits de Ken Dryden en 1971, de la fameuse pénalité pour avoir eu trop d’hommes sur la glace de 1979 et de quelques-uns des effondrements des Red Sox au cours du siècle dernier », note le scribe.

Shaughnessy s’attendait à ce que les Bruins, après s’être plaints de tant de malchances et de mauvais rebonds, montrent finalement leur vrai visage face au risque de l’élimination.

« Au contraire, écrit-il en français. Face à un moment aussi déterminant, les Bruins n’ont rien donné dans la première période du septième match. Véritablement. Rien. »

« Bienvenue en enfer », a souhaité aux joueurs des Bruins Jackie MacMullan, d’ESPNBoston.com. « C’est là qu’ils passeront les quatre prochains mois, tentant de comprendre comment ils ont pu laisser le Canadien dicter l’allure de la série et comment ils ont pu choisir la première période d’un match sans lendemain pour connaître les vingt pires minutes de leur saison. »

« Comment une équipe aussi expérimentée, remplie de la champions de la Coupe Stanley, a-t-elle pu s’écrouler aussi tristement au moment le plus crucial? Où était le leadership? », se questionne aujourd’hui MacMullan.

La faute au capitaine?

Dans les journaux de Boston, Zdeno Chara essuie une bonne partie du blâme pour la déconvenue des favoris déchus.

Aux yeux de Ron Borges, du Boston Herald, le défenseur format géant des Bruins a joué comme un gars qui se fait rattraper par le poids des années, incapable d’en prendre autant qu’on a l’habitude de lui en demander sur ses épaules.

« Il a paru en retard, un peu perdu, un joueur sans beaucoup d’énergie dans sa démarche. Il est peut-être toujours le meilleur défenseur de la Ligue nationale, mais il n’a pas joué à la hauteur de cette distinction, tout comme son équipe n’a pas joué comme la meilleure du championnat de la saison régulière. Tout ça concorde parfaitement, mais sans trop qu’on puisse comprendre pourquoi c’est arrivé. »

« Chara est l’élément stabilisateur des Bruins et lorsqu’il est ébranlé, toute l’équipe l’est, ajoute Christopher L. Gasper dans le Globe. Les Bruins n’ont jamais trouvé leur équilibre dans cette série. Le Canadien était bien équipé pour contrer la tour à la ligne bleue des Bruins et ainsi bien équipé pour vaincre ses rivaux. »

Gasper laisse lui aussi entendre que les meilleures années de Chara pourraient être derrière lui.

« C’est une belle opportunité que les Bruins ont laissé filer. On parle des chances de Tom Brady de gagner un championnat qui s’amenuisent, mais c’est la même chose pour Chara. Il a 37 ans. Pendant combien de temps encore les Bruins pourront-ils compter sur le Big Z pour assurer une présence aussi infatigable et rassurante? »

Chara ne mérite toutefois pas d’être l’unique bouc-émissaire de la déconfiture des Bruins, note Joe Haggerty, de CSN New England.

« Le premier trio ne s’est jamais présenté, le quatrième trio a été éclipsé par celui de Montréal et Tuukka Rask n’a pas été à la hauteur de Carey Price entre les poteaux. Et surtout, les Bruins n’étaient probablement pas assez rapides pour suivre une équipe qui semblait toujours au-dessus de la mêlée. »

Un oeil au beurre noir

Kevin Paul Dupont, lui aussi du Boston Globe, a pour sa part déploré l’attitude des Bruins, faisant notamment référence au comportement de Milan Lucic, qui aurait tenu des propos disgracieux à l’endroit de Dale Weise et Alexei Emelin.

« Les Bruins ont souffert de défaites encore plus déroutantes aux mains des Habs, et bien que celle-ci fasse mal sans aucun doute, le Noir et Or (Black and Gold) s’est asséné un œil au beurre noir sur le plan de l’image de la façon dont ils se sont conduits en fin de rencontre lors des matchs 5, 6 et 7. »

Son collègue Christopher L. Gasper ajoute quant à lui que les Bruins se doivent maintenant de s’ajuster au style du Canadien.

« En vertu des modifications apportées par la LNH et l’importance qui est maintenant accordée aux affrontements de division en séries, les Habs seront dans les pattes des Bruins pour encore un bon bout dans leur quête vers le trophée de Lord Stanley. […] Ils sont fatigants, rapides, talentueux et, apparemment, désireux de se faire respecter. »

« La recette des Bruins fonctionne. Ils ont les trophées (une coupe Stanley en 2001 et un trophée du Président cette année) pour le prouver. Mais ce n’est pas efficace contre le Canadien. Simplement bâtir des équipes avec la recette de Claude Julien qui consiste à la responsabilité défensive dans les trois zones, quatre trios équilibrés et du jeu physique ne sera peut-être pas suffisant pour ramener une autre coupe à Boston. Pas si les Bruins doivent sortir vainqueurs de la division Atlantique en battant le Canadien chaque printemps. Les Bruins doivent bâtir leur équipe de façon à pouvoir vaincre le bleu-blanc-rouge. »