QUÉBEC – C’était légitime de la part de Louis Domingue de croire qu’il avait relancé sa carrière dans la bonne direction en ayant connu une impressionnante saison à titre de réserviste à Andrei Vasilevskiy. Pourtant, tout est à recommencer pour le gardien québécois.

Conséquence directe de l’immense contrat accordé à Vasilevskiy, Domingue doit patienter avant de découvrir sa nouvelle destination malgré un dossier de 21-5 avec une moyenne de 2,88 et une efficacité de ,908. Le hic, c’est que le jeu de dominos s’est enclenché tardivement et que le Québécois ne se retrouve pas dans la situation la plus avantageuse à l’heure actuelle.

Ça explique sans doute pourquoi Domingue a choisi de ne pas répondre aux questions concernant ce sujet lors de sa présence au Pro-Am Gagné-Bergeron, un événement qui a encore été un fabuleux succès en amassant 450 000 $ pour le Pignon Bleu, Leucan, la Fondation Philippe Boucher, la Fondation Maurice Tanguay et la Fondation Simple Plan.

Volubile et pertinent dans ses entrevues, Domingue ne voulait pas revenir sur ce dossier épineux.

Le cerbère originaire de Saint-Hyacinthe préfère tout de même voir un aspect positif à cette réalité économique du hockey, ce départ du Lightning pourrait lui accorder l’occasion d’aspirer à un poste de numéro un, son objectif ultime.

Lentement, mais sûrement, les autres joueurs du Lightning se font à l’idée de le voir partir et ils doivent accepter la décision du directeur général Julien BriseBois. Celui-ci a préféré ajouter Curtis McElhinney et Mike Condon à son organisation pour épauler Vasilevskiy.

« Je ne sais pas comment le prendre, je ne m’attendais pas à ça surtout avec la saison que Louis vient de réussir. Je pense que Julien voyait ça et il se disait qu’il voudrait ensuite avoir un meilleur salaire. Il voulait s’assurer d’avoir un plafond contrôlé à cette position », a exposé l’attaquant Cédric Paquette avec déception dans la voix.

Précisons que Domingue touchera cette saison un salaire de 1,15 million tout comme en 2018-2019.

« Ce n’est pas facile, c’est l’un de mes amis proches dans l’équipe. De le voir sans équipe à cette date, c’est difficile », a poursuivi Paquette.

Sondé quelques minutes plus tôt, Yanni Gourde devait aussi se faire à l’idée.

« Je suis vraiment proche de Louis. Mais ce sont des décisions de l’organisation et il y a toujours des chums qui vont être échangés à des moments comme ça. Il a été exceptionnel cette saison, il a vraiment bien fait ça derrière Vasilevskiy et il a excellé quand il s’est blessé. Il a aussi eu une très bonne attitude, je suis fier de lui », a indiqué Gourde en faisant référence à sa séquence de onze victoires qui s’est amorcée durant la blessure de son partenaire.

Une élimination trop difficile à oublier

L’argent a beau revenir très souvent dans les discussions relatives au sport professionnel – comme on a pu le voir dans le dossier de Domingue – c’est un aspect qui ne changera pas la personnalité de Gourde.

L’ancien des Tigres de Victoriaville a appris les rigueurs du travail tôt dans sa vie avec des emplois dans une épicerie et sur une ferme. L’écouter parler du volet financier de sa carrière nous convainc facilement qu’il sera l’un des derniers de la LNH à tomber dans le piège de ralentir la cadence parce qu’il a atteint une sécurité économique (contrat de cinq ans pour 31 millions).

De plus, sa motivation ne pourrait point être plus grande alors que le Lightning s’est effondré en première ronde face aux Blue Jackets de Columbus après une saison régulière exceptionnelle.

« Est-ce que j’ai aujourd’hui avalé le tout? Non, je l’ai encore sur le cœur, ce n’est pas quelque chose que tu finis par effacer. C’est tannant, ça va toujours être le cas. Je me souviens dans le junior d’avoir perdu en quatre matchs en première ronde (au printemps 2012) quand on avait une bonne équipe contre Baie-Comeau. On était supposé gagner aisément. Je n’ai pas encore fait mon deuil de ça, ça me dérange encore. C’est un moment de ma carrière qui suck ! Mais je ne veux pas que ça reste comme ça, je vais revenir l’année prochaine en voulant prouver qu’on est bons, que le Lightning est une solide équipe qui peut s’imposer en séries », a reconnu Gourde.

Pour lui, la prochaine saison sera avant tout l’occasion de « remettre les pendules à l’heure ». Les correctifs à prôner ne lui sautent donc pas aux yeux.

« Je ne sais pas... c’est dur de mettre le doigt sur un bobo, c’est plus qu’on n’a pas exécuté pendant quatre matchs. C’est difficile de répondre à cette question. Tous nos atouts qui avaient bien fonctionné durant la saison régulière ne fonctionnaient pas en séries », a-t-il répondu.

Gourde se dit surtout que ça va se replacer puisque le Lightning est reconnu pour dénicher des joueurs avec « de bonnes têtes, des gars qui travaillent ». Il appartient justement à cette catégorie tout comme Paquette.

« Tout le monde voudra prouver que c’était une erreur de parcours. Que ce soit (Steven) Stamkos, Vasilevskiy ou moi, peu importe le trio. Je pense que ce sera juste bon pour nous regrouper encore plus », a avancé Paquette.

L’attaquant de 25 ans sera soulagé d’entamer la prochaine saison. Il sait bien que ce n’est qu’à ce moment que l’épisode de l’élimination hâtive ne sera plus l’unique sujet de discussion.

Voilà pourquoi il a choisi de s’exiler aussi loin qu’il le pouvait pendant trois semaines après la défaite amère.

« Je suis parti trois semaines en Asie pour me vider la tête et ne pas entendre parler de hockey. J’ai laissé mon cellulaire de côté et ça m’a fait du bien », a noté celui qui a visité notamment Bangkok, quelques îles thaïlandaises, Singapour et Bali.

« C’est la première fois que j’allais dans ce coin, je voulais vraiment aller loin pour m’échapper du hockey. C’est une culture très différente de la nôtre, tu dois t’adapter au début et c’est plaisant de découvrir autre chose. Singapour, c’est vraiment un autre monde. On dirait qu’ils ne sont pas sur la même planète que nous, ils sont très avancés à plusieurs niveaux », a raconté le choix de quatrième ronde du Lightning en 2012.