Il y a 10 ans, Mark Streit évoluait en Suisse et il n'aurait jamais imaginé devenir capitaine d'une formation de la LNH. Quatre ans plus tard, le défenseur parvenait à faire le saut dans le circuit Bettman dans l'uniforme du Canadien sans rêver à cet honneur. À 33 ans, les Islanders de New York n'ont pas hésité à lui confier cette mission et il contribue à l'excellent départ de sa troupe.

La saison est encore jeune, mais les Islanders et leur nouveau capitaine font écarquiller les yeux avec un dossier de trois victoires et une défaite.

«On a beaucoup de talent dans notre équipe avec un bon mélange de jeunes et de vétérans sans oublier que nos gardiens ont joué de façon exceptionnelle. On commence à récolter les fruits de notre travail des dernières années», a expliqué Streit en entrevue au RDS.ca.

Un coup d'oeil aux statistiques de la LNH ainsi qu'aux faits saillants des parties permet de constater l'étendue de ce talent auquel Streit fait référence. John Tavares, le premier choix du repêchage de 2009, mène le bal et il est appuyé avec brio sur le premier trio par Pierre-Alexandre Parenteau et Matt Moulson.

«Il s'améliore beaucoup tous les ans parce qu'il est dédié au hockey autant pendant la saison que durant l'été et il possède un talent de marqueur qu'on ne voit pas très souvent. Il prévoit toujours où la rondelle aboutira et ses mains sont très agiles autour du filet», a raconté Streit avec admiration.

Streit a conservé son humilité depuis son départ de Montréal et il a été touché par le compliment qui est venu de la part de Parenteau, son coéquipier, plus tôt cette semaine dans un blogue de Luc Gélinas. Le Québécois doué offensivement soutenait que Streit était le joueur le plus sous-estimé de la LNH et le meilleur défenseur avec lequel il avait joué.

«C'est un très grand compliment pour moi, j'ai toujours eu comme mon objectif de devenir l'un des meilleurs défenseurs dans la LNH. Je dois dire qu'il joue de façon incroyable présentement et son arrivée avec les Islanders était un bon changement pour lui sans oublier qu'il est un très bon coéquipier dans le vestiaire.»

Le début étincelant des Islanders est d'autant plus surprenant qu'ils évoluent sous la gouverne de Jack Capuano, un entraîneur méconnu, et que le filet a été partagé par les «revenants» Al Montoya et Evgeni Nabokov.

«Notre entraîneur a l'avantage d'avoir dirigé plusieurs de nos jeunes joueurs à Bridgeport dans la Ligue américaine. J'aime beaucoup sa personnalité de bon communicateur. Il est sérieux dans son travail tout en étant capable de faire des blagues ce qui est une belle qualité», a souligné le défenseur originaire de Berne.

En tant que capitaine, Streit peut déjà se féliciter d'une initiative fort appréciée pour les célébrations de fin de partie. Le Suisse a imaginé ce scénario selon lequel ses coéquipiers se divisent en deux rangées pour former une allée d'honneur qui accueille les joueurs des Islanders qui méritent une étoile.

«Avant la saison, on cherchait un petit quelque chose de spécial. Normalement après une victoire, ça prend une minute et tous les joueurs ont quitté la patinoire. Bref, c'est un peu une façon de célébrer avec les fans et c'est agréable pour les joueurs qui vivent ce moment en équipe», a exprimé Streit avec le sourire dans la voix.

L'ami et le conseiller de son dauphin Yannick Weber

Au-delà de leur nationalité, les similitudes entre Streit et Yannick Weber sont éloquentes dans leur parcours avec le Canadien. Tout comme Streit, Weber traverse des embûches dans sa progression et il doit parfois manger son pain noir en évoluant comme attaquant.

Weber, qui est huit ans plus jeune que son compatriote, a déjà avoué que Streit lui est d'un grand conseil dans cette aventure parfois exigeante.

«On communique souvent ensemble et je tente de lui donner des conseils. J'essaie de l'aider parce que je sais que ce n'est pas toujours facile de jouer en attaque quand tu es un défenseur. Mais si l'entraîneur décide de t'utiliser comme attaquant, tu dois le faire et donner ton meilleur effort. Je crois qu'il fait un bon travail en restant positif», a-t-il indiqué au sujet de son ami.

À ses deux dernières saisons comme défenseur, Streit a amassé 105 points ce qui représente l'une des meilleures fiches parmi ses homologues. Malgré tout, il ne ressent pas d'amertume quand il songe aux parties disputées comme ailier avec Montréal.

«J'ai adoré jouer avec le Canadien. Même si je devais parfois jouer comme attaquant, c'était une opportunité de m'établir dans la LNH. C'était peut-être difficile au début, mais ça m'a donné beaucoup de confiance», a rappelé Streit qui entrevoit aussi de belles choses pour Raphael Diaz qui a été son coéquipier sur l'équipe nationale lors des Jeux olympiques de Vancouver.

À pareille date l'an dernier, Streit commençait à encaisser le choc de renoncer à la saison 2010-11 en raison d'une blessure subie pendant une partie intra-équipe. Un an plus tard, le portrait est diamétralement opposé.

«Ce fut difficile de regarder les matchs et de ne pas aider mes coéquipiers», s'est souvenu Streit après un soupir de soulagement.

«C'était un grand choc pour moi de manquer une saison complète, mais je suis très heureux maintenant», a conclu Streit qui a reçu de nombreux éloges dans son pays en devenant le premier capitaine suisse dans la LNH.