Martin St-Louis attend ses coéquipiers des Rangers à Montréal où la série finale de l’Est opposant les Blueshirts au Canadien se mettra en branle à 13 h samedi au Centre Bell.

Après avoir chaussé les patins avec les membres de l’équipe de réserve tôt jeudi matin, St-Louis s’est ensuite envolé vers Montréal. Il y a rejoint son père, sa sœur et les membres de sa famille pour préparer les funérailles de sa mère décédée subitement la semaine dernière. Des funérailles qui seront célébrées dimanche entre les première et deuxième rencontres de la finale de l’Est. Des funérailles auxquelles ses coéquipiers et tous les membres des Rangers assisteront afin de soutenir celui qui est devenu la pierre d’assise de l’équipe.

Dans le vestiaire des Rangers jeudi matin, l’entraîneur-chef et tous les joueurs interrogés reconnaissaient que cette épreuve vécue par St-Louis, mais aussi par l’ensemble de l’équipe, a joué un rôle important dans la remontée des Blueshirts aux dépens des Penguins de Pittsburgh en deuxième ronde des séries. Une remontée historique puisque c’était la première fois de leur histoire que les Rangers comblaient un recul de 1-3 pour remporter une série.

« Cette tragédie a soudé notre équipe », a reconnu le Gatinois Derick Brassard dont l’accolade offerte en guise de sympathie à son coéquipier endeuillé a fait le tour de la planète hockey après la victoire de 5-1 des Rangers lors du cinquième match.

L’entraîneur-chef des Rangers Alain Vigneault n’a pas eu à faire de grand discours pour motiver ses joueurs avant cette cinquième partie. La seule présence de St-Louis dans le vestiaire a suffi.

« Nous venions de disputer un très mauvais match lors de la quatrième partie. Peut-être notre pire de l’année. Je savais donc qu’on reviendrait fort dans le cinquième. Puis, la nouvelle du décès de la mère de Martin est tombée. Quand je lui ai parlé, je lui ai dit qu’il y avait des choses bien plus importantes que le hockey qui comptaient à ce moment pour lui. Je lui ai dit de s’occuper de son père, de sa sœur, de sa famille », racontait Alain Vigneault, croisé au centre d’entraînement des Rangers à Greenburgh, en banlieue nord-est de Manhattan.

À ce moment, Vigneault ne comptait pas sur la présence de St-Louis lors du cinquième match. Il ébauchait un plan de match en fonction de cette absence importante au sein de sa formation. Une absence physique bien sûr, mais aussi une absence qui avait des conséquences sur le moral des troupes également.

« Quand Martin m’a annoncé qu’il venait nous rejoindre à Pittsburgh et qu’il avait l’intention de jouer, tout a changé. L’émotion reliée à ce retour dans des circonstances aussi difficiles a eu un gros effet sur l’équipe. Quand j’ai parlé aux joueurs avant le match, je me suis limité à leur donner des directives très limitées en fonction du hockey. Ils ont fait le reste », a ajouté Vigneault.

Après avoir insufflé une énergie positive à ses coéquipiers lors du match cinq, St-Louis a marqué un but et obtenu la première étoile dans le cadre du sixième match disputé au Madison Square Garden. St-Louis et ses coéquipiers sont ensuite allés battre les Penguins, à Pittsburgh, pour passer en finale de l’Est.

« Le hockey est un sport d’équipe. On joue les uns pour les autres. Quand une tragédie frappe un coéquipier, c’est toute l’équipe qui est secouée. Ce qui est arrivé à Martin et à sa famille a transformé notre équipe. Nous sommes devenus unis devant la tragédie, mais aussi unis sur la patinoire. Dans les matchs trois et quatre, les gars y allaient d’efforts individuels. Dans les matchs cinq, six et sept, nous formions une équipe. Nous étions unis. Nous avons traversé des jours difficiles. C’est évident. Mais c’était beau de voir de quelle façon notre club a réagi. Nous avons vécu de beaux moments qui nous ont démontré à quel point nos liens sont étroits. C’était vraiment émouvant de voir Martin et son père profiter de nos victoires pour traverser leur épreuve personnelle », a témoigné le gardien Henrik Lundqvist.

Ami de longue date de Martin St-Louis avec qui il a célébré une conquête de la coupe Stanley à Tampa en 2004, Brad Richards a été particulièrement touché par le décès de la mère de son coéquipier.

« J’ai encore de la difficulté à en parler. C’est évident que cette épreuve a eu un effet positif sur notre équipe, mais en même temps je voudrais tellement qu’elle soit encore là. Que Martin n’ait pas à vivre ce qu’il vit présentement. J’ai toujours su à quel point Martin était un gars émotif. Un gars avec un grand cœur. Il l’a démontré en affichant le caractère qu’il a affiché en revenant avec l’équipe pour disputer les trois derniers matchs de la série contre Pittsburgh. Et ce ne sera pas plus facile avec ce qui s’en vient pour lui en fin de semaine », a témoigné Richards.

L’entraîneur-chef Alain Vigneault ne craint pas de répercussions négatives en marge des funérailles prévues pour dimanche. « Il était impossible de changer l’horaire de la série alors Martin a pris les arrangements pour déplacer les funérailles dimanche. Nous y serons en équipe et je m’attends à ce que mon club dispute des matchs solides avant et après cette cérémonie. Martin est une personne incroyable. Il est émotif. Il est intense. C’est un gars vrai. Ça explique à quel point nos joueurs se sont regroupés autour de lui et pourquoi nous tenons à vivre les obsèques de dimanche en équipe. »