TAMPA - Yanni Gourde ajoutera un nouveau chapitre à son année de rêve jeudi soir alors qu’il disputera son tout premier match de séries éliminatoires dans la Ligue nationale.

 

À 26 ans, après avoir fait le grand tour des ligues mineures, le Québécois s’est finalement trouvé une niche avec le Lightning de Tampa Bay. Une niche plus qu’intéressante au sein d’un troisième trio complété par le vétéran et québécois Alex Killorn et la recrue Anthony Cirelli qui occupe la position de centre.

 

Âgé de 20 ans, repêché en troisième ronde – 72e sélection – en 2015, Cirelli s’ajoute à la longue liste de jeunes sélectionnés avec doigté par les recruteurs du Lightning. Des recruteurs qui se sont « plantés » avec leur premier choix de 2014 – Anthony Deangelo –, mais qui se sont amplement rachetés avec les sélections de joueurs tels Brayden Point, Cirelli et Gourde qui a été embauché à titre de joueur autonome. Sans oublier les Nikita Kucherov et autres Ondrej Palat qu’ils ont pigés tardivement ou même très tardivement dans leur excellente cuvée de 2011.

 

Rencontré dans le vestiaire du Lightning avant son premier match de séries dans la LNH, Gourde peinait à retirer la camisole mouillée qui était collée à son corps. Sur son torse, le petit transmetteur des données cardiaques et autres mesures compilées par le Lightning lorsque ses joueurs sont sur la glace scintillait encore de tous ses feux. Comme si l’adrénaline produite à quelques heures de cette première partie éliminatoire dans la LNH faisait battre son corps à un régime effréné. Un rythme dicté par le mélange de plaisir et de fierté associé à l’étape importante qu’il franchira ce soir.

 

« Je n’en reviens pas encore. Tout a tellement bien été cette année. Je joue au sein d’une extraordinaire organisation, au sein d’un très bon club de hockey, avec des compagnons de jeu de premier plan. J’ai connu une saison exceptionnelle et je me sens non seulement prêt à passer aux séries, mais j’ai vraiment très hâte », assurait avec confiance l’ancien des Tigres de Victoriaville.

 

Un Lightning à part entière

 

Dire que Yanni Gourde a connu une saison exceptionnelle tient de l’euphémisme. Il a disputé tous les matchs du Lightning, marqué 25 buts, et ses 64 points le hissent au quatrième rang des marqueurs de son équipe.

 

Mais il y a mieux : avec un différentiel de plus-34 Gourde ne domine pas seulement le Lightning, mais partage le troisième rang de la LNH. Parce qu’il a marqué ses 25 buts – dont cinq filets gagnants – sur  136 tirs seulement, son efficacité de 18,4 % le place au 5e rang de la Ligue – marqueurs de 20 buts et plus – sur un pied d’égalité avec Mark Scheifele des Jets de Winnipeg et tout juste derrière Brad Marchand des Bruins.

 

Pour auréoler le tout, la LNH lui a réservé le titre de recrue du mois de février. En raison de ses 26 ans, et aussi de l’opposition féroce venant des Mathew Barzal, Clayton Keller et autres Charlie McAvoy, je ne crois pas que Gourde ait une chance de rafler le titre de recrue de l’année.

 

À l’aube des séries, il est toutefois permis de croire que Gourde pourrait remplacer le trophée Calder par une coupe Stanley.

 

Parlant avec plaisir de sa saison régulière qui s’achève et surtout des séries qui s’amorcent, Yanni Gourde identifie son séjour à Syracuse le printemps dernier comme le dernier tremplin qui lui a permis de faire le saut dans la LNH. En 22 matchs avec Le Crunch, Gourde a enfilé neuf buts et s’est fait complice de 18 autres. Il a joué un rôle de premier plan avec l’équipe que l’entraîneur-chef Benoît Groulx a conduite jusqu’en finale de la coupe Calder.

 

« En raison des blessures et du fait que le Lightning était pratiquement éliminé, j’ai eu la chance de terminer la saison régulière à Tampa. J’ai beaucoup appris. J’ai surtout compris que j’avais des qualités qui me permettraient de demeurer dans la LNH, mais que j’avais aussi des choses à améliorer. En retournant avec le Crunch, j’ai trouvé un niveau de confiance sur la patinoire qui m’a permis d’arriver au camp avec la conviction que je pouvais obtenir un poste. Il me restait à prendre les moyens pour l’obtenir. »

 

Et ces moyens, Gourde les a pris comme l’a précisé Jon Cooper après l’entraînement matinal du Lightning jeudi au Amalie Arena.

 

« Au fil des rappels, Yanni m’a toujours convaincu qu’il avait les aptitudes pour jouer avec nous. Ma seule question était : peut-il le faire durant 82 matchs ? Son éthique de travail a toujours été sa plus grande qualité. Cette année, il a prouvé qu’en dépit sa petite taille il était en mesure de faire face à la musique, de gagner des batailles, de performer à plein régime à tous les matchs. Comme Jonathan Marchessault l’a fait également lorsqu’il était avec nous, Yanni a pris les moyens pour maximiser son coup de patin. Le fait qu’il soit maintenant un membre à part entière de notre équipe démontre qu’il a su relever avec éclat tous les défis que nous lui avons présentés », a insisté l’entraîneur-chef du Lightning.

 

Bientôt papa

 

À quelques heures de son premier match éliminatoire en carrière, Yanni Gourde ne se fixe pas d’objectifs précis. « Tout ce que je veux, c’est de bien jouer, de donner mon maximum en me disant que le reste viendra. »

 

Bien qu’il vivra un moment charnière de sa carrière jeudi, Yanni Gourde le fera seulement sous les yeux de son épouse Marie-Andrée Raby. Si le reste de la famille n’a pas fait le voyage vers Tampa pour cette première partie historique, c’est parce qu’un autre moment important approche rapidement. Dans trois petites semaines, la petite Emma fera une arrivée plus qu’attendue.

 

« Emma sera notre premier enfant. Nous sommes pas mal excités. Avec la frénésie des séries et le fait que la grossesse achève, c’est une bonne chose de ne pas avoir la maison remplie en ce moment. Ça nous permet de vivre ensemble tout ce qui nous arrive en ce moment. »