Lina Ljungblom : grandir sans sa mentore
MONTRÉAL – Lina Ljungblom est débarquée à Montréal quelques semaines après son 23e anniversaire. Nouveau pays, nouvelles coéquipières, nouvelle ligue. C'était beaucoup de choses à gérer en même temps.
Naturellement, la présence de sa compatriote Anna Kjellbin dans cette transition transformatrice lui a été d'une grande aide.
« Elle est plus vieille que moi, elle en connaît beaucoup plus que moi sur les petites et les grandes choses de la vie. Elle m'a tellement aidée que je dirais qu'elle a presque été comme une mère pour moi, exprimait la Suédoise, mi-blagueuse mi-sérieuse, lundi midi à Verdun. Et j'étais là pour la supporter aussi. On était un bon match, elle et moi. »
Ljungblom vit un petit deuil depuis quelques jours. À la date limite des transactions, la Victoire a échangé Kjellbin aux Sceptres de Toronto. Subitement, elle a perdu sa mentore, sa colocataire, sa confidente. « Quand j'ai signé mon contrat de trois ans, je ne savais même pas qu'elle serait ici. Ça a été un bonus pour moi de l'avoir ici, une zone de confort », admet-elle.
« Maintenant, j'imagine que c'est le temps pour moi d'agir comme une grande fille [it's time for me to grow up]. »
Ancienne as buteuse dans la ligue professionnelle de son pays natal, Ljungblom n'a pas pris la place attendue à sa première saison l'écosystème de la Victoire. Elle a commencé le camp d'entraînement sur le premier trio en compagnie de Marie-Philip Poulin et Laura Stacey. On croyait que son tir dévastateur, sa fougue et sa capacité à se créer de l'espace en ferait un complément parfait aux deux vedettes offensives de l'équipe.
L'expérience a été de courte durée. Rapidement, Ljungblom s'est retrouvée avec de nouvelles partenaires de jeu tandis que d'autres nouvelles venues comme Abby Boreen et Jennifer Gardiner s'imbriquaient avec succès sur la première unité. Elle a perdu du temps de jeu en avantage numérique. Dans les trois derniers matchs, son temps d'utilisation n'a pas dépassé 9:06.
Sa production offensive lui donne peu d'arguments pour se plaindre de son sort. Elle n'a marqué que trois buts et totalise cinq points en 22 parties.
« Je ne suis pas satisfaite de ma saison jusqu'à maintenant, a confessé avec candeur la jeune attaquante. Les choses sont différentes pour moi. Mais j'ai un contrat de trois ans et j'ai encore du temps. Dans la vie comme sur la glace, je crois que je suis une personne qui a besoin de temps. Je fais de mon mieux, mais je sens que j'ai beaucoup plus à donner. »
Ljungblom réfute la théorie selon laquelle les grandes attentes placées en elle à son arrivée aient pu lui faire ressentir une pression nuisible. « Je n'écoute pas trop ce que vous dites », a-t-elle répliqué aux journalistes avec un sourire en coin. Mais elle reconnaît que la lenteur de son adaptation a probablement affecté sa confiance, enclenchant un cercle vicieux dont elle peine à s'extirper.
« Je veux être la joueuse que j'étais auparavant, celle qui marque beaucoup de buts. Ma réalité a changé ici, mais je veux encore être cette joueuse. Je travaille chaque jour avec cet objectif en tête. »
Murphy : « Je dois être meilleure »
Lorsque l'entraîneuse Kori Cheverie déplore l'absence de production de ses joueuses de deuxième et troisième trios, Ljungblom est l'une des joueuses qu'elle pointe indirectement du doigt. Maureen Murphy en est une autre qui doit se sentir visée.
Murphy a été l'une des plus brillantes recrues de la LPHF la saison dernière. Sa vitesse et sa vision du jeu lui ont permis de combiner efficacement avec les grosses pointures offensives de Montréal. Elle a conclu l'année avec 16 points en 24 matchs de saison régulière et trois points en autant de rencontres éliminatoires.
La voilà frappée de plein fouet par la guigne de la deuxième année. Son but la semaine dernière à New York était son premier en dix matchs. Elle n'a que quatre points en 21 parties jusqu'à maintenant.
« C'est une saison difficile, reconnaît-elle. J'ai dû négocier avec quelques blessures. Ça n'aide pas, mais ce n'est pas une excuse. Vraiment, je dois être meilleure. Je ne crois pas que mon talent soit en cause, c'est probablement plus une question de confiance. Je travaille là-dessus avec le staff, avec la psychologue sportive. Heureusement, l'équipe se maintient au sommet même si moi et d'autres peinons à produire. »
Murphy, qui a été trimballée d'un trio à un autre pendant la majeure partie de la saison, se réjouit du travail qu'elle a pu accomplir aux côtés de Ljungblom et Claire DeGeorge lors des deux derniers matchs. Mais cette combinaison risque d'être affectée par l'arrivée de Kaitlin Willoughby, obtenue en retour de Kjellbin.
Sans but à ses 43 matchs dans la LPHF, Willoughby ne changera pas le visage de l'attaque montréalaise. Mais elle offre un joker de plus dans la manche de Cheverie, qui pourrait en profiter pour passer des messages.
À l'entraînement lundi, Willoughby patinait avec Catherine Dubois et Claire Dalton tandis qu'une rotation s'opérait entre Dara Greig, Murphy, DeGeorge et Ljungblom sur le quatrième trio. Il faudra voir si cette nouvelle compétition qui vient de s'installer à l'interne aura un quelconque effet positif sur le rendement des joueuses dites de profondeur.