La Victoire de Montréal a été éliminé au premier tour par la Charge
Comme la guerrière qu'elle a toujours été, Marie-Philip Poulin a joué avec courage sur la glace de la Place TD, vendredi soir. Elle a été utilisée à toutes les sauces et joué plus longtemps que toute autre coéquipière, incluant les défenseuses. Ce courage, elle l'a ensuite affiché lorsqu'elle a rencontré les médias malgré une douleur et une peine abyssales.
Malgré tous les efforts fournis par Poulin pendant les 25 minutes 32 secondes qu'elle a passées sur la patinoire, la Victoire de Montréal a subi l'élimination à la suite d'une défaite de 2-1 aux mains de la Charge d'Ottawa lors du quatrième match de la demi-finale de la Ligue professionnelle de hockey féminin.
Casquette abaissée tout juste au-dessus de ses yeux, Poulin s'est présentée à la salle de conférence de presse accompagnée de l'entraîneuse-chef Kori Cheverie et de la défenseuse Erin Ambrose.
Dans un moment qui n'était pas sans rappeler l'émotion qu'avait ressentie la gardienne Ann-Renée Desbiens après l'élimination contre Boston en mai 2024, la voix de Poulin a craqué dès les premiers mots qu'elle a voulu prononcer. Les larmes coulaient sur ses joues.
« C'est sûr qu'elle fait mal. Je pense que nous avons un groupe assez tissé. Il y a de la profondeur. Malheureusement, encore une fois, on n'a pas été capables de passer la première ronde. Elle fait mal », a admis Poulin, qui a terminé sa soirée avec une mention d'aide et quatre tirs aux buts.
« Je pense que ça va être à nous de nous regarder dans le miroir. Qu'est-ce qu'on peut faire de différent, comment on peut changer, comment on peut se rendre meilleures. Prendre quelque temps. »
Rebecca Leslie, en première période, et Emily Clark, au troisième vingt, ont déjoué Desbiens, qui a réalisé 21 arrêts.
La Victoire a été limitée à 20 tirs en direction de Gwyneth Philips, qui a été privée d'un deuxième blanchissage consécutif quand Maureen Murphy l'a déjouée avec 5:02 à jouer à la troisième période.
Le but de Murphy, son deuxième des séries, mettait fin à une disette de 114:58 de la Victoire sans marquer un seul but.
La Victoire est donc éliminée en demi-finale pour une deuxième année consécutive. En 2024, la formation montréalaise avait été balayée par Boston au terme de trois matchs qui avaient tous nécessité du temps supplémentaire.
Comme l'an dernier contre Boston, les buts ont manqué à la Victoire face à la Charge. En deux saisons, la formation a joué sept matchs éliminatoires et ils se sont tous terminés par un écart d'un but. Mais l'équipe montréalaise n'en a gagné un seul, dimanche dernier et en quatrième prolongation.
« Vous savez, cette série a été une bataille de gardiennes de but », a noté Cheverie.
« Nous avons certainement effectué une bonne poussée jusqu'à la fin. Nous n'avons tout simplement pas pu envoyer ce petit caoutchouc noir derrière la ligne des buts. Nous n'avons tout simplement pas été capables de marquer. »
Aussi, pour la deuxième fois en autant d'années d'existence de la LPHF, les clubs ayant terminé troisième (Ottawa) et quatrième (le Frost du Minnesota) en saison régulière croiseront le fer en grande finale.
D'ailleurs, une fois le match terminé, de nombreux partisans de la Charge ont scandé « You chose us » (Vous nous avez choisis), une référence à la décision de la Victoire d'affronter la Charge, en vertu du privilège qui lui était accordé après avoir complété la saison au premier rang.
« Nous avons essayé de faire ce qu'il y avait de mieux pour le groupe. Et félicitations à Ottawa pour la série que (l'équipe) a connu. Elle va de l'avant », a aussi mentionné Cheverie lorsque questionnée sur ce choix.
On peut supposer que les émotions étaient à fleur de peau dans le vestiaire de l'équipe dans les minutes qui ont suivi le match. Questionnée sur la teneur du message qu'elle a pu livrer à ses joueuses, Cheverie n'a pas voulu entrer dans les détails.
« Notre vestiaire, que nous soyons à l'étranger ou à domicile, je pense que c'est un endroit sacré pour notre groupe. Il n'y a rien d'autre que de l'amour, de l'admiration et du soutien pour cette équipe. »
Un peu comme mardi
Mardi soir dernier, la Victoire avait connu un difficile début de match, qui ne lui avait pas été coûteux. Elle a de nouveau raté son début de rencontre, vendredi, mais cette fois-ci, la formation montréalaise en a payé le prix après exactement deux minutes de jeu.
La Victoire n'a pu conserver le disque en zone de la Charge, menant à une poussée deux contre une avec Leslie et Anna Meixner.
Leslie a relayé le disque à Meixner dont le tir des poignets, à ras la glace, a été bloqué par Desbiens. Le retour est arrivé directement vers Leslie qui n'a pas raté sa chance, pour le seul but du premier vingt.
La deuxième période a été très partagée et s'est jouée à un rythme endiablé. Les deux équipes ont bénéficié d'un avantage numérique sans parvenir à venir à bout des deux gardiennes.
À mi-chemin de la période, Poulin a décoché un tir dangereux mais Philips a sorti la mitaine pour priver la capitaine de la Victoire de ce qui aurait alors été le filet égalisateur.
Environ deux minutes plus tard, Desbiens a gardé ses coéquipières à un but d'écart en stoppant, coup sur coup, Tereza Vanisova, sur une échappée, et Brianne Jenner, sur le retour.
La troisième période a commencé avec un duel entre les premiers trios de chaque équipe. C'est celui de la Charge qui l'a gagné quand Clark a battu Desbiens avec un tir dans la partie supérieure du filet, après seulement 31 secondes de jouées.
La Victoire a déposé une contestation vidéo, pensant que Gabbie Hughes avait effectué une passe avec la main à Clark. La reprise vidéo a démontré que ce n'était pas le cas.
Soudainement, pour une équipe qui avait été tenue en échec depuis le but de Catherine Dubois en septième période, dimanche, dernier à Laval, l'écart à combler ressemblait à une ascension de l'Everest.
Murphy a aidé la Victoire à amorcer une partie de cette ascension lorsqu'elle a marqué sur le retour de son propre tir, après une belle incursion en zone rivale.
Mais ce fut trop peu trop tard.