Nous voilà de retour à la case départ. Ne reconnaissez-vous pas l'équipe qui vous a fait vibrer durant la série précédente?

Même façon de procéder, même gardien hermétique, même opportunisme. Pourtant, avouons-le, après 10 minutes de jeu, on imaginait assez facilement le Canadien revenant à la maison avec un recul de deux matchs dans la série.

Les Penguins, qui avaient pris rapidement les devants, étaient en parfait contrôle de la situation. Leur première victoire les avait déjà assis dans une zone de confort. Sur le banc, Matt Cooke échangeait des sourires avec Maxime Talbot. Derrière le banc, l'entraîneur Dan Bylsma s'est même permis une petite blague avec son adjoint Tony Granato. Comme s'ils étaient partis pour la gloire.

La vie était belle, quoi. La première victoire avait été mise en banque sans trop d'effort et la seconde semblait déjà à leur portée. Jaroslav Halak semblait tout aussi fatigué qu'il y a deux jours. Ses déplacements n'avaient pas de mordant. Il était plus lent. Ses mouvements étaient incertains. Bref, Halak n'avait plus grand-chose du gardien qui avait envoyé les champions de la ligue en vacances.

C'était guère plus encourageant du côté de ses coéquipiers. L'exécution des Penguins était précise et rapide. Par moment, on les sentait nettement supérieurs, trop puissants pour des rivaux soudainement à court de miracles. S'ils avaient pu maintenir le même rythme durant toute la rencontre, on se serait probablement demandé s'ils n'étaient pas là pour régler l'affaire en quatre matchs. Par contre, force est d'admettre que si le Canadien semblait si désorganisé, c'était surtout parce que les Penguins ne leur permettaient pas d'orchestrer quoi que ce soit.

Puis, on ne sait trop comment, on ne sait trop pourquoi, l'équipe a retrouvé ses jambes et Halak ses moyens. Après le premier but du match, qui allait aussi être le dernier des Penguins, Halak a repoussé les 35 tirs qui ont suivi.

Il est évidemment très tôt dans les séries 2010 pour se livrer à ce petit jeu, mais s'il fallait établir une liste des premiers candidats au trophée Conn Smythe, Halak et Mike Cammalleri se feraient une chaude lutte. Sans Halak, la glace du Centre Bell serait déjà disparue. Sans les buts opportuns de Cammalleri, on s'exprimerait de la même manière. Grâce à son but gagnant et à celui qui a littéralement assommé les Penguins tard dans le match, la série se retrouve à égalité. Les huit buts de Cammalleri, qui avait connu une fin de saison inquiétante après un retour laborieux à la suite d'une blessure, le placent aujourd'hui au second rang des francs-tireurs des séries. Il y a une éternité qu'un membre du Canadien ne s'est pas retrouvé dans cette position.

Le personnel d'entraîneurs avait promis d'apporter des ajustements après la débandade de vendredi. Les quatre buts marqués en supériorité numérique, dans une soirée truffée d'erreurs, n'allaient pas être répétés par les Penguins, avaient-ils précisé. Non seulement ont-ils tenu promesse, mais ils ont réservé une surprise à Sidney Crosby. On s'est accroché à lui, on l'a bousculé, on lui a passé le gant au visage, de sorte qu'il a laissé la frustration affecter son rendement. Il était sur la glace pour les buts de Gionta et le deuxième de Cammalleri. En fait, il est celui qui a commis les bévues qui ont mené à ces buts.

Même s'il a été l'attaquant le plus utilisé dans les deux camps, Crosby a été limité à un tir au but, tout comme dans le premier match, d'ailleurs. Et comme si ce n'était pas suffisant, les Penguins ont été blanchis durant trois supériorités numériques.

Subban: un talent supérieur

Aussi incroyable que cela puisse paraître, le Canadien ne s'est pas ressenti de l'absence de son joueur le plus complet, Andrei Markov, parce que le plus bel espoir produit par l'organisation depuis fort longtemps, P.K. Subban, a joué avec l'aplomb d'un vétéran. D'un vétéran vedette, je dirais.

Seule Josh Gorges et Roman Hamrlik ont joué plus souvent que lui. Il a été solide dans son territoire, ses sorties de zone ont été effectuées avec confiance et il n'a pas craint de commettre des erreurs. Ce jeune-là ne connaît ni la peur ni le danger. Il est peut-être un peu tôt pour le dire, mais Subban effectue une première passe et orchestre des attaques avec autant d'aisance que Markov. À 20 ans, s'il vous plaît.

En territoire adverse, le jour n'est pas loin où l'adversaire va devoir savoir en tout temps où il est. Il est offensivement créatif et son tir est puissant. On est tous là à se demander pourquoi il n'a pas été rappelé quand Markov a subi une blessure grave dès le début de la saison.

Peut-être aurait-il répondu de la même façon, mais après les graduations trop faciles et trop rapides de Guillaume Latendresse et de Carey Price, la direction de l'équipe était sans doute déterminée à lui accorder une saison complète d'expérience dans les mineures. Une décision qui lui a sans doute été profitable et qui a permis à l'équipe, par la même occasion, d'embaucher un athlète rafraîchissant, Marc-André Bergeron, qui a ravivé l'attaque à cinq et qui, pour la seconde fois, lui rend de précieux service durant l'absence de Markov. Bergeron s'est même permis quatre mises en échec, dont une qui a envoyé Crosby cul par-dessus tête devant Halak.

Cette victoire vient d'effacer une bonne part de la fatigue accumulée durant les huit parties précédentes. Encore une fois, le Canadien vient de semer le doute dans le camp adverse. Les Penguins ne commettront pas l'erreur d'analyser leurs prochains adversaires, comme l'ont fait maladroitement les Capitals, mais ils savent fort bien que tout peut arriver à partir de maintenant.

Allez demander à Halak s'il se sent fatigué en ce moment? Allez demander aux joueurs s'ils sont intimidés à l'idée d'affronter les champions de la coupe Stanley? S'il existait le moindre doute dans leur tête sur la possibilité de les vaincre, il est maintenant disparu.

Cette saison, le Canadien avait été limité à deux buts en autant de matchs à Pittsburgh. Il vient d'en marquer six en moins de 48 heures.

Quand les joueurs de Jacques Matin vont y retourner la semaine prochaine, ils seront beaucoup plus à l'aise. À Pittsburgh, dans ce match qu'ils viennent de voler en bonne partie grâce au duo Halak-Cammalleri, c'est une injection de confiance qu'ils sont allés chercher.

La suite des choses risque d'être pas mal intéressante.