EDMONTON (PC) - Michel Therrien a l'image d'un dur, d'un motivateur, identifié à ses équipes junior de Laval, mais c'est aussi, voire avant tout, un entraîneur de carrière, qui s'est préparé longtemps à pratiquer cette profession et qui s'y connaît autant sinon plus que quiconque en technique de hockey.

Le nouvel entraîneur du Canadien fait remonter sa vocation d'entraîneur à son séjour chez les Chevaliers de Longueuil sous la direction de Jacques Lemaire.

"Jeune joueur, j'étais bien impressionné par la façon qu'il pouvait décortiquer un match de hockey".

C'est à ce moment que le déclic s'est fait comme il dit. "Et j'ai toujours voulu devenir un coach."

Therrien pesait à peine plus de 180 livres, ce qui a limité ses espoirs d'atteindre la Ligue nationale, mais ce qui explique aussi qu'il soit si ouvert face à des défenseurs comme Francis Bouillon et Stéphane Robidas.

"Un joueur, dit-il, peut mesurer 5'8" et jouer comme un sept pieds. Ou mesurer sept pieds et jouer comme un 5'8"... Moi, c'est en autant si le joueur joue gros."

À 182 livres, Therrien a joué pour les Voyageurs de la Nouvelle-Écosse, déménagés à Sherbrooke, où il a gagné le championnat de la Ligue américaine, la coupe Calder, avec un dénommé Patrick Roy devant le filet. Puis il s'est expatrié en France, à Chamonix, où il en a profité pour acquérir l'expérience du hockey européen. Il est revenu avec les Skipjacks de la Baltimore, toujours dans la Ligue américaine, où une grave blessure à un genou a mis fin à sa carrière de défenseur à l'âge de 24 ans.

"Je voulais coacher, répète Therrien, mais ça n'arrive pas du jour au lendemain... Alors j'ai été travaillé comme technicien chez Bell Canada. D'ailleurs je suis toujours employé de Bell, en congé sans solde."

De Laval à Montréal

Mais notre homme avait toujours le coaching en tête et c'est Jean-Maurice Cool, qu'il connaissait et contre lequel il avait joué, qui lui a ouvert la porte en l'engageant comme son adjoint à Laval.

À cette époque-là, les célèbres frères Morissette changeaient d'entraîneur comme on change de chemise et Cool a rapidement cédé sa place à François Lacombe, puis celui-ci à Claude Therrien. Lacombe avait gardé Michel Therrien, mais Claude Therrien, lui, l'a remplacé même si, affirme Michel, c'était un ami intime qu'il avait connu tout jeune à St-Léonard, d'où ils viennent tous les deux: "Nos père s'entraînaient ensemble..."

Claude Therrien n'a pas duré longtemps lui non plus et c'est Bob Hartley, qui a ramené Michel Therrien à Laval.

"Bob a monté dans l'organisation des Nordiques et je pensais bien avoir le job. Mais on m'a dit que je n'avais pas assez d'expérience", raconte Therrien en souriant. "On a choisi Jacques Laporte, qui m'a offert d'aller le remplacer chez le National de Joliette ."

Therrien est resté environ un mois à Joliette, le temps de compiler une fiche de 7-1, se rappelle-t-il, et il est revenu remplacer Laporte à Laval.

"Si je me souviens bien, j'ai remporté 16 victoires en ligne en commençant.

Il avait 30 ans et c'est à partir de là que tout s'est enclenché. L'équipe a déménagé et Therrien est allé gagner la coupe Memorial à Granby.

Il a conservé un pourcentage victorieux de .712 dans la LHJMQ, ce qui lui a valu d'être invité à diriger la filiale du Canadien à Fredericton, puis à Québec, et, le 20 novembre dernier, de voir son rêve aboutir en devenant chef entraîneur du Canadien, à l'âge de 37 ans.

Et il n'a pas fini d'apprendre loin de là: "Je viens juste d'avoir 37 ans, je suis convaincu que je vais être meilleur l'an prochain et encore davantage dans le futur."

Therrien se réjouit de pouvoir compter sur des gars comme Guy Carbonneau, Roland Melanson et, à partir de mercredi, Rick Green, qui ont tous l'expérience de la Ligue nationale.

"Carbonneau m'aide beaucoup, confie-t-il. Il a le feeling d'un vestiaire et il sait comment les joueurs vont réagir.

"Une équipe c'est une famille, et ça inclut les soigneurs, les joueurs, les entraîneurs, tout le groupe."