VANCOUVER – Le fait que la Finlande soit passée à 46 petites secondes de repartir à la maison les mains vides pour une troisième année consécutive n’échappaient pas aux nouveaux médaillés d’or quelques minutes après la conclusion du Championnat du monde de hockey junior.

 

« Ce match contre le Canada a été une injection de confiance d’une valeur inestimable, reconnaissait le défenseur Oskari Laaksonen, se permettant pendant un bref instant d’entourer le moment présent d’une parenthèse. On a été chanceux, c’est vrai. Mais il faut bien jouer pour que la chance vous sourie. »

 

Appelez ça de la chance, appelez ça du talent, appelez ça le destin, les Finlandais n’en avaient rien à cirer samedi soir. La seule chose qui leur importait, c’est ce disque lumineux qui pendait à leur cou après leur victoire de 3-2 contre les États-Unis, une victoire qui procurait au pays un troisième sacre en six ans.

 

« Cette équipe n’a jamais perdu confiance, clamait Henri Jokiharju en faisant référence à la défaite de 4-1 que lui avaient infligée les États-Unis la veille du jour de l’An. Notre phase préliminaire n’a pas été terrible, mais on s’en fout. On a gagné les matchs qui comptaient, d’abord contre le Canada, ensuite contre la Suisse et maintenant ce soir. On est les meilleurs au monde. »

 

C’est un but de Kaapo Kakko, à 18:34 de la troisième période, qui a délié une impasse de 2-2 et confirmé le retour de la Finlande au sommet de la hiérarchie chez les moins de 20 ans. Kakko, un attaquant de 17 ans qui est considéré comme l’un des plus beaux espoirs en vue du prochain repêchage de la Ligue nationale, a sauté sur le retour d’un tir de la pointe près du demi-cercle américain et a soulevé la rondelle par-dessus Cayden Primeau, étendu de tout son long après avoir réalisé le premier arrêt.

 

« Je croyais que la rondelle était entre mes jambes alors j’ai simplement tenté de les refermer, mais elle n’était pas là, elle était ressortie », a expliqué le gardien américain, qui s’est retrouvé du mauvais côté d’un spectaculaire duel avec son vis-à-vis Ukko-Pekka Luukkonen.

 

Ce dernier, élu gardien par excellence du tournoi, a réalisé 26 arrêts dans la victoire.

 

« Les souvenirs de la déception de l’an passé rendent ce moment encore plus savoureux. C’est un sentiment incroyable », se réjouissait le cerbère, qui avait vécu la décevante sixième place récoltée à Buffalo en 2018.

 

Pour les Américains, le scénario était douloureusement familier. Kakko avait aussi trouvé le fond du filet pour les battre en finale du Championnat du monde des moins de 18 ans en avril dernier, un match auquel avaient pris part dix participants de celui de samedi.

 

Les États-Unis avaient pourtant toutes les raisons de croire qu’un vent favorable les soufflerait vers la victoire. En retard par deux buts avec 14 minutes à faire en troisième période, ils ont profité d’un magnifique effort d’Alexander Chmelevski, qui a marqué un but et en a préparé un autre dans un intervalle de 1:46.

 

Il s’agissait d’un juste retour des choses pour Chmelevski, qui avait été responsable d’un but refusé aux Américains en première période. Le représentant des 67’s d’Ottawa avait aussi été victime de deux vols qualifiés de Luukkonen, qui a étiré au maximum sa charpente de 6 pieds 5 pouces pour lui fermer la porte.

 

« On a démontré beaucoup de cœur, observait fièrement Ryan Poehling, les larmes aux yeux. On s’est regroupés il y a trois semaines avec une mission commune et on a tout donné pour l’accomplir, mais parfois la vie ne tourne pas comme on le souhaiterait. Peu importe comment ça s’est terminé, je suis fier de mes gars. »

 

La vitesse des Américains a forcé les Finlandais à écoper de cinq pénalités dans les deux premières périodes, mais la meilleure unité d’avantage numérique de la compétition est tombée en panne au mauvais moment. Et pour ajouter l’insulte à l’injure, c’est par le biais de leur propre jeu de puissance que les éventuels champions ont ouvert la marque. Jesse Ylonen, un choix de deuxième ronde du Canadien, a brisé la glace avec un puissant tir sur réception à mi-chemin dans le match, son troisième but du Mondial

 

Otto Latvala a été l’autre buteur des vainqueurs.

 

En 2017, à Montréal, un bon Samaritain au Centre Bell avait dû prêter des patins à Jussi Ahokas afin qu’il puisse prendre la barre d’une sélection finlandaise en ruine en plein milieu du Mondial junior. Deux ans plus tard, il se retrouvait à l’autre bout de ce pays fou de hockey, bien loin de ces 46 secondes qui avaient séparé son équipe d’un autre désastre.

 

« Jamais on ne se considère comme des négligés, jamais, a dit Ahokas. La seule chose qui peut surprendre et qui nous réjouit à la fois, c’est qu’on vient de gagner pour la première fois sur une petite patinoire. C’est gros, ça, pour le hockey finlandais. »