VANCOUVER – Valentin Nussbaumer voit sa participation au Championnat du monde de hockey junior comme l’occasion de se ressourcer, de faire le plein de bonnes sensations afin de se rapporter aux Cataractes de Shawinigan avec une ardoise flambant neuve sur laquelle écrire l’histoire de sa deuxième moitié de saison.

 

Un « petit piton reset », pour reprendre un vieux classique de François Pérusse.

 

« C’est sûr que je n’ai pas connu la meilleure saison possible, confessait l’attaquant de 18 ans après la courte défaite de la Suisse contre la République tchèque en lever du rideau du tournoi. J’ai eu pas mal de hauts et de bas, mais le fait de retrouver mes anciens coéquipiers, des connaissances et des bons amis, ça me place dans un tout un autre contexte, ça m’aide à me changer les idées. J’espère vraiment utiliser ce tournoi pour reprendre 100% confiance en moi et arriver après les Fêtes à Shawinigan en pleine forme. »

 

Rien n’indiquait que l’insécurité pouvait guetter Nussbaumer lorsqu’il est débarqué au Québec à l’automne. Le quatrième choix au total au repêchage européen de la Ligue canadienne de hockey a marqué trois buts, dont celui de la victoire en prolongation, à son premier match en Mauricie.

 

« Un peu de chance, ou le destin, je sais pas trop », ressasse-t-il froidement, trois mois plus tard.

 

Cette brillante entrée en matière a effectivement rapidement pris des airs de mirage. Après son tour du chapeau initiatique, Nussbaumer a eu besoin de 19 matchs pour marquer ses trois buts suivants. Au moment de quitter les Cataractes pour rejoindre la sélection helvète, il revendiquait 18 points en 30 matchs et un différentiel de moins-30 pour la deuxième pire équipe défensive de la LHJMQ.

 

S’il admet que la transition a été plus ardue que prévue, Nussbaumer referait le trajet demain matin.

 

« Ça a toujours été un rêve pour moi de venir jouer ici. Quand j’étais venu jouer au tournoi pee-wee de Québec, j’étais allé voir les Remparts et c’était devenu un rêve. Après, il y a les joueurs comme Nico Hischier, Nikolaj Ehlers et plein de joueurs suisses, [le défenseur des Wildcats de Moncton] Simon Le Coultre aussi. Ils sont tous partis avant moi. »

 

Des arguments convaincants en faveur d’un départ transatlantique lui ont aussi été énumérés par le Québécois Marc-Antoine Pouliot, une ancienne vedette de l’Océanic de Rimouski qui évolue depuis sept ans en Europe. Les deux ont été coéquipiers l’année dernière avec le club de Bienne.

 

« On en a beaucoup discuté et il m’a fortement conseillé de partir, pour mon développement et pour l’expérience de vie incroyable. Tous ces petits conseils, ça a fait que ma décision n’a pas été difficile à prendre. »

 

Si Nussbaumer s’est donné tout ce mal, c’est pour améliorer ses chances d’être repêché par une équipe de la LNH en juin prochain. À moins de s’appeler Auston Matthews, un joueur de 18 ans qui joue en Ligue nationale suisse n’obtient pas la visibilité que peut lui offrir le réseau junior canadien. Après une saison où il avait inscrit six points en 26 matchs, Nussbaumer a jugé qu’il avait tout à gagner en changeant d’environnement.

 

« C’est sûr qu’au début de l’année j’avais quand même un peu... Je ne dirais pas de la pression, mais disons cette envie de bien faire. Au cours de l’année j’ai eu des hauts, des bas et c’est vite sorti de ma tête. J’ai aussi des bons entraîneurs à Shawinigan, qui sont là quand ça va mal comme quand ça va bien, et qui sont là pour me recadrer. Même si des fois c’est négatif, ça fait toujours du bien. J’essaie d’apprendre tous les jours un peu plus. Pour ce qui est du repêchage, je n’y pense pas vraiment. Je sais qu’il faudra que je connaisse une bonne fin de saison, mais c’est encore loin. »

 

« Même si ça ne s’est pas passé comme je le veux jusqu’à maintenant, je ne regrette pas du tout ma décision. C’est vraiment une chance de pouvoir être dans la Ligue du Québec. Ce n’est pas donné à chaque jeune et c’est à moi d’en profiter et de revenir plus fort après le 5 janvier. »​