MONTRÉAL – Revenu de Finlande avec une décevante sixième place il y a un an, Équipe Canada junior est arrivée à court dans sa quête de rédemption à son retour à la maison. La jeune sélection nationale s’est avouée vaincue au compte de 5-4, jeudi soir, au terme d’une spectaculaire finale contre les États-Unis.

Auteur de trois buts en fusillade la veille en demi-finale, Troy Terry a de nouveau été le grand héros du triomphe américain en étant le seul buteur de la séance de tirs de barrage. Quatrième tireur de son équipe, Terry a déjoué le gardien Carter Hart d’un tir vif entre les jambières.

Au bord du gouffre, Anthony Cirelli et Nicolas Roy n’ont pu assurer la survie des Canadiens lorsque leur tour est venu de défier Tyler Parsons, qui avait réalisé 44 arrêts dans les soixante minutes de temps réglementaire et les vingt minutes de prolongation.

Les Américains n'ont jamais abandonné

« On est fier de nos joueurs, a commenté son homologue canadien Dominique Ducharme. En tant que coach, en tant que programme, on veut que tout le monde s’engage et donne le maximum. Ce soir, on l’a fait à 100%. On est surtout déçu pour nos joueurs. Ils ont mis tellement d’effort là-dedans et de voir qu’ils ne sont pas récompensés à la fin de la soirée, c’est ce qui est le plus décevant. »

« Quand on perd la médaille d’or en tirs de barrage, il faut quand même garder la tête haute. On a accompli de belles choses. C’est difficile d’atteindre la finale de ce tournoi. On n’a pas eu le résultat qu’on voulait, mais il faut quand même être fier de ce qu’on a accompli », a réagi le défenseur vedette Thomas Chabot, l’un des cinq vétérans à avoir connu l’échec de 2015.

En complétant un parcours parfait, les États-Unis ont décroché leur première médaille d’or depuis 2013.

« C’était un choc de poids lourds entre deux excellents programmes de hockey, a illustré l’entraîneur américain Bob Motzko. C’est malheureux, mais il fallait un perdant à la toute fin. »

Les Québécois Chabot, Jérémy Lauzon, Nicolas Roy et Mathieu Joseph ont été les marqueurs du Canada, qui a été incapable de conserver deux avances de deux buts. Il restait seize minutes à tuer quand Joseph a porté la marque à 4-2 au début de la troisième, mais les Américains ont riposté 39 secondes plus tard et n’ont jamais lâché le morceau.

« On ne ressentait pas une once de pression, a assuré l’attaquant Jack Roslovic. On savait qu’on pouvait marquer. On avait de la profondeur et un gardien en feu, on savait qu’on allait revenir. »

« On pensait qu’on avait le contrôle, c’est sûr, mais en même temps on savait que les Américains avaient une bonne équipe et qu’ils étaient déjà revenus de l’arrière à 2-0 au début du match », a chuchoté Roy.

« C’est un match de 60 minutes. On en a marqué deux, ils en ont marqué deux. C’est du bon hockey, il n’y a rien à dire d’autre. On savait qu’il restait encore beaucoup de temps », a commenté froidement Ducharme.

Kieffer Bellows avec deux, Charlie McAvoy et Colin White ont répliqué pour les États-Unis.

Chabot, joueur par excellence du tournoi

Sans grande surprise, Chabot a été élu le joueur par excellence du tournoi. Le défenseur des Sea Dogs de Saint John s’est inscrit à la feuille de pointage dans chacun des sept matchs auxquels il a pris part et a terminé la compétition au sommet du classement des marqueurs de son équipe avec dix points.

C’est d’ailleurs lui qui a indiqué la direction à suivre aux Canadiens jeudi et il l’a fait en complétant une séquence qui illustre parfaitement tous les services qu’il a rendus à cette équipe.

À la cinquième minute, le quart-arrière d’ÉCJ a amorcé la transition offensive en mettant un adversaire en échec derrière son propre filet et s’en est allé sans hésiter participer à la contre-attaque. Deux cents pieds plus loin, quand la passe de Mathew Barzal a raté la lame du bâton de Joseph, c’est sur celle de Chabot qu’elle s’est arrêtée. Mais elle n’y est restée que très brièvement, le temps que le Beauceron pousse la rondelle dans une cage déserte pour inscrire son quatrième but du tournoi.

Les craintes d’un mauvais début de match, le genre de péché qui avait tué le Canada lors de son premier rendez-vous avec les Américains le 31 décembre, se sont complètement dissipées avant le point médian de l’engagement initial. À 9:02, Lauzon a tendu le bâton pour intercepter une tentative de dégagement américaine et a sans tarder armé une frappe qu’il a logée au-dessus du bloqueur de Tyler Parsons.

Les rôles étaient maintenant renversés. Les Américains seraient-ils en mesure de remonter la pente qui s’était avérée trop abrupte pour leurs voisins nordiques la veille du jour de l’An?

La réponse : oui. Et deux fois plutôt qu’une.

La deuxième période n’était vieille que de trois minutes quand McAvoy a mis de la vie dans le clan américain en plaçant un tir des poignets dans les cordages. Bellows a ensuite profité d’une pénalité au Canada pour avoir eu trop de joueurs sur la patinoire pour créer l’égalité. À mi-chemin dans le match, tout était à recommencer.

Bilan du Championnat du monde junior

Le Canada s’est vu accorder deux chances de déployer son jeu de puissance avant la fin de la période, sans toutefois pouvoir les faire fructifier. Mais au début de la troisième, pendant un autre avantage numérique, Roy a pivoté sur lui-même au cercle des mises en jeu et a laissé partir un laser dans le haut du filet.

On croyait le Centre Bell bruyant jusqu’à ce que Joseph en ajoute une couche deux minutes plus tard. L’explosif homme à tout faire s’est échappé et a forcé Parsons à se déplacer à sa droite pour le battre du côté du biscuit. C’était dans la poche, ont sans doute cru certains.

Mais les Américains n’étaient pas abattus. En l’espace de 2:23, Bellows a inscrit son deuxième du match et White son septième du tournoi. Plus que jamais, l’or était à portée de tous.

Pierre-Luc Dubois a raté une chance inouïe de devenir le cinquième buteur québécois du match en fin de troisième, mais il a fendu l’air sur une passe parfaite de Barzal devant un filet désert en avantage numérique.

Le Canada a dominé la prolongation 17-7 au chapitre des tirs au but sans pouvoir finir le travail. Mitchell Stephens a raté le filet avec un tir à bout portant alors qu’il ne restait que six secondes à écouler avant la fusillade.

Intégrale des tirs de barrage États-Unis-Canada