OSTRAVA, République tchèque – Pour la première fois en treize ans, un gardien canadien a réussi un blanchissage en demi-finale du Championnat du monde de hockey junior.

 

En 2006, Justin Pogge avait été parfait contre la Finlande pour confirmer la place de son équipe sur le podium. Il en avait remis deux jours plus tard en neutralisant complètement la Russie. Une victoire de 5-0 avait permis au Canada de remporter l’or pour une deuxième année de suite.

 

Joel Hofer peut se dire qu’il a la moitié du travail de fait.  

 

Le longiligne Manitobain a tourné une nouvelle page de son improbable histoire samedi en disputant son meilleur match depuis que Dale Hunter a décidé de mettre la destinée de son équipe entre ses mains. Après s’être vu offrir une avance de trois buts, il a fermé la porte à clé avec une assurance qui a relégué au rang de lointain souvenir son entrée peu inspirante dans la compétition une semaine plus tôt.   
 

Les Finlandais sont peut-être retournés à leur hôtel bredouilles, mais ce n’est pas à défaut d’avoir essayé.

 

Sans trop faire de bruit, Hofer est monté en puissance depuis qu’il  a été appelé à remplacer Nico Daws dans la débâcle de la ronde préliminaire. Contre l’Allemagne et la Slovaquie, il a perdu son blanchissage en troisième période. Contre la République tchèque, il a connu un passage à vide de 14 secondes. Il a gagné les quatre matchs qu’il a débutés et montre, sur l’ensemble de ces départs, un taux d’efficacité de ,955.

 

Hofer, un choix de quatrième ronde des Blues de St. Louis, n’a même pas été invité au camp d’évaluation estival d’ÉCJ en août. Il lui a fallu afficher des statistiques impensables (20-4-2/1,81/,937) en première moitié de saison pour forcer les dirigeants de Hockey Canada à regarder en sa direction. Malgré ça, c’est un rôle d’auxiliaire qui lui a été confié à l’arrivée de l’équipe à Ostrava.

 

« Il a connu un gros début de saison en élevant son jeu à la hauteur de ses aspirations. C’est ce qui est bien avec le hockey : on ne sait jamais ce qui peut arriver », a philosophé Hunter quand on lui a demandé comment Hofer avait pu passer pendant si longtemps entre les mailles du filet.  

 

« C’est vrai, c’est une histoire assez incroyable, a pris le temps de réfléchir Hofer après le match contre la Finlande. C’était l’un des buts que je m’étais fixé, comme bien d’autres gars, de faire partie de cette équipe. Le simple fait d’être ici est un honneur. Être le gardien partant, ça amène tout ça à un autre niveau. J’ai très hâte au match de demain. »

 

L’histoire de Hofer rappelle celle que Cayden Primeau avait écrite en 2019 à Vancouver. Réserviste derrière Kyle Keyser en début de tournoi, Primeau avait profité des défaillances de son partenaire pour gagner la confiance de l’entraîneur Mike Hastings avant la fin de la ronde préliminaire. Il avait limité la Finlande, la République tchèque et la Russie à un but chacune pour mener les États-Unis à la grande finale.

 

Comme Primeau, Hofer est un gardien format géant (6 pieds 5 pouces) qui a été sélectionné tardivement au repêchage de la Ligue nationale et dont les coéquipiers ne manquent pas une 

Canada 5 - Finlande 0

occasion de vanter son sang-froid.

 

« Il est gros et grand, mais il est surtout très calme dans son filet, remarque le défenseur Ty Smith, qui a l’habitude d’aborder Hofer comme un adversaire dans la Ligue junior de l’Ouest. Je le trouve très confiant et il semble toujours trouver le moyen de faire un gros arrêt quand ça compte. Je ne suis pas un expert en gardiens, je ne peux pas trop parler de son positionnement et de sa technique, mais tout ce que je sais, c’est qu’il est dur à battre quand on affronte Portland. »

 

« Je crois que j’ai toujours été assez relax, s’autoévaluait le jeune homme de Winnipeg. Les gros matchs dans lesquels j’ai joués et l’expérience qu’ils m’ont procurés y ont certainement contribué. J’essaie juste de faire mon travail et d’y prendre du plaisir. »

 

Hofer avait fait rigoler la galerie après sa première victoire du tournoi lorsqu’il avait admis qu’il avait eu besoin d’avaler un cachet de mélatonine pour trouver sommeil. Il a admis samedi que cette habitude avait été intégrée à sa routine quotidienne depuis et qu’il ne comptait pas y déroger à la veille de retrouvailles qui s’annoncent intenses.

 

« Il n’y a rien de pire qu’être incapable de s’endormir. Les pensées se bousculent et s’empilent, tout ce qui se dit autour de toi commence à te jouer dans la tête. C’est bon de savoir qu’une simple petite pilule peut t’envoyer au pays des rêves », rigolait le porteur des espoirs d’ÉCJ.

 

« Maintenant, je vais retourner à l’hôtel, manger un peu et m’assurer d’avoir une bonne nuit de sommeil. Le match de demain est probablement le plus important de ma vie. Je crois que les autres gars peuvent en dire autant. Ça devrait être pas mal excitant. »

 

Les États-Unis avaient dû se contenter de l’argent l’an dernier à Vancouver. L’instant d’un soir seulement, le Canada espérera que Hofer a plus de Pogge que de Primeau dans le nez.  ​