MONTRÉAL – En plus d’être une immense réalisation, la médaille d’or savourée par Maxime Comtois au Championnat mondial junior constitue un précieux sceau d’approbation de son retour en force.

 

Les Ducks d’Anaheim considèrent sans doute qu’ils ont investi la 50e sélection de manière judicieuse à la suite de sa prestation avec le gilet de l’unifolié.

 

Comtois a redoublé d’ardeur à la suite d’une saison 2016-2017qui n’a pas répondu aux attentes et qui l’a fait chuter de quelques échelons au repêchage de la LNH.

 

Quelques instants après le triomphe, encore sous le coup de l’émotion, Comtois n’a pas caché qu’il était fier d’avoir cette médaille pour la « mettre dans la face » de ceux qui l’ont critiqué.

 

Trois jours après avoir remporté le Championnat mondial junior avec la formation canadienne, Comtois ne tient pas à effacer ses propos et il admet surtout que ça devient précieux pour la confiance.

 

« C’est sûr que ça aide même si j’ai toujours eu confiance en mes moyens. La dernière saison est derrière moi, mon jeu est vraiment à point depuis le début de celle-ci. J’ai retrouvé le joueur que j’étais avant. Tous les matins, je me lève et j’essaie de me prouver que je peux être encore meilleur et qu’une année ne fait pas une carrière, que je suis capable de rebondir et accomplir une carrière », a-t-il exprimé au RDS.ca.

 

La médaille vaut bien de l’or à ses yeux, mais la place dans cette formation contingentée représentait déjà un grand accomplissement. Puisque la mémoire oublie rapidement, il importe de rappeler que Comtois a causé une surprise de taille en étant sélectionné par l’entraîneur Dominique Ducharme et les dirigeants de Hockey Canada.

 

« Ça m’a motivé dès le premier jour. Personne ne me voyait sur l’équipe ni même au camp (de sélection). Il y en a plusieurs qui ont douté des choix de Hockey Canada. Je suis arrivé avec l’idée de gagner un poste et d’aider l’équipe. J’ai eu la chance d’avoir la confiance de Dominique pendant le tournoi pour notre trio. Ma sélection et celles de mes deux partenaires de trio (Brett Howden et Alex Formenton) ont été  un peu remises en question. On voulait prouver qu’on était en mesure de relever le défi contre les meilleurs au monde et je pense qu’on a fait un bon travail », a-t-il déclaré sans se tromper dans son évaluation.

 

L’aventure du Championnat mondial junior aurait toutefois pu se transformer en désastre pour Comtois. Choisi notamment pour procurer de l’énergie à sa troupe, Comtois a écopé d’une punition qui a permis aux États-Unis de renverser la vapeur dans le match extérieur de la phase préliminaire.

 

Comtois ne s’est pas laissé abattre par la situation même si Ducharme n’a eu d’autre choix que de le clouer au banc pour la fin de la rencontre.

 

« Je m’en voulais, c’est certain. Je suis un joueur qui se rend à l'occasion à la limite des règlements et, parfois, ces situations se produisent. Je m’en voulais extrêmement après la partie, mais j’ai eu la chance que Dominique me redonne une opportunié à la partie suivante pour regagner la confiance de chacun. Je me suis servi de ça comme une autre motivation », a exprimé le gaucher de six pieds deux pouces et 212 livres qui a récolté trois buts et trois aides en sept matchs.

 

Ducharme aurait bien pu évincer Comtois de ses trios réguliers pour la suite de la compétition, mais il a préféré utiliser cet incident pour démontrer l'importance de la discipline. Le message n’a pas été difficile à retenir et Comtois s’est repris de belle manière. Pas étonnant que l’attaquant des Tigres de Victoriaville soit reconnaissant envers l’entraîneur québécois.

 

« J’ai adoré Dominique, c’est un coach de premier plan. Je suis pas mal certain que ce sera sa dernière ou avant-dernière année dans le junior. Il a gagné la coupe Memorial et maintenant l’or. C’est l’un des meilleurs entraîneurs de notre ligue. Je ne vois pas pourquoi il ne monterait pas dans la LAH ou la LNH. J’étais vraiment content de jouer sous ses ordres, j’ai beaucoup appris de lui », a soutenu Comtois qui a fêté son 19e anniversaire lundi.

 

Avec l’aide Joël Bouchard et de son entourage rassemblé par Hockey Canada, Ducharme a su concocter l’une des meilleures éditions d’ÉCJ. Sans miser sur une vedette à Sidney Crosby, cette formation a été solide du début à la fin du tournoi présenté à Buffalo.

 

« Il y a plusieurs personnes qui rêvaient d’être à ma place. Chaque fois que je me présentais à l’aréna, je travaillais fort. Heureusement, ces efforts ont payé à la fin. La force de notre équipe, c’était la profondeur, tout le monde a contribué et personne n’était à part. Une belle chimie s’est développée dans l’équipe et ça explique beaucoup le résultat final », a assuré Comtois.

 

Une suite intéressante avec les Tigres

 

À travers les célébrations canadiennes, il y a une photo qui a suscité plusieurs réactions sur les médias sociaux. On y apercevait huit joueurs du Canada qui avaient tous le regard rivé sur leur téléphone dans le vestiaire.

 

Rapidement, les critiques ont abondé sur cette génération qui n’est jamais très loin de son appareil, mais Comtois possède une explication qui tient bien la route.

 

« Après avoir célébré sur la glace, on a eu des réunions et on a ensuite eu la chance de pouvoir communiquer avec nos familles, nos proches et nos équipes. Oui, on a gagné avec cette équipe, mais toutes ces personnes ont participé à la victoire à leur façon. C’était important pour nous de communiquer avec ces personnes », a réagi Comtois qui a bien souri en entendant la question.

 

Si ça peut en rassurer certains, les protégés de Ducharme ont fêté un peu plus tard comme il se doit. 

 

« On a eu un party avec toutes les familles et nos proches. C’était vraiment le fun que Hockey Canada puisse nous offrir ça », a précisé Comtois qui n’a pas encore absorbé toute la joie de ce championnat.

 

Maxime Comtois et les GrenadiersPreuve que Comtois est reconnaissant, il s’est empressé d’accepter une invitation de son équipe Midget AAA, les Grenadiers, pour être présenté à la foule avant un match et pour rencontrer les joueurs de l’édition actuelle.

 

À la suite d’une euphorie de cette ampleur, les prochaines étapes ne sont jamais les plus faciles. L’adrénaline redescend au moment où Comtois retourne dans la LHJMQ alors que les équipes entament une partie déterminante du calendrier.

 

Heureusement pour Comtois, la motivation ne risque pas de manquer avec les acquisitions d’envergure (Vitalii Abramov et Étienne Montpetit) effectuées par les Tigres.

 

« Depuis le début de la saison, les Tigres ne cachent pas que c’est notre année, on y va pour la coupe. Je voyais les transactions arriver pendant que j’étais là-bas et j’ai hâte de retourner avec l’équipe pour pratiquer et jouer avec eux. Abramov, Montpetit, (Simon) Lafrance et (Dominic) Cormier, ce sont tous de bons joueurs dans notre ligue. Je suis excité de retourner. »

 

Comtois a pu profiter d’un répit pour le match du 7 janvier contre Sherbrooke et il reprendra le collier jeudi contre Saint John avec quelques outils de plus à sa disposition.

 

« Ce sera surtout de l’expérience pour comment gérer une fin de semaine chargée ou des émotions pendant un match important, des petits trucs qui vont m’aider et tant mieux si ça peut servir à mes coéquipiers à Victo », a-t-il indiqué.

 

Puisqu’il a défié les statistiques en se taillant une place avec le Canada à son année de 18 ans, Comtois pourra aspirer à un rôle accru avec l’édition 2019.  

 

« Je ne suis pas quelqu’un qui pense beaucoup à l’avenir. Il reste encore un an, il faudra encore que je gagne ma place », a conclu Comtois sans cacher que les trois jeunes du groupe (Robert Thomas, Alex Formenton et lui) ont eu une pensée sur l'objectif de défendre leur titre avec succès.

Dominique Ducharme boucle la boucle