VANCOUVER – Le conte de fées de la sélection suisse n’aura pas connu de fin heureuse au Championnat du monde de hockey junior.

 

Kirill Slepets a complété son tour du chapeau après que les Suisses eurent été incapables de profiter de huit minutes d’avantage numérique en troisième période, menant la Russie à une victoire de 5-2 dans le match pour la médaille de bronze, samedi à Vancouver.

 

Après avoir causé la surprise du tournoi en blanchissant la Suède en quart de finale, la Suisse a accordé onze buts en deux matchs aux autres qualifiés du carré d’as, une générosité qui l’a ultimement exclue du podium.

 

« Je ne sais pas si on était encore beaucoup trop euphorique ou si c’était le manque d’expérience pour gérer des gros moments comme ça. C’est dur de décrire tout ça maintenant, je me pose les mêmes questions que vous, digérait l’attaquant Valentin Nussbaumer au moment du bilan. Pourquoi on en a pris cinq aujourd’hui et six hier? C’est sûr que ce soir, on a payé sur des petites erreurs individuelles, mais à la fin c’est peut-être le manque d’expérience. »

 

« On aurait dû gagner, on pouvait gagner, regrettait le défenseur Simon Le Coultre. On a bien joué. On a commencé le match doucement, mais à partir du deuxième tiers on a retrouvé le momentum. Le match aurait pu tourner des deux côtés, mais ils ont marqué et ça nous a coupé les jambes en troisième période. »

 

Nikita Shashkov et Klim Kostin ont marqué les autres buts des vainqueurs, qui ont renoué avec le podium après en avoir été écartés l’année dernière à Buffalo. La Russie a été décorée dans huit des neuf dernières éditions du Mondial junior.

 

Nussbaumer et Yannick Bruschweiler ont alimenté les espoirs des négligés.

 

Un hors-jeu fantôme

 

Le pointage s’est ouvert sur un fond de controverse qui a rapidement placé les finalistes déchus dans une position précaire.

 

À 4:25 de la première période, Slepets a patiemment créé l’ouverture entre les jambières de Luca Hollenstein, replongeant les Suisses dans le même cauchemar que la veille avec son troisième du tournoi. La loge occupée par l’état-major suisse s’est immédiatement animée, ses occupants tentant par tous les moyens d’attirer l’attention du banc. Il est facile de comprendre pourquoi : les Russes étaient clairement hors-jeu sur la séquence, le défenseur Alexander Romanov ayant devancé le porteur du disque en entrée de zone.

 

Les doléances des espions suisses n’ont toutefois jamais été entendues et les Russes ont continué de célébrer un but qui n’aurait jamais dû être accordé. Dix minutes plus tard, ils doublaient leur avance par l’entremise de Shashkov.

 

« Matthew Verboon est venu me voir au début du deuxième tiers pour me dire qu’il y avait hors-jeu, a confié Nussbaumer. C’est sûr que si ce but avait été annulé, ça aurait peut-être changé la donne, mais je ne veux pas trouver des excuses. ça fait partie de la game. »

 

« Les vingt premières minutes ont été décevantes, ne cachait pas l’entraîneur-chef Christian Wohlwend, qui s’est fait avare de détails sur l’épisode de l’errance arbitrale. L’équipe dormait. On se battait, mais deux fois de suite contre la Russie, ça ne suffit pas. Je crois qu’on a démontré trop de respect. Pas pour les Russes, mais pour l’ampleur du moment. »

 

C’était toutefois mal connaître les Suisses que de croire qu’ils allaient baisser les bras. En début de deuxième, l’insistance de Nussbaumer devant le gardien Pyotr Kochetkov lui a permis d’inscrire les siens à la marque.

 

Kostin, qui est devenu en deux semaines le Russe le plus conspué à l’Ouest des Grands Lacs, a redonné une avance de deux buts aux favoris, mais le coussin n’a pas duré. Après une spectaculaire succession d’arrêts de Kochetkov, Bruschweiler a ramené les Suisses dans le coup en frappant dans le mille avec un rebond redirigé au vol.

 

Kochetkov n’en était pas à ses dernières prouesses. Les Suisses ont attaqué avec l’énergie du désespoir en début de troisième et ont occupé le territoire ennemi pendant une bonne partie du dernier vingt, mais leur bourreau ne leur a jamais accordé sa clémence. Le grand portier a terminé la rencontre avec 34 arrêts.

 

« Nous avons obtenu 36 tirs et en avons accordé 24 contre une puissance mondiale, c’est fou, se consolait Wohlwend. Ils formaient une meilleure équipe que nous. Leurs joueurs étaient bien meilleurs que les nôtres. On a travaillé plus fort qu’eux en deuxième et en troisième. Mais au final, ça prend du talent pour marquer des buts. On en a marqué, mais pas assez. »

 

Malgré toute leur bonne volonté, les Suisses sont arrivés à court dans leur quête de décrocher la deuxième médaille de leur pays dans l’histoire du tournoi.

 

« Dans l’ensemble c’est très positif, réalisait Le Coultre. On a montré aux gens du hockey qu’on pouvait être compétitifs contre toutes les nations. Ça montre que le hockey suisse est en train d’évoluer. »​

 

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