MONTRÉAL – Le coup avait été difficile à encaisser, mais Xavier Simoneau n’avait pas passé une éternité à s’apitoyer sur son sort après avoir été ignoré pour une deuxième année de suite au repêchage de la Ligue nationale.

Broyer du noir dans son coin ne l’aurait mené nulle part. Deux jours plus tard, il avait connu une soirée de deux points contre les Foreurs de Val-d’Or. Il en avait ajouté trois le lendemain pour porter son total à dix en seulement quatre rencontres depuis le début de la saison de la LHJMQ.

Pour tous ses efforts, il a reçu cette semaine une récompense qu’aucune équipe de la LNH ne pourra jamais lui enlever. Dans deux semaines, le capitaine des Voltigeurs de Drummondville s’envolera pour Red Deer, en Alberta, où il participera pour la première fois de sa carrière au camp de sélection d’Équipe Canada junior.

« C’est sûr que c’est encourageant, ne cachait pas l’attaquant de 19 ans lorsque joint par RDS jeudi. Honnêtement, ça fait vraiment du bien qu’Équipe Canada me laisse ma chance. Ça a été une grosse, grosse déception pour moi de ne pas être repêché. Mais ça fait partie du hockey et je n’ai pas été le seul à vivre ça et à réussir à percer. C’est une nouvelle étape dans ma vie, être au camp pour les championnats du monde. Je suis vraiment fier et c’est juste du positif pour le reste de ma carrière. »

Simoneau était en train de travailler sur un devoir d’anglais avec son coéquipier Édouard Charron, mercredi après-midi, quand la sonnerie de son téléphone a interrompu ses réflexions académiques. Sur l’afficheur, un code régional de la région de Vancouver.

Il avait entendu les compliments d’André Tourigny à son endroit dans une entrevue avec le collègue Stéphane Leroux dans la balado Sur la glace. « Quand tu parles aux entraîneurs de toutes les équipes et que tu leur demandes c’est qui le gars le plus difficile à affronter, ils répondent toujours Xavier Simoneau, avait affirmé Tourigny, l’entraîneur-chef de la mouture 2021 d’ÉCJ. Ce n’est pas le joueur le plus sexy. Il ne fait pas 6 pieds 4. Il ne gagnera pas le concours de vitesse contre Connor McDavid. C’est pas ça, sa game. Mais il a tous les impondérables C’est un guerrier, Xavier Simoneau. »

Les signes étaient encourageants, donc, mais Simoneau se retenait de trop lire entre les lignes. Chat échaudé craint l’eau froide, dit-on.  

« Je n’avais pas été invité au camp estival qui avait eu lieu de façon virtuelle et je ne m’attendais pas trop à être sélectionné au final. J’avais entendu des rumeurs, mais des rumeurs, ça reste des rumeurs. Mais aussitôt que j’ai eu l’appel, ça a été un soulagement. J’ai tout le temps voulu prouver que j’étais capable de faire ma place avec Équipe Canada. »

« Je ne serai pas intimidé »

Simoneau n’est pas complètement étranger à l’environnement de Hockey Canada. Il y a trois ans, il avait porté l’Unifolié au Défi mondial des moins de 17 ans, un tournoi qu’il avait terminé avec quatre points en six matchs. L’année suivante, il avait été retranché au camp où s’était formée l’équipe qui a représenté le pays à la Coupe Hlinka-Gretzky. Cette formation était dirigée par Tourigny.

À Red Deer, où ÉCJ formera à la mi-novembre la bulle à l’intérieur de laquelle elle préparera la défense de son titre, Simoneau se greffera à un groupe de jeunes vedettes. Six vétérans de l’édition championne à Ostrava seront de retour. Kirby Dach a été prêté par les Blackhawks de Chicago et la présence éventuelle d’Alexis Lafrenière n’est toujours pas exclue. Parmi les invités initiaux, on retrouve 25 choix de première ronde dans la LNH.

« On ne se le cachera pas, ce sont des gros joueurs qui sont là. Mais ça reste que je ne suis pas impressionné d’aller là, ça ne me fait pas peur non plus, clame le petit centre de 5 pieds 7 pouces. C’est du hockey, c’est ma passion de jouer au hockey. Je vais faire ce que je suis capable de faire et les gars vont m’accueillir comme un frère aussi, je ne suis pas inquiet. Je vais juste essayer de faire ma place, mais je ne serai vraiment pas intimidé en arrivant là. »

Simoneau ne manque pas de talent. Il a amassé 89 points en seulement 61 matchs l’an dernier à Drummondville. Mais il aura sans doute besoin d’exhiber bien plus que ses qualités de marqueurs pour convaincre les décideurs d’ÉCJ de lui faire une place. La polyvalence est toujours un gros atout à tenir dans son jeu dans ce genre de circonstances.

« Peu importe le rôle qui peut m’être attribué pour faire Équipe Canada, c’est sûr que je vais le prendre à coeur. Que ça soit comme 13e attaquant, ailier sur une quatrième ligne, je veux absolument percer l’alignement. Mais pour vrai, je ne veux rien changer à ma game. Je ne veux pas commencer à frapper plus pour essayer de prouver des choses. Je suis un petit bonhomme, quelqu’un qui est capable de fournir de l’énergie, qui encourage ses gars. Je suis un leader. Je ne vais rien changer. Je vais être le Xavier Simoneau que j’ai toujours été. »