Si nous savions que le duel entre Équipe Canada junior et la Suisse laisserait très peu de place au suspense, il reste néanmoins une question à éclaircir à l’aube des demi-finales.

Ce qu’on est en droit de se demander, c’est jusqu’à quel point l’ajustement sera facile pour la formation canadienne, après avoir joué deux matchs contre le Danemark et la Suisse, deux nations de calibre nettement inférieur.

Disons qu’on est plutôt loin du match âprement disputé que la troupe dirigée par Dominique Ducharme avait livrée aux États-Unis la semaine dernière, au New Era Field.

C’est encore plus vrai lorsqu’on constate à quel point les joueurs suisses ont été amorphes durant cette partie. Pour une équipe qui aurait dû mettre tout en œuvre pour tenter d’égaler le niveau d’intensité déployé par leurs adversaires, leur effort m’a réellement déçu. Bien au-delà de l’aspect inégal de cette rencontre, il y a eu un laisser-aller de la part du club perdant.

C’est déplorable qu’ils ne se soient pas présentés. Au lieu d’opter pour une défensive de type un contre un, il aurait fallu privilégier la défensive de zone à mon avis. Ça aurait au moins fait preuve d’une plus grande agressivité. On s’attendait à ce que le Canada l’emporte sans trop de mal, mais ça avait pratiquement des allures de match amical. Dans une rencontre éliminatoire, ce n’est pas normal.

Malgré ses allures de match d’« exhibition », cet affrontement nous a permis de voir le brio de quelques patineurs, dont le défenseur Cale Makar, qui a hérité de joueur du match dans le camp canadien. Il m’impressionne grandement par son intelligence en possession de la rondelle. Makar est confiant, et ça se voit encore davantage depuis que ses responsabilités ont été augmentées au fur et à mesure que le tournoi progresse.

Ça reste difficile d’évaluer des joueurs contre ce type d’adversaire, mais le but de Makar était déjà son troisième de la compétition. Il possède un excellent tir et n’hésite pas à s’en servir. Même dans des situations défensives, je l’ai vu bien réagir en couverture un contre un. Mais ça ne m’étonne pas, car on a affaire à une équipe bien rodée. Ça se voit quand on constate que même lorsque l’affaire était dans le sac, tout le monde a continué de jouer avec acharnement.

À l’attaque, j’ai trouvé que le Québécois Maxime Comtois avait offert une autre belle prestation. Son intensité et sa rapidité en récupération de rondelle rendent de précieux services à l’équipe. Il provoque des choses avec son échec-avant soutenu. Et pour un joueur qui n’avait pas été sélectionné en raison de son apport offensif, il fait de belles choses jusqu’à présent en compagnie de ses partenaires de jeu Brett Howden et Alex Formenton. On aurait cru que l’étiquette de « quatrième trio » leur serait accolée, mais la beauté de ce groupe de joueurs est qu’il y a pratiquement quatre trios no 1 ou 2.

Prochaine étape : les Tchèques

La formation canadienne tourne maintenant son attention vers la République tchèque, qui s’est qualifiée pour le carré d’as en vertu d’un gain en tirs de barrage contre la Finlande.

Les Tchèques forment selon moi une équipe intrigante. Alors que par les années passées, on voyait leurs joueurs connaître des relâchements lorsque les choses se corsaient, je sens un autre genre d’énergie depuis le début du tournoi, à commencer par leur performance face à la Russie durant les matchs préliminaires.

Ils comptent dans leur formation quelques joueurs qui peuvent faire du dommage. Je pense notamment à Filip Zadina, une révélation jusqu’à présent, de même qu’à Daniel Kurovsky et Martin

Canada 8 - Suisse 2

Necas. Ils sont tous dangereux autour du filet.

Et non seulement possèdent-ils assez d’habiletés offensives pour surprendre, mais ils ont également un très bon gardien en Josef Korenar. Il a d’ailleurs très bien fait contre les Finlandais.

Quand on combine cela au deuxième meilleur avantage numérique depuis le début de la compétition (à plus de 50 % d’efficacité, derrière le Canada seulement). Peuvent-ils pousser la surprise jusqu’à offrir une farouche opposition au Canada jeudi? Ils devront en faire la preuve, mais personnellement, je n’en serais pas étonné.

On ne peut pas vraiment se fier au match préparatoire que s’étaient livré ces deux nations le 20 décembre car il manquait environ cinq joueurs importants à la formation tchèque. Il y a fort à parier que ce sera un tout autre genre de confrontation que celle qu’ÉCJ avait alors remportée 9-0.

* propos recueillis par RDS.ca