VANCOUVER – Une seule fois dans son histoire, la Suisse est revenue décorée du Championnat du monde de hockey junior. C’était en 1998. Menés par David Aebischer, qui avait mérité le titre de gardien par excellence du tournoi, les Helvètes avaient battu les Tchèques en prolongation dans le match pour la médaille de bronze.

Aucun des joueurs de l’édition actuelle n’était né quand ce jalon a été planté dans l’histoire sportive de leur pays. Le défenseur Simon Le Coultre a même avoué qu’il n’avait jamais entendu parler de cette médaille avant de lire une mention sur Twitter mercredi soir.  

Mais après avoir surpris la Suède en quart de finale, non seulement croient-ils en leurs chances de répéter l’exploit, ils ambitionnent de faire mieux.

« On a battu la Suède, mais même si ça avait été le Canada ou la Finlande, je pense que rien n’aurait changé, estimait l’attaquant Valentin Nussbaumer, à peine descendu de son nuage après un entraînement au Rogers Arena. On est là pour gagner quelque chose cette année et je pense qu’aucune équipe ne va nous faire douter. »

« On a déjà eu deux meetings ce matin, un pendant l’échauffement et un dans le vestiaire, confiait Nussbaumer. On sent vraiment qu’il y a quelque chose à faire cette année, qu’on a vraiment tout ce qu’il faut et on ne veut pas passer à côté de cette demi-finale. On veut passer un bel après-midi, se reposer, passer du temps entre coéquipiers. Et demain, ça sera 100 % hockey et faudra gagner cette bataille. »

« On ne parle pas beaucoup de l’or, mais on parle certainement de battre les Finlandais en demi-finale, clamait l’entraîneur Christian Wohlwend. C’est logique. Tout le monde dans cette équipe croit en nos chances et c’est bien. C’est un énorme chantier qu’on a entrepris il y a trois ou quatre ans. On a imprégné cette équipe d’une nouvelle identité. On veut jouer gros, on veut se sentir gros et on veut croire en nous. De toute évidence, ça fonctionne. »

Bien peu de gens à l’extérieur du vestiaire suisse leur donnait la moindre chance de vaincre les Suédois, qui venaient de conclure la ronde préliminaire avec une fiche immaculée pour une douzième année consécutive. Mais en s’y penchant d’un peu plus près, les indices d’une possible surprise étaient là.

La Suisse avait amorcé son tournoi en soutirant un point à la République tchèque, qu’on croyait alors dotée de l’un des meilleurs trios la compétition. Elle a ensuite fait frémir le Canada, blanchi – comme tout le monde – le Danemark et disputé ce que Wohlwend considère comme ses deux meilleures périodes du tournoi contre la Russie avant de s’effondrer en troisième.

Le classement du groupe A avait beau les afficher au quatrième rang, les Suisses ont amorcé la ronde des médailles sans complexe et très peu intéressés à se considérer comme des négligés.

« On a commencé à croire en nous-mêmes, à se dire qu’on pouvait être compétitifs avec les meilleurs. On est tout aussi bons qu’eux! C’est la seule raison qui explique notre victoire contre la Suède. On croyait en nous-mêmes », résume l’entraîneur.

« Les Russes ont été notre leçon, identifie Le Coultre, un vétéran de trois saisons avec les Wildcats de Moncton. On ne savait pas encore comment jouer avec l’avantage dans un gros tournoi. Contre la Suède, on a fait un match parfait. On a pris toutes les petites choses positives qu’on avait faites durant les matchs précédents et on les a mises en pratique. »

« Moi, les cinq dernières minutes, sans mentir je tremblais sur ce banc, a candidement reconnu Nussbaumer. C’était tellement fort, les émotions. Franchement, c’était quelque chose de malade. »

De retour dans le carré d’as pour la première fois depuis 2010, les Suisses chercheront maintenant à retrouver ces frissons. Ont-ils une chance?

Le gardien Luca Hollenstein, qui a réalisé 41 arrêts contre la Suède, vous dira qu’il peut certainement reproduire une telle performance contre la Finlande, l’attaque la moins productive parmi les équipes qualifiées pour le carré d’as.

Philipp Kurashev, qui partage le classement des meilleurs buteurs du tournoi avec Maxime Comtois et Ryan Poehling, vous dira qu’il peut certainement sortir un ou deux autres lapins de de chapeau.

« On n’a jamais fait mieux qu’une médaille de bronze, jamais fait de finale. J’ai dit aux gars que c’était la chance d’une vie pour chacun d’eux, affirme Wohlwend. Jamais on n’oubliera ce tournoi. On pourrait écrire l’histoire pour le hockey suisse, pour le monde du hockey. »

« Ce qui nous arrive pour la suite, ça va être les plus gros matchs de notre carrière », anticipe Le Coultre.