VANCOUVER – Le chef de la direction de Hockey Canada Tom Renney a défendu bec et ongle le travail de l’entraîneur-chef Tim Hunter au lendemain de l’élimination expéditive de la sélection nationale au Championnat du monde de hockey junior.

Les doigts accusateurs allaient inévitablement converger vers Hunter après qu’Équipe Canada junior eut été incapable de se qualifier pour le carré d’as pour la deuxième fois en quatre ans. La préparation du groupe a été remise en question, l’attaque est tombée en panne au mauvais moment, la gestion de certaines crises s’est retrouvée sous la loupe. Le classement final de la compétition dira que l’accumulation de ces facteurs a éventuellement coulé l’équipe hôtesse.

Renney s’est toutefois présenté à la plaque et sans jouer complètement à l’autruche, il s’est dressé comme un bouclier pour protéger les principes de son organisation jeudi.

« C’est toujours difficile. Tout le monde, que ce soit les joueurs, les entraîneurs et le personnel, s’investit cœur et âme dans ces grands événements. C’est difficile d’accepter qu’on ne joue plus dans le tournoi, mais on comprend que plusieurs bonnes équipes y sont inscrites. La réalité, c’est qu’on n’en fait plus partie à partir d’aujourd’hui. »

Malgré la présence de sept choix de première ronde dans son groupe d’attaquants, le Canada a peiné à générer de l’attaque après sa victoire initiale contre le Danemark. Il a été limité à un but pour clore la phase de groupe contre la Russie et un autre dans son match décisif contre la Finlande. Son jeu de puissance s’est classé huitième sur dix équipes avec une production de trois buts en 18 occasions.

Du bout des lèvres, Renney a admis qu’il s’attendait à mieux.

« Quand on commence un tournoi avec une victoire de 14-0, c’est difficile pour quiconque par la suite d’accepter qu’on ne continue pas de remplir les filets adverses. On affrontait des équipes bien organisées, bien dirigées, remplies de joueurs qui maîtrisent le jeu d’ensemble mieux que quiconque dans leur groupe d’âge. La capacité de marquer des buts est cruciale et je me serais attendu à ce qu’on soit meilleurs. Peut-être qu’un peu plus de chance nous aurait aidés, mais toutes les équipes peuvent dire ça. »

L’horaire de travail adopté par le personnel d’entraîneurs a été proposé comme explication hypothétique à cette sécheresse offensive. Équipe Canada a tenu son dernier entraînement le 25 décembre, à la veille de son premier match officiel. Après cette date, la préparation s’est limitée à des séances hors glace, qu’il y ait ou non un match en soirée.

« On a été ensemble pendant 23 jours et les joueurs ont été sur la glace 17 fois au cours de cette période, a répliqué Renney. On peut suggérer que ce n’est pas suffisant, mais je crois qu’il peut être aussi efficace de passer ce temps dans les salles de réunion. J’aurais une autre opinion si je n’avais pas été témoin d’une grosse troisième période de notre part hier soir. J’ai vu qu’on avait assez d’essence pour finir le match en force et c’est tout ce qui compte au final. »

« J’ai aimé notre avantage numérique, s’est-t-il permis d’ajouter. J’ai aimé nos idées, j’ai aimé notre structure, mais l’exécution était peut-être imparfaite. »

Deux crises

Deux controverses, chaque fois impliquant des joueurs québécois, ont dû être gérées par Équipe Canada pendant la compétition.

La première a impliqué Alexis Lafrenière, qui s’est attiré les foudres de son entraîneur pour son rendement dans le deuxième match du tournoi contre la Suisse. À deux reprises, Hunter a pointé du doigt le cadet de son groupe devant les caméras plutôt que de régler le dossier à l’interne.

« C’est le choix de l’entraîneur et nous le supportons comme nous le faisons à chaque année, a dit Renney. Tim a été honnête et ouvert face à une question qui lui a été posée et il a tout mon respect pour ça. [Alexis] est tout un joueur, je crois que tout le monde qui suit le hockey en est conscient. Je crois que cet épisode le rendra encore meilleur. »

Renney n’a pas non plus voulu s’éterniser sur la tempête au cœur de laquelle s’est retrouvé Maxime Comtois, victime d’insultes et de menaces sur les réseaux sociaux après l’élimination de son équipe mercredi soir.

« Après le match, je lui ai parlé de ses efforts et de son leadership. Je l’ai remercié. Je n’ai par contre pas parlé de ce qui se passait sur les réseaux sociaux. »

« Je n’ai rien lu de ce qui s’est dit. J’ai assez d’expérience sur le sujet pour ne pas m’attarder à ce qui s’écrit et commenter sur des commentaires hypothétiques ou émotifs des gens. On se réunira pour en discuter et arriver avec un plan qui sera utile et éducatif pour l’avenir. »

Finalement, Renney n’a pas voulu spéculer sur le retour éventuel de Hunter à la barre de la sélection, se contentant de dire qu’il serait considéré parmi les nombreux candidats qui se montreront intéressés par le poste.

« Il a été ferme et sans zone grise. Il n’embellissait pas la réalité et livrait bien son message. Son équipe était organisée et bien préparée. Il comprend bien la réalité des joueurs de cet âge. C’est une compétition unique et quand on en est en charge pour la première fois, il y a des choses qu’on ne peut apprendre qu’en le vivant. J’ai trouvé que Tim a très bien géré les responsabilités qui venaient avec sa position. »